L'Aisne avec DSK

18 juin 2008

L'appel du 18 juin.

Je vais encore vous parler d'Histoire! J'ai assisté, en fin d'après-midi, à la cérémonie du 18 juin 1940, comme chaque année. J'y tiens. C'est un moment important, le rappel de certaines valeurs qui me sont chères. Je ne me lasse pas d'écouter l'appel du général de Gaulle. C'est un grand texte de philosophie politique. Tout y est: l'analyse stratégique, l'esprit de résistance, l'anticipation de l'avenir. Pour un socialiste, c'est toujours une source d'inspiration, une leçon majeure: ne jamais désespérer, croire en ses propres forces, ne pas se soumettre aux puissants du moment, n'entretenir que l'espoir.

Il n'y a pas de contradiction à fêter Mai 68 et à rendre hommage au chef de la Résistance. Au contraire, il y a continuité et cohérence. "De la résistance à la révolution", c'est l'une des formules de Mai, inventée par les maoïstes. C'est le même esprit qui souffle dans les deux évènements, même si les conditions et les circonstances sont complètement différentes. Le de Gaulle des années 40, que nous célébrons aujourd'hui, n'est pas celui des années 60, contre lequel les étudiants se sont révoltés. L'homme est bien sûr le même, mais les individus en politique n'ont aucune importance; ne comptent que les idées qu'ils incarnent. De Gaulle chef d'Etat de la Vème République, c'est le conservatisme social, la répression policière, l'incompréhension d'une société qui change. De ce point de vue, je ne suis pas, n'ai jamais été, ne serai jamais gaulliste, à rebours de la formule de Malraux.

En marge de la cérémonie, je discutais avec un enseignant, de gauche, qui grimaçait à l'idée de devoir assister à cette cérémonie, le monument du boulevard Gambetta étant selon lui en l'honneur de de Gaulle et pas de la Résistance. J'ai laissé dire, on ne peut pas passer son temps à corriger toutes les idioties qu'on entend. Le monument est bel et bien dédié aux héros de la Résistance et pas à l'homme de Gaulle. Parmi les élus présents, aucun conseiller municipal d'opposition. Peut-être ont-ils eu le même réflexe que mon interlocuteur. Ils ont tort: il ne faut pas laisser la Résistance à la droite et aux gaullistes. Le 18 juin, c'est une commémoration nationale, républicaine, antifasciste, dans laquelle la gauche a toute sa place, et même la première place. Pourvu qu'elle en ait la volonté.


Bonne fin d'après-midi.