L'Aisne avec DSK

15 octobre 2008

La grande tétée.

Bonjour à toutes et à tous.

Non, je ne vais pas vous parler d'un film comique avec Louis de Funès, ou d'un porno avec Rocco Zifredi. Il sera plus prosaïquement question d'une très étrange manifestation qui a eu lieu samedi à Saint-Quentin, en plein centre-ville, sur les marches du théâtre: plusieurs dizaines de femmes donnant le sein à leur petit enfant. J'ai connu beaucoup de manifs dans ma vie, pour toutes sortes de causes, mais l'allaitement maternel, je ne savais même pas que c'était l'objet de revendications.

Pour tout vous dire, je suis surpris, et même un peu choqué, mais c'est probablement à mettre sur le compte de mon ignorance. Allaiter au sein, c'est pour moi un choix et une attitude strictement personnels, privés et même intimes, pudiques. En faire l'objet d'une démonstration ostentatoire, au vu et au su de tous, m'étonne, me laisse un peu coi. Spontanément, mais j'ai certainement tort parce que je n'ai pas tout compris (l'allaitement maternel n'est pas le premier de mes soucis), le geste me fait penser à la brave Margot dans la chanson de Brassens, aux nourrices du Moyen Age ou aux femmes africaines dans leurs villages. Bref, un truc pas très moderne.

Surtout, ce que je ne saisis pas, c'est qu'on puisse en faire un objet de militantisme et de prosélytisme, car ce choix, encore une fois, est purement individuel. Militer, c'est se battre pour quelque chose qui semble positif à une majorité sinon à la totalité des citoyens. Une revendication a une portée universelle, c'est pourquoi on se permet de la brandir publiquement. Je ne vois pas en quoi l'allaitement au sein rentre dans cette catégorie. Qu'on puisse informer sur cette pratique, soit, j'en conviens, c'est probablement nécessairement, et moi-même ai besoin d'être éclairé. Mais prôner cette "méthode", en faire en quelque sorte une attitude préférentielle, supérieure, ça me semble bizarre.

Pour aller au fond de ma pensée, je suis inquiet, mais je ne demande pas mieux qu'à être rassuré. Je crains que tout cela, mine de rien, ne soit très réac. C'est la défense de la nature, du bon lait qui vient du bon gros sein, contre le lait du biberon, produit de la méchante civilisation. C'est une façon de réduire la femme à un corps. Je ne me sens pas à l'aise dans cette conception. Et puis, il y a le titre même de l'opération: "La grande tétée", qui a quelque chose de burlesque. Après les "vaches à lait", les femmes à lait? Etrange, bizarre...


Bonne matinée.

4 Comments:

  • Je te confirme le coté réac de la manif'.

    Moi qui suis presque dans le bain puisqu'à quelques semaines d'une naissance, je peux te jurer que la pression est importante pour que la maman allète. Ma femme ne veut pas le faire - et j'ai pas à la juger - et bien je te jure que tout le corps médical fait bloc pour faire pression sur les mamans afin qu'elles allaitent.

    A ce jour, je n'ai entendu aucun argument médical dans leur thèse. Juste effectivement, le coté "naturel" de la chose.

    Effectivement, c'est un mouvement surprenant. Qui est derrière tout ça?

    By Anonymous Anonyme, at 8:45 AM  

  • doctissimo

    Voir aussi nos dossiers : Allergies : les autres traitements
    Allaiter en toute tranquillité
    Les allergies cutanées


    Les avantages de l'allaitement maternel
    Protection contre les infections, hypoallergénique. Le lait maternel présente de nombreux avantages. Sans oublier le lien privilégié que l'allaitement crée entre la mère et l'enfant.


    Si le biberon semble plus pratique, l'allaitement maternel présente de nombreux avantages. Revue de détail.

