Entre autres.

Quelques réflexions, entre autres, en cette fin d'après-midi, avant que je n'aille en réunion de section:

Si j'avais à citer trois causes politiques préférentielles, je n'hésiterais pas: la social-démocratie, l'Europe, la laïcité. A propos de cette dernière, je serai absent de Saint-Quentin mercredi et jeudi, pour cause de stage sur la laïcité à Paris, organisé par la Ligue de l'enseignement. A nouveau je rencontrerai le problème que vous connaissez bien maintenant, vous contacter. Mais Paris est vaste, riche, plein de ressources, j'y ai vécu 15 ans, je trouverai un moyen de vous retrouver. Ironie du sort (mais la vie n'est faite que d'ironie): je logerai non loin d'un quartier où j'ai résidé 5 années.

Mon dernier ciné-philo a eu comme partenaire l'ALFA, association des libano-français de l'Aisne, dont l'un des responsables est le docteur Haddad, dont j'avais fait la connaissance en août 2006, lors des manifestations de soutien au Liban subissant les attaques de l'armée israélienne. Le film, "Sous les bombes", de Philippe Aractingi, est un magnifique message humaniste, à portée largement universelle, qui nous rappelle que les premières victimes de la guerre ne sont pas les militaires mais les civils innocents. Message d'espoir aussi: L'humanité survit "sous les bombes", la vie est la plus forte, les valeurs demeurent au milieu des décombres. Le public était clairsemé, dommage, d'autant que la monteuse du film était notre invitée. Mais ce film est passé plusieurs fois dans l'Aisne et récemment sur Arte.

Dominique Voynet a eu le mot juste, aujourd'hui au Sénat, quand on lui a demandé ce qu'elle pensait de la polémique autour de la présence médiatique d'Ingrid Betancourt, certains pensant qu'on en fait trop: "Un peu con". C'est en effet la seule réponse possible. Et j'ajouterai: on en fait jamais trop quand il s'agit d'honorer une libération et de condamner l'un des actes les plus lâches et les plus odieux, la prise d'otages. Capturer des innocents, s'en servir comme bouclier et monnaie d'échange, c'est une attitude humainement méprisable. On en fait jamais trop pour dénoncer une telle ignominie. Michel Charasse s'est une fois de plus tristement distingué en ne participant pas à la réception de Betancourt au Sénat. Quelle misère, ces gens qui sont las de tout, qui en ont marre de la commémoration de Mai 68, qui sont fatigués qu'on leur parle d'Ingrid Betancourt. Vous voulez que je vous dise? Ils en ont assez de tout sauf... d'eux-mêmes. "Parlez-moi d'moi, y'a qu'ça qui m'intéresse", c'est une très vieille chanson encore au goût du jour pour certains de nos compatriotes.

Sur France 3, il y a environ une semaine, lorsque Nicolas Sarkozy nous a parlé d'Europe, il a répété cette phrase de Michel Rocard sur laquelle mon camarade devrait percevoir des droits d'auteurs qui le rendraient très riches, tellement la formule est reprise, avec gourmandise, par la droite, et ce jour-là par son chef: "La France ne peut pas recevoir toute la misère du monde". Il faut que nos adversaires politiques soient bien peu courageux pour s'abriter derrière les propos de l'un des nôtres pour faire passer leur politique d'immigration. Sauf que tout est faux, comme à propos de Claude Gewerc. La phrase exacte de Rocard est la suivante: "La France ne peut pas recevoir toute la misère du monde, mais elle doit y prendre sa juste place. " Ce qui signifie que si nos frontières ne peuvent pas être grandes ouvertes, il faut songer à accueillir autant qu'il est possible ceux qui souffrent à travers le monde. Bref, la droite fait dire à cette phrase son contraire: D'un appel à la générosité éclairée, nous passons à une attitude de repli et d'exclusion. Que la droite assume ces choix, qu'elle ne les enrobe pas dans des formules tronquées!

Je reviens à Claude Gewerc et aux attaques dont il est la victime. La droite prépare les prochaines régionales, c'est certain. Il faut que la gauche s'y mette aussi, et chez nous, en Picardie, singulièrement à Saint-Quentin, deuxième ville de la région, la base de droite désormais la plus puissante, depuis qu'Amiens lui a échappé. De plus, ici, nous avons le bras droit de Sarkozy. C'est là qu'il faut riposter, lancer la contre-offensive. Trois Saint-Quentinois sont membres du conseil régional, dont deux vice-présidentes: Michèle Cahu, Anne Ferreira, Frank Delattre (je ne compte pas le gremetzien Jean-Luc Tournay, qui s'est exclu de lui-même de la majorité régionale). Les réponses doivent se faire au plus près du terrain. La Région est une entité vaste, ses élus sont méconnus, sa politique ignorée. Si la gauche ne fait rien, n'agit pas, la droite le fera à sa place, et elle a commencé. Nos élus saint-quentinois doivent intervenir, s'exprimer publiquement, informer, faire de la pédagogie, ne pas hésiter à attaquer quand il le faut ("La meilleure défense, c'est l'attaque", disait Staline, qui n'est pourtant pas mon auteur préféré). En 2010, il sera trop tard.

L'Assemblée Nationale a adopté en première lecture la loi de démantèlement de la réduction du temps de travail. Xavier Bertrand mérite désormais d'être appelé Monsieur anti-35 heures. Un homme aussi gentil que lui va sûrement prendre ça avec le sourire!

2009-2010-2011: Nous entrons dans un nouveau cycle électoral, qui aura son importance à Saint-Quentin. Il s'agira pour les socialistes d'être à la hauteur, pas comme aux municipales. 2009, ce sont les européennes, et nous avons dans notre section une députée européenne. L'Europe est en panne, les socialistes auront des choses à dire pour la relance de sa construction. Car qui s'arrête tombe, en politique. 2010, ce sont les régionales, dans lesquelles Saint-Quentin, la capitale de Haute Picardie, aura un rôle majeur à jouer, et qui ne le jouera que si les socialistes sont rassemblés. 2011, les cantonales, avec le renouvellement des cantons Nord et Centre: Saurons-nous cette fois saisir l'occasion, faire mentir la fatalité et l'emporter d'en au moins l'un de ces cantons, faire ainsi reculer la droite locale pour la première fois depuis 13 ans? Tout dépend de nous. Quant à moi, comme toujours, je m'y emploierai.


Bonne fin d'après-midi.