L'Aisne avec DSK

15 juillet 2008

Allo la France, ici DSK.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il est toujours là, parmi nous, c'est évident. Strauss pourtant avait gardé silence, ces derniers mois, devant la presse politique française. Depuis une semaine, il est revenu, doucement mais sûrement. Il y a d'abord eu une tribune dans Libération, le 9 juillet, consacrée bien sûr à la situation économique mondiale, et puis, aujourd'hui, ces propos tenus à Yalta, au Forum économique, devant des journalistes français, rapportés par Le Parisien de ce matin:

DSK va à l'essentiel, au moment où nos débats politiques s'égarent trop souvent dans l'accessoire, quand ce n'est pas dans le superficiel. L'essentiel, c'est quoi, politiquement parlant? La crise financière mondiale, la hausse des prix du carburant au Nord, les émeutes de la faim au Sud. L'essentiel est là, sur quoi il faut se concentrer. Que propose DSK (car il faut très vite en venir à cette question, quand on fait de la politique)? Une régulation mondialisée, de celle qu'il exerce au FMI (faire de la politique, c'est autant une pratique qu'une théorie). Le danger actuel? L'inflation généralisée. C'est pourquoi DSK ne tape pas sur la BCE et ses taux d'intérêts, exercice préféré de Sarkozy et des anti-européens.

Sarkozy, justement, que pense-t-il de lui, de ses nombreuses réformes? "Il faut juger à l'arrivée". Nous n'en saurons pas plus, ce n'est pas le rôle du directeur du FMI. Ah si, la réforme constitutionnelle, qu'il ne rejette pas, tout en regrettant le maintien du mode d'élection des sénateurs. Ce qui intéresse DSK, pour l'instant, c'est le vaste monde, notamment ces pays émergents, Inde, Chine, Brésil, Afrique de l'Ouest, qui émergent vraiment, avec de jolies taux de croissance. Et l'Europe? Elle prend du retard, c'est flagrant. Ses priorités devraient être la recherche et la formation, on attend. Et le FMI dans tout ça? L'objectif que lui assigne DSK est "de pouvoir mieux aider les pays endettés", c'est-à-dire les pays pauvres.

Quand la presse rencontre DSK, elle ne peut l'aborder ni le quitter, et nous aussi, sans lui poser et se poser cette question: 2012, et alors? Lui ne répond pas parce qu'il a déjà répondu: pour l'instant, c'est le FMI, 2012, on verra à ce moment-là. Sage, réaliste, habile, prudent. Mais ses amis et ses proches sont là pour s'exprimer à sa place. Pour le rocardien Guy Carcassonne, "si l'opportunité de devenir président se présente, il serait idiot de ne pas la saisir." Tout est là en politique: non pas la volonté (contrairement à ce que croient ceux qui ne comprennent rien à la politique), mais l'opportunité. Si la cuisine est l'art d'accomoder les restes, la politique est l'art de s'accomoder aux circonstances. Stéphane Fouks souligne une donnée nouvelle, qui pourra éventuellement jouer en faveur de Strauss: "Les règles politiques traditionnelles ont explosé. Désormais c'est l'opinion qui impose ses candidats." On l'a vu avec Ségolène. Les manoeuvres d'appareil, c'est fini, ou alors c'est bon pour perdre. Il n'y a plus que dans le village gaulois de Saint-Quentin qu'on y croit!

Ce que je retiens de tout ça, c'est que DSK garde ses chances, c'est qu'il est toujours mon candidat pour la prochaine présidentielle. Je terminerai ce billet non pas avec l'avis d'un ami de DSK mais d'un adversaire. Quand ils ne sont pas trop bêtes, il faut les écouter. Celui-là, c'est Jean-François Copé, qui lui aussi a de l'avenir, à ce que j'en lis. Voilà ce qu'il dit: "C'est Dominique Strauss-Kahn qui, au PS, a la plus grande puissance de feu." La plus grande puissance de feu: c'est bien vu, c'est bien dit.


Bonne soirée.

4 Comments:

  • DSK : nourrissons quelques pauvres pour sauver le système libéral !

    Dans une tribune parue aujourd’hui dans le Miami Herald, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) précise son plan, supposé capable de « Garantir l’approvisionnement en nourriture des pauvres ».

    Pour surmonter le double choc provoqué par la hausse des prix énergétiques et alimentaires, affirme DSK, les « pays à revenus faibles et moyens seront obligés d’imaginer des façons de nourrir les pauvres sans nourrir au même temps l’inflation et manquer de devises étrangères ».

    Ces solutions, continue DSK résulteront « d’arbitrages difficiles », une politique que ressemble odieusement à celles imaginées par un autre magicien de la finance, Hjalmar Schacht, ministre des Finances d’Hitler.