    Des enfants plus résistants
    Depuis longtemps, on sait que les enfants nourris au sein sont plus résistants aux infections (gastro-entérites, otites, etc.) que les autres. Plusieurs dispositifs immunologiques et non immunologiques s'opposent à la prolifération microbienne dans le lait maternel. Les immunoglobulines sont des protéines douées d'une activité anti-infectieuse : on a identifié dans le lait de femme un grand nombre d'anticorps spécifiques (immunoglobulines sécrétoires de type IgA, IgG et IgM) palliant leur absence transitoire au niveau des cellules intestinales du nouveau-né et du nourrisson. Ces anticorps sont dirigés contre les staphylocoques, les streptocoques, les pneumocoques, etc. Ils sont en rapport évidemment avec les infections contre lesquelles la mère a été vaccinée (polio, tétanos...) ou s'est spontanément immunisée. Leur action est purement locale au niveau de l'intestin. Des cellules immunitaires intactes (lymphocytes B et T, macrophages, leucocytes) se trouvent dans le lait ainsi que des facteurs stimulants de l'immunité (nucléotides). Des facteurs non immunologiques sont également présents : lactoferrine, lactoperoxydase, lysozyme, facteurs antiviraux, enzymes (lipases), analogues de récepteurs piégeant les bactéries pathogènes, facteurs de croissance (EGF) etc. La lactoferrine inhibe la croissance de plusieurs micro-organismes, exerce une action bactéricide sur certains germes et fixe le fer indispensable à la croissance bactérienne.

    Ce dispositif immunologique est doublé d'un dispositif biologique. Les produits de digestion du lait humain sont caractérisés par un taux élevé de lactose, une concentration protéique faible et une basse teneur en phosphore. Cela explique d'une part la rapidité du transit intestinal et d'autre part l'importance des résidus acides dans le colon. Un tel milieu acide a un effet bactériostatique sur les germes Gram négatif et favorise la croissance du lactobacillus bifidus. Le lait humain contient une protéine, l’alpha-lactalbumine, qui constituerait un agent antitumoral puissant.

    Une protection contre les allergies
    Les effets préventifs antiallergiques de l'allaitement maternel dans les populations à risque ont été démontrés par plusieurs auteurs. L'allaitement maternel semble protecteur en cas d'antécédent atopique familial à condition de ne pas diversifier trop tôt l'alimentation du nourrisson et d'éviter en particulier l'introduction des oeufs et du poisson avant l'âge de 9 mois. L'effet protecteur ou plutôt suspensif du lait de mère sur une éventuelle pathologie allergique du bébé (dermatite atopique, eczéma, troubles digestifs) dépend en outre du régime alimentaire de la femme qui allaite. Cette dernière doit en effet supprimer de son alimentation un certain nombre d'aliments (lait, poisson, oeufs, agrumes, cacahuète...) pour que les effets chez l'enfant soient notables. La difficulté à démontrer l'effet protecteur de l'allaitement maternel indique qu'il est, à lui-seul, insuffisant à prévenir les manifestations ultérieures d'allergie, d'autres allergènes que ceux des préparations lactées, voire même les allergènes alimentaires, pouvant être impliqués dans la survenue de celles-ci. Pour beaucoup d'auteurs, il serait illusoire de chercher à prévenir l'asthme, les rhinites allergiques ou l'eczéma, seulement par des manipulations diététiques alors que le nouveau-né et le nourrisson sont soumis à bien d'autres stimulations allergéniques.

    Quand une mère ne peut allaiter, elle peut avoir recours au lait humain des lactariums. Il en existe 17 en France qui recueillent et distribuent chaque année 70 à 80 000 litres de lait de femme. Le lait de lactarium est remboursé à 100 % par la Sécurité sociale sur prescription médicale renouvelable tous les dix jours. Les contrôles imposés sont très stricts : analyses bactériologiques, sérologie VIH, HTLV, hépatite B et C. Malheureusement, les méthodes d'assainissement et de conservation du lait humain (stérilisation, pasteurisation, congélation...) altèrent ou détruisent les facteurs immunologiques : IgAs, leucocytes, Iyzozyme, lactoferrine, complément, etc., et le lait de lactarium ne possède plus les propriétés anti-infectieuses du lait humain frais.

    Adaptation automatique aux besoins
    La composition du lait varie pendant la lactation. On distingue le colostrum (ler au 6ème jour), le lait de transition (6ème au 14ème jour) et le lait mature après le 14ème jour. Le colostrum humain a un profil biochimique très particulier, pauvre en lactose et en lipides, mais riche en sels minéraux, en protéines (anticorps, lactotransferrine) et en oligosaccharides.

    Le lait mature a une composition très variable, rendant inutile son " analyse ". Au cours de la tétée, la sécrétion, diluée au début, s'épaissit progressivement et la concentration lipidique quadruple : cette modification semble régulatrice de l'appétit du nourrisson. Au cours du nycthémère, la concentration en lipides s'élève entre 6 et 10 h du matin et s'appauvrit la nuit. Pendant les mois de lactation, décroissent progressivement les taux de lactoferrine, d'IgAs et de zinc. Aucun lait industriel ne peut actuellement s'adapter à ce point aux besoins exacts de l'enfant. Plus bébé tête, plus il y a du lait

    Autres avantages
    Dans l'estomac du nouveau-né, le lait maternel coagule en très fins flocons facilement attaqués par les sucs digestifs. La digestion est ainsi très rapide.

    Le lait maternel est stérile, sain, tiède, pur et toujours disponible. Il évite tous les préparatifs des biberons avec leur stérilisation. C'est le lait le plus économique. Chez la femme qui allaite, on constate un renforcement des contractions utérines favorable à une rapide involution de l'utérus.

    Les études épidémiologiques mettent en évidence d'autres avantages.

    Pour la mère

    Une durée d’allaitement de douze mois (dans la vie) réduit de 30 % de risque de cancer du sein durant la préménopause (représentant le quart des cancers du sein) ;
    Allaiter pendant au moins deux mois réduit de 25 % le risque de souffrir d’un cancer des ovaires.
    Pour l’enfant
    L’allaitement protège l’enfant contre les diarrhées, les infections respiratoires et les otites. Un effet sur la mort subite est aussi actuellement débattu ;
    L’allaitement pourrait également jouer un rôle dans la protection contre le diabète, l’obésité, les caries, les mal-occlusions et la sclérose en plaques ;
    Un effet bénéfique est observé sur l’acuité visuelle des prématurés. Les causes en sont imprécises mais différentes théories tentent d'expliquer ces constatations mettant au premier plan des mécanismes immunologiques, le taux de cholestérol, le rapport zinc/cuivre, etc.
    Les préparations diététiques modernes diminuent les inconvénients classiques des laits industriels tous préparés à partir du lait de vache. Toutefois, les moyens de la technologie actuelle ne permettent pas de suppléer le lait de mère. On ne sait pas reproduire l'avantage immunologique, on ne peut pas inventer les changements de composition du lait au cours des tétées avec les rôles que ces modifications jouent dans les mécanismes régulateurs de l'appétit et dans la protection vis-à-vis de l'obésité. Il convient également de rappeler que chez les enfants nourris au biberon, on constate souvent une introduction précoce et importante des farines, facteur d'obésité ultérieure.

    Dr Lyonel Rossant, Dr Jacqueline Rossant-Lumbroso

    By Anonymous Anonyme, at 1:13 PM  

  • A Sylvain:

    Le corps médical repose très largement, et depuis longtemps, sur des idées réactionnaires. Naturalisme? Mesure d'économie? Il faut chercher, on trouvera...

    Ce qui me surprend, c'est que des élus de gauche puisse participer à cette manifestation.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:33 PM  

  • Docteurs,

    Pourriez-vous présenter une version allégée et accessible de vos arguments? Je suis cartésien, je crois que la vérité réside dans ce qui est "clair et distinct". Pas dans un bavardage spécialisé, aussi éminent soit-il.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:35 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home