L'Aisne avec DSK

17 octobre 2008

Les choix d'Hamon.

Bonjour à toutes et à tous.

Mélenchon sera dans l'Aisne demain, à Soissons, pas pour défendre sa motion, mais participer à la réunion des élus de l'ARG, Alliance républicaine de gauche, qui se situe à la gauche du PS et en concurrence avec lui. Samedi prochain, ce sera au tour d'Hamon d'être présent, dans la même ville, pour une réunion publique, cette fois dans le cadre de notre congrès.

Hamon peut-il être la surprise de ce congrès, comme le suggérait le Nouvel Observateur? Je ne le crois pas. Si les fabiusiens l'avaient rejoint, oui, l'aile gauche prenait de la consistance. Mais là, non. Si cette aile gauche s'est historiquement réunie, alors que ses habitudes sont de maximiser le rapport de forces, c'est parce qu'elle se sent et se sait en danger de marginalisation. Elle a perdu la main. L'heure est à la social-démocratie, version Aubry, Delanoë ou Royal.

La seule issue de l'aile gauche, c'est de faire jouer la différence, et si possible de la surjouer. Elle sait faire. En vérité, son avenir est ailleurs. En politique, on a toujours de l'avenir quand on a des convictions. Hamon n'en manque pas. Son heure viendra, pas maintenant, pas le 6 novembre au moment du vote, mais à Reims, pendant le congrès. Que fera-t-il? Poursuivre la marginalisation ou passer des compromis? S'enfermer dans sa spécificité (il a le droit) ou se rassembler avec d'autres (c'est peut-être son devoir)?

Hamon a suivi un temps la démarche des Reconstructeurs, dans laquelle il avait toute sa place. Il peut encore participer à ce rassemblement majoritaire. Par sa contribution, il serait utile à tout le monde, à lui-même, au Parti. Aubry l'a dit dans une formule qui résume tout: l'objectif n'est pas de faire une gauche du Parti mais de faire que le Parti soit à gauche.

Pour cela, Hamon doit résister à ses "amis", Mélenchon, Dolez et, dans une moindre mesure, Lienemann, adeptes de la pureté idéologique, du "plus à gauche que moi tu meurs", de la pratique du rapport de forces. Quel que soit le résultat qu'obtiendra la motion d'Hamon, tout pour elle, tout pour lui se jouera après, dans le choix qu'il fera. Dans l'isolement, il se condamne, dans l'alliance, il retrouve un rôle, une influence.

Avec les strauss-kahniens, avec les fabiusiens, avec les rénovateurs de Montebourg, avec les poperénistes de Vidalies, Martine Aubry a lancé une dynamique, une synergie, une alchimie qui peuvent se révéler fécondes, productives. Benoît Hamon, dans la clarté et la cohérence des orientations idéologiques, y a toute sa place. Ce qui ne s'est pas fait hier peut se faire demain. Ca ne dépend pas de nous, motion D, ça ne dépend plus que de lui.


Bonne matinée.

12 Comments:

  • Je suis content de te voir prendre une position que je tiens depuis plusieurs mois sur ton blog : Une alliance Aubry-Montebourg-Hamon-Fabius-Camba(je parlais alors plutot de Mosco...). Voilà ce qu'il nous faut.

    Les motions Hamon et Aubry sont assez proches sur le fond. Bien sur, il y a les personnes : Mélenchon, Dolez, etc... Mais quel poids auront-elles?

    Il est juste dommage que Peillon soit allé se perdre chez Royal.

    By Anonymous Anonyme, at 12:10 PM  

  • Mélenchon, Dolez et Lienemann ne vont-ils pas faire pression pour empêcher cette alliance?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 2:39 PM  

  • C'est bientot les européennes..En ont ils les moyens du coup?

    Honnetement, j'en sais rien.

    Mais ils accepteront davantage avec Fabius, Aubry ou Montebourg qu'avec Valls ou royal, non?

    Donc ce sont les 2 motions qui peuvent le plus facilement fusionner.

    Ou Aubry et Delanoë...mais là encore, y a le passif Hollande à gérer.

    Ca va être intéressant

    By Anonymous Anonyme, at 3:25 PM  

  • Le jeu est de toute façon très ouvert. Tant mieux, c'est ça aussi la démocratie.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:58 PM  

  • Tout a fait d'accord avec vous Sylvain.
    Emmanuel, ne le cachons pas, l'aile droitière du PS et 70% du PRG ne peuvent sentir la Gauche après Hamon (dont Mélenchon, Dollez, nous et les camarades du PC).
    Un grand rassemblement et une importante majorité de gens de gauche au PS ne peut être que bénéfique.
    Nous nous devons de devenir nous aussi décomplexée. Assumer son appartenance politique et sans tergiverser.
    Cela nous évitera de recommettre les erreurs de 1983 et suivantes.
    L.E.

    By Anonymous Anonyme, at 11:55 PM  

  • A Laurent:

    - Je n'ai pas besoin d'être décomplexé puisque je n'ai jamais eu de complexe: je suis ouvertement social-démocrate.

    - Le tournant de 1983, voulu par François Mitterrand, a été accepté par presque tous les socialistes. On ne va pas revenir là-dessus.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:31 PM  

  • Emmanuel,

    Tu sais ce qu'on dit, avec les fameuses rangaines...
    Tout ce que je souhaite, c'est que nous arrivions tous à nous entendre et à respecter nos différences.
    L.E.

    By Anonymous Anonyme, at 8:36 PM  

  • J'adhère totalement.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:49 PM  

  • A Sylvain :
    il est heureux (et logique) que Peillon ait rejoint Royal. Historiquement, ils n'ont cessé de critiquer "l'appareil" du Parti (dès les années 90 pour Royal, au NPS pour Peillon), avec son obsession des élections, le non-renouvellement de ses cadres, le non-respect des militants "de base"...

    A Emmanuel :
    Je crois que tu sous-estimes la motion "Hamon". Les sociaux-démocrates (Delanoe, Aubry, Royal) sont divisés, et la seule alternative "gauche traditionