Bertrand s'attaque aux cadres.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je vous écris d'une cyberboutique avenue Gambetta, au coeur du XXème arrondissement parisien, où se déroulent mes deux jours de stage sur la laïcité. Ce matin, en entrant dans la salle de conférence, devinez qui j'ai vu? Xavier Bertrand... Eh oui, c'est à chaque fois pareil, tout me ramène à Saint-Quentin et à la politique! Bon, ce n'était pas lui en chair et en os, mais sa photo en couverture de "Direct Matin", le journal distribué gratuitement dans le métro. En titre: "La fin des RTT pour les cadres?"

En effet, Monsieur Anti-35h ne s'attaque pas qu'à la réduction du temps de travail chez les ouvriers et employés, sa loi frappe aussi les personnels d'encadrement, c'est-à-dire les classes moyennes. Et là, il n'est pas certain que sa popularité dure très longtemps, suivant ainsi la ligne de déclin dans les sondages de son modèle politique, notre Président. Un cadre jouissait d'un "forfait jour" fixé à 218 jours par an au maximum. Xavier Bertrand l'a fait passer à 235 jours. La majoration de ces heures supplémentaires sera de 10% (25% pour les autres salariés). Bref, c'est la fin des RTT pour les cadres, qui n'auront plus désormais que leurs 5 semaines de congés payés. C'est pour eux un recul social évident, qui ne sera pas compensé par le petit gain des heures sup.

Comme pour la violation de l'accord entre partenaires sociaux sur la représentativité syndicale, Xavier Bertrand risque de payer très chère cette nouvelle attaque contre un acquis social, pourvu que la gauche sache lui rappeler sa responsabilité et l'ampleur de la régression qu'il a orchestrée. Avec la classe ouvrière, le ministre du Travail pouvait toujours jouer démagogiquement de la relative impopularité des 35 heures. Avec les cadres, c'est complètement différent: Ceux-ci sont massivement attachés à cette réduction du temps de travail. Leur enlever va créer des dégâts électoraux à droite, qui a aussi quelques soutiens dans ce milieu sociologique. Je le souhaite fortement, ce ne serait que justice, on ne peut pas s'en prendre impunément à un progrès social tel que les 35 heures, surtout dans les catégories qui l'ont économiquement et culturellement plébiscité.

Il y en a un qui ne s'y est pas trompé, parce qu'il est électoralement influent dans le milieu social de l'encadrement, qui représente 3,5 millions de personnes et 15,6 % de la population active: C'est François Bayrou et son MoDem, qui ont hier au Parlement voté contre la loi Bertrand.

Pour une réflexion plus approfondie sur le monde des cadres et ses évolutions, reportez-vous à un billet du mois d'août dernier, rédigé quand j'étais... à Paris.


Bonne soirée.