Les autruches nonistes.

Bonjour à toutes et à tous.

Eh oui, me revoilà, j'ai trouvé à Agen la cyberboutique qui m'a sauvé! Battu par la technologie ferroviaire, je retrouve la face devant l'ordinateur. Les machines n'auront pas le dernier mot! Cette nuit, durant mes 12 heures de transport, j'ai eu le loisir de réfléchir: en septembre, je vais fêter les deux ans d'existence de ce blog. Et si vous me faisiez, amis lecteurs, un joli cadeau, un ordinateur portable. Nous y gagnerions tous: moi en ayant le plaisir de vous écrire à tout moment, en tous endroits,vous en ayant le plaisir de me lire, sans l'inquiétude de se demander, les uns et les autres, lors de mes déplacements, si nous allons ou non pouvoir communiquer. Dites-moi ce que vous en pensez...

Bon, ce n'est pas parce que je suis à Agen, ville de 35 000 habitants mais néanmoins avenante, dynamique (la comparaison avec Saint-Quentin ou même Laon n'est pas en notre faveur, il faut bien le dire), que je vais me dispenser de vous parler de politique. Bien sûr, pour la politique locale, j'attends votre revue de presse des trois journaux saint-quentinois. Mais pour le national, plus précisément l'européen, je suis très préoccupé par le résultat du référendum en Irlande. Je n'ai pas les chiffres officiels, mais quelqu'un, lors de la première réunion de la Ligue de l'enseignement cet après-midi, a annoncé la victoire du non. Une petite minorité de l'assistance a alors ostensiblement applaudi.

Ca y est, c'est reparti, ça recommence, comme en 2005, le retour des nonistes, sectaires, fanatiques, hypocritement européens, authentiquement anti-européens, et même pire: fossoyeurs de l'Europe! Car la campagne irlandaise a été à l'image de sa lamentable consoeur française, mensongère, hystérique, paranoïaque, mêlant jusqu'à l'écoeurement extrême gauche et extrême droite, sur des thèmes faussement progressistes et réellement nationalistes. Si le nonisme irlandais l'emportait, ce serait un nouveau coup de poignard porté contre l'Europe. Quand on sait combien l'Irlande, petit pays pauvre et parfois obscurantiste, a été économiquement et culturellement émancipé par l'Europe, on est effrayé à ce que serait un rejet de cette même Europe: ingratitude, égoïsme, régression, repli sur soi. Aucun homme de gauche digne de ce nom ne peut être d'accord avec ça!

Une victoire des nonistes irlandais, ce serait le réveil des nonistes français, le retour de la névrose nationale, de la fièvre identitaire, telle qu'elle s'est exacerbée et déchaînée en 2005. Je ne veux pas revoir et revivre ce triste épisode de notre histoire, où des socialistes ont bafoué le vote majoritaire d'autres socialistes. La crise d'organisation que nous traversons actuellement, que nous subissons tout particulièrement à Saint-Quentin, vient de cette année-là, de ces comportements-là. Quand la règle majoritaire est trahie, comme elle l'a aussi été chez nous pour les élections municipales, c'est la fin de tout, il n'y a plus de vie commune possible.

Depuis trois ans, les nonistes français font profil bas. Ils croyaient disposer d'un boulevard pour la présidentielle de 2007, ils se sont plantés, tellement ils sont divisés. Car un noniste ne sait que dire non. Taper sur l'Europe, pour ça, il est très fort, c'est son sport favori. mais dès qu'il s'agit de dire oui à quelque chose, d'adopter une position positive, il n'y a plus personne... Le nonisme est une défaite de l'esprit, une violation de l'espoir, un onanisme national. Son fameux plan B, vous vous souvenez? Tout le monde l'attendait, personne ne l'a vu venir. Il parait pourtant qu'il reposait au fond d'un tiroir. Tu parles! Les nonistes ont plongé l'Europe dans une crise dont elle n'est toujours pas sortie. Ils nous ont ramenés au traité de Nice, le plus mauvais des traités européens, de l'avis général. Le nonisme, c'est l'idiotie et l'irresponsabilité en politique.

Ne croyez pas que mes propos soient excessifs; ils sont justes et précis. Regardez la réaction des nonistes à l'égard du traité de Lisbonne. Leur plan B aurait pu être ce traité-là. Mais non: comme ils sont anti-européens, aucun traité, ni celui, ni celui-là, ni un autre, ne leur convient. L'ont-ils ouvertement reconnu? Non! Sauf Mélenchon, rare noniste à être cohérent avec lui-même. Les autres ont fait l'autruche: ni oui, ni non. Ou plutôt: attendons le résultat des Irlandais. Courageux, n'est-ce pas? La question a été posée à Laurent Fabius, à plusieurs reprises. Réponse? Pas de réponse. Eloquent, si j'ose dire. J'avance deux explications à ce mutisme:

1- L'explication positive: Laurent s'éloigne de son nonisme d'il y a 3 ans, il ne répond pas parce qu'il redevient doucement europhile.

2- L'explication négative: Laurent est contre mais le cache, attend la victoire irlandaise pour crier victoire.

Je vous laisse choisir, j'attends la confirmation du résultat irlandais... et quelques nouvelles de Saint-Quentin. Je vais de ce pas à une réception en mairie d'Agen, puis je rejoindrai ma chambre d'hôtel.


A demain, bonne soirée.