L'Aisne avec DSK

07 juillet 2008

Tous libéraux? (I)

Bonsoir à toutes et à tous.

En juillet dernier, sur ce blog, j'essayais de réfléchir, à partir de quelques lectures, à ce que pourrait être un "socialisme libéral". Consultez les archives. Ma démarche était très spéculative, j'ignorais que ce thème deviendrait rapidement politique. Bertrand Delanoë, en mai, l'a proclamé crûment dans son ouvrage "De l'audace!": "Je suis libéral" (pp. 44 et 46), en se référant à "cet héritage intellectuel-là, celui de Montesquieu, de John Locke" (p.44). Certes ces deux auteurs sont des libéraux classiques, pas des ultra-libéraux, mais ce sont des libéraux quand même. Et Bertrand précisait, avec une grande clarté:

"Le libéralisme est à la liberté ce que la république est à la démocratie: une forme supérieure d'évolution. Je suis libéral. La droite d'aujourd'hui ne l'est pas. La gauche doit se réapproprier, avec fierté, et le mot et la chose." (p. 46)

Qui dit mieux? Peut-être Ségolène Royal, affirmant que le marché est aussi naturel que "l'air qu'on respire". L'image est forte. Tout avait commencé dans son livre, "Maintenant", publié pendant la campagne présidentielle:

"Nous, socialistes, nous sommes des libéraux au sens du libéralisme politique originel car nous sommes ardemment attachés aux libertés individuelles et démocratiques, à la liberté de pensée (...), d'entreprendre etc."

Dans Le Point du 27 mars 2008, deux mois avant la déclaration de Delanoë, Ségolène poursuivait dans la même veine:

"Le libéralisme politique est depuis l'origine indissociable du socialisme démocratique."

Alors, qui n'est pas libéral au PS, à l'exception de notre aile gauche? Eh bien... Moscovici! Non, ce n'est pas une provocation de ma part, c'est la lecture, dans Libération du 5 juin, de la tribune de Pierre, intitulée "Socialisme, libéralisme et égalité". Le début est prudent:

"Le libéralisme mérite, dans nos rangs, une vraie réflexion, non un échange de slogans."

Et que conclut mon camarade strauss-kahnien?

"Les socialistes doivent démontrer au pays qu'ils sont le parti qui garantit le mieux l'égalité réelle. Mais nous ne saurions le faire en nous affirmant libéraux, au risque de désorienter notre électorat et d'offrir des arguments à ceux qui sont toujours prompts à décrire en nous les sociaux traitres."

Tous libéraux, sauf Moscovici? Pierre, ce qui désoriente notre électorat, ce n'est pas le mot "libéral", c'est pour l'instant notre absence de projet et notre difficulté à riposter à la droite. Quant à ceux qui nous qualifient de sociaux traitres, laissons-les parler, ignorons-les. Quoi que les socialistes fassent, ils trouveront toujours de bonnes raisons pour nous discréditer.

Allez Pierre, encore un effort pour te reconnaître libéral, comme Bertrand, comme Ségolène.


Bonne soirée.

5 Comments:

  • Ce n'est pas nouveau :
    après la sortie du livre de Bertrand, la polémique sur le libéralisme s'est close par une interview magistrale de Vincent Peillon, qui disait :

    "[Dès 1830, les intellectuels socialistes] se sont rendus compte que revendiquer uniquement les libertés ne suffisait pas : seuls quelques-uns jouissaient des libertés acquises quand une majorité en était écartée."
    "Le socialisme n'est ainsi en rien l'antithèse du libéralisme, mais son dépassement."
    "Il n'y a donc pas de raison de s'appeler aujourd'hui 'libéraux' : c'est une question qui a été réglée en 1830..."
    "[...] tant que l'on ne répondra pas dans notre société à la demande d'égalité - notre problème majeur depuis 30 ans -, on restera dans la mystification de libertés qui ne valent que pour quelques-uns".


    Vu sous cet angle, on voit sa différence avec Bertrand...
    Je résume : bien sûr, on est libéraux ; mais l'actualité, ce n'est pas de revendiquer la liberté, mais plutôt l'égalité.

    (Cliquez sur mon nom pour voir l'interview complète)

    By Anonymous Anonyme, at 8:50 AM  

  • Pardon, mon dernier commentaire était en rapport avec le billet suivant !

    By Anonymous Anonyme, at 8:53 AM  

  • Bonjour Thierry.

    Personnellement, me présenter comme socialiste me suffit amplement. Mais si j'ajoute que je suis aussi libéral, c'est pour me démarquer de l'extrême gauche "antilibérale", dont l'influence culturelle se fait ressentir jusque dans les marges de notre Parti. "Libéral" permet de préciser et de clarifier les choses. Mais on ne va pas se batre pour un mot! Quoique...

    Bonne journée,
    à ce soir.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:56 AM  

  • Emmanuel, je suis d'accord avec toi, sur le besoin de se démarquer des 'antilibéraux', véritables 'épouvantails anti-gauche' pour une grande partie de la population.

    Mais, peut-être grâce à Ségolène, Bertrand, etc, j'ai l'impression que le mot 'libéralisme' n'est plus aussi péjoratif qu'avant.
    Un exemple ? L'extrême-gauche ne se revendique plus "antilibérale", mais "anti-capitaliste".

    Ca devrait faire plaisir à Philippe Val, qui pense que c'est une belle connerie sémantique, de se réclamer "antilibéral" (contre les libertés).

    A ce soir !

    By Anonymous Anonyme, at 9:10 AM  

  • Bonne remarque sur le NPA de Besancenot. Je crois que nous sommes, sur ce point, sur la même ligne. Se reconnaître libéral a également des conséquences économiques, j'y reviendrai plus tard, dans de prochains billets.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:35 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home