    Adepte de la théorie classique de l’offre et de la demande, DSK n’a aucune honte à écrire que :

    — « du point de vue économique, il est justifié de répercuter toute la hausse des prix sur les consommateurs puisque ceci incitera les producteurs à augmenter l’offre et les consommateurs à baisser la demande ».

    Il oublie seulement que celui qui consomme est souvent le même qui produit. « En même temps, rajoute DSK en versant une larme de crocodile, les pauvres, qui supportent la plus grande partie du choc des prix, doivent être protégés. La meilleure façon de le faire, c’est de développer un filet social bien ciblé. » Vous l’avez compris, faire du socialisme fabien anglais à l’échelle de la planète !

    — Sans dire un mot sur l’énorme bulle spéculative, DSK ajoute : « Les pays doivent garder à l’esprit les conséquences macroéconomiques de leurs actions. Un défi critique c’est la maîtrise de l’inflation. Certains pays peuvent avoir besoin de politiques monétaires plus serrées afin d’éviter que la flambée des prix de l’énergie et de l’alimentaire provoque des hausses plus larges des prix. »

    Dans une référence non explicite à la Chine, DSK affirme que « quelques importateurs nets de nourriture et de carburant risquent d’avoir besoin d’une réelle dévaluation de leur monnaie. »

    — « Les politiques fiscales doivent refléter la situation économique réelle de chaque pays. Certains pays peuvent financer des mesures pour aider les pauvres en allégeant la pression fiscale, tandis que d’autres auront besoin d’augmenter leurs recettes fiscales ou de se voir obligés de couper les dépenses dans d’autres secteurs. Le besoin de soutien de la part de la communauté internationale est le plus urgent pour les pays ayant du mal à augmenter leurs dépenses. »

    — « Le commerce est une autre question fondamentale : le marché global de la nourriture doit rester ouvert. Quelques exportateurs clefs ont plafonné leurs exportations. Bien que le besoin d’approvisionner le marché national corresponde à un besoin légitime, de telles politiques ne font qu’exporter la faim et aggravent le problème global en décourageant la production. Ainsi, les taxes à l’exportation et les barrières douanières devraient être démantelées afin de permettre aussi bien aux producteurs qu’aux consommateurs de s’adapter à des prix plus élevés. L’abaissement des tarifs douaniers peut aider à réduire les distorsions au commerce et à modérer les hausses des prix. Dans ce contexte, la conclusion d’un accord au Cycle de Doha (à la réunion de l’OMC à Genève), y compris sur l’agriculture, est absolument essentielle. »

    Ainsi, DSK rejoint les dogmes du libre échange britannique prônés par Peter Mandelson et Pascal Lamy et conclut ainsi son article : « La communauté globale doit assurer que la nourriture et l’argent atteignent le plus vite possible les pays les plus affectés. Nous devons reconnaître l’ampleur du défi auquel tant de pays doivent faire face et les aider à mettre en place des mesures d’aide qui ne mettent pas en danger la stabilité économique. Leur défi est le nôtre. »

    N’hésitez pas à faire parvenir vos commentaires à DSK en écrivant à publicaffairs@imf.org

    By Anonymous Anonyme, at 7:48 AM  

  • Belle définition de la politique, on prépare le terrain avec les idées, et on agit selon les circonstances. Une guerre soft. Bonne remarque sur Ségolène, elle tire au hasard de manière irrationnelle.

    By Blogger jpbb, at 10:01 AM  

  • A l'anonyme anti-DSK:

    Merci pour la référence à l'article du Miami Herald. Avez-vous un lien électronique précis ou une source?

    Pour le reste, je ne vous suis pas:

    1- Le rapprochement entre la politique de DSK et celle du ministre de Hitler est plus que douteux.

    2- Celui qui consomme est le même que celui qui produit? Pas vraiment. Le Sud produit beaucoup, dans des conditions souvent épouvantables, le Nord consomme énormément.

    3- Vous semblez gêné que DSK parle de "pauvreté". C'est pourtant l'objectif de sa politique: remédier à la pauvreté du monde.

    4- De quelle façon? Par la vérité des prix, par la lutte contre l'inflation, par le développement du commerce international, par l'aide ciblée aux pays les plus en difficulté. Et contre le protectionnisme illusoire.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:42 AM  

  • A mes lecteurs:

    Après vérification, l'article de DSK dans le Miami Herald date du 10 juillet. Quant au commentaire, il provient du journal "Nouvelle Solidarité", de Jacques Cheminade, lui même s'inspirant de Lyndon LaRouche, un courant anticapitaliste venu des USA et généralement classé à l'extrême droite.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:43 PM  

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