Le saviez-vous?

Bonsoir à toutes et à tous.

Livrons-nous à ce que le philosophe Pierre Hadot appellerait peut-être un "exercice spirituel", c'est-à-dire à une petite gymnastique de l'esprit, en nous posant la question suivante: que s'est-il passé le week-end dernier, qu'en avons-nous retenu? Il faisait plutôt beau, les routes étaient encombrées, Nicolas Sarkozy a célébré en grandes pompes son Union pour la Méditerranée, notre armée a fièrement défilé sur les Champs-Elysées, les feux d'artifices étaient toujours aussi beaux.

Et quoi d'autres? Quelques-uns se souviennent, tout de même, j'espère, qu'un grand homme politique étranger nous a quittés, dans un accident de voiture: le polonais Bronislaw Geremek, combattant de l'antitotalitarisme, figure de Solidarnosc, illustre européen. Sa mémoire n'a pas été saluée comme elle l'exigeait. Mais l'antitotalitarisme est loin, et l'Europe s'éloigne de plus en plus du coeur des Français...

Rien d'autres lors de ce week-end "prolongé", comme on dit? En France, tout s'est plutôt bien passé, à part le mal de dos du Premier ministre, qui l'a privé de festivités, et puis ces militants de Reporters sans frontières qui ont failli perturber le défilé militaire à cause de la présence d'Hassad. Mais à part ça, que voyez-vous d'autres?

Moi, je vois 297 voitures brûlées, 121 interpellations, des édifices publics incendiés, un jeune commissaire de police grièvement blessé à Asnières, la banlieue parisienne à nouveau la proie des violences. Mais qui en a parlé? Qui s'est attardé sur cette actualité? Qui même le sait? L'information est décidément très sélective...

Les émeutes d'il y a trois ans n'ont pas été effacées. Les causes sont toujours là, les conséquences réapparaissent régulièrement. Le sinistre folklore des véhicules brûlés était réservé au jour de l'an. Maintenant, nous savons que la Fête Nationale est aussi la cible de cette délinquance. Vous me direz peut-être que les médias ont raison de ne pas trop en parler, de ne pas souffler sur le feu, de ne pas exciter et inciter à ce criminel spectacle. Sans doute, mais moi, j'ai choisi d'en parler, parce que je trouve que bien peu en ont parlé.

Pourquoi ce choix? Parce que ce qui se passe, c'est l'échec de Sarkozy, c'est la preuve dont on se passerait bien qu'il a échoué. Et j'en parle parce que le même Sarkozy a construit sa popularité et s'est fait élire président de la République là-dessus, sur la sécurité. Et les voitures brûlent toujours, même le 14 juillet.

Je ne m'en réjouis pas, j'aimerais moi-aussi avoir la sagesse et la prudence de me taire pour parler d'autres choses. Mais je me souviens qu'un certain Jospin, un camarade à moi et à beaucoup d'autres, a été éliminé, disqualifié sur cette question, la sécurité, qu'on lui a fait, là-dessus, les pires procès, les plus faux, les plus injustes, les plus calomnieux. Je n'oublierai jamais, et je rappelerai à chaque occasion, comme pour ce 14 juillet, que Nicolas Sarkozy, qui devait nous débarrasser des délinquants (c'est lui qui le prétendait) ne nous a débarrassés de rien du tout. Et que le problème reste hélas entier.


Bonne soirée,
et bonne mémoire.