L'Aisne avec DSK

14 juillet 2008

L'anti-Europe.

L'un des problèmes essentiels de la France, c'est l'anti-Europe qui se développe dans notre pays, alors que celui-ci ne pourra échapper à la marginalisation et affronter la mondialisation que par l'Europe, avec plus d'Europe et non moins d'Europe. L'anti-Europe, on la trouve un peu partout, à droite et à gauche, dans les classes populaires comme au sommet de l'Etat. Il nous faut la combattre, en tant que socialistes, en tant qu'internationalistes. L'anti-Europe, c'est d'abord la fausse Europe, celle de Sarkozy qui va chercher hier autour de la Méditerranéen ce qu'il ne parvient pas à construire sur les terres du continent. L'anti-Europe, c'est encore Sarkozy soutenu par Bertrand, qui répètent en choeur que le social est national, refusant ainsi l'Europe sociale.

L'anti-Europe, c'est l'Europe molle, l'Europe des petits pas et des grands écarts, l'Europe qui a honte d'elle-même, qui a peur de son ombre parce que les peuples se font menaçants, parce qu'ils ne l'aiment pas, n'en veulent pas. Ces européens-là ne sont pas des européistes. Ils oublient qu'un républicain ne suit pas le peuple mais le conduit, démocratiquement bien sûr. Ils ont abdiqué leurs convictions européennes tout en les proclamant. Giscard, pourtant grand européen, n'est pas loin de les rejoindre, avec son Europe faite d'exceptions au traité de Lisbonne.

Et puis, il y a l'anti-Europe pure et dure et ses 4 familles politiques:

1- Les nationalistes. Par définition, ils font de la nation un absolu. Pour eux, le péril suprême, c'est la dilution de la France dans l'Europe supranationale. Toutes les familles d'extrême droite sont peu ou prou nationalistes.

2- Les néocommunistes. Ils rassemblent une bonne partie du PCF et toute l'extrême gauche, avec en tête les lambertistes, qui veulent ni plus ni moins rompre avec l'Union européenne. Tous estiment que l'Europe est le dernier avatar du grand Capital et, à ce titre, doit être combattue.

3- Les souverainistes. Ce sont des patriotes de droite (gaullistes) ou de gauche (chevènementistes) qui veulent bien d'une Europe des nations mais pas d'une Europe européenne. La coopération oui, l'intégration non.

4- Les ultra-libéraux. Economistes, idéologues, hommes d'affaires, ils veulent bien d'un marché unique, d'une libre circulation des hommes et des marchandises à travers le continent, mais refusent l'Europe politique et encore plus l'Europe sociale.

Pour terminer ce petit voyage dans l'anti-Europe, je veux vous citer un court mais très explicite texte d'un anti-européen aimable, ouvert, acceptable et donc pernicieux, Nicolas Dupont-Aignant, dans Le Monde du 3 juillet:

"Le plan B est simple. Rompre les négociations avec la Turquie et lui offrir un partenariat. Revoir le statut de la Banque centrale européenne pour y inclure un objectif de croissance économique et de lutte contre le chômage. Rendre des compétences aux Etats-nations pour gérer leurs propres affaires. Développer des coopérations à la carte sur les sujets essentiels qui permettront à l'Europe de peser dans la mondialisation - sciences, industrie, environnement... En un mot, arrêter de rêver une Europe uniforme à 27, impossible à construire, pour bâtir la seule qui peut marcher: celle des coopérations à géométrie variable."

Le texte souriant de Dupont-Aignant fait la synthèse entre la fausse Europe, l'Europe molle et l'anti-Europe pure et dure. Je suis sûr que certains camarades se laissent séduire par ce plan B tel qu'il vient d'être exposé, et qui tient dans ces 3 mots: "arrêter de rêver". Eh bien moi et d'autres, nous voulons poursuivre le rêve européen, pour que la mondialisation ne soit pas notre cauchemar.


Bon après-midi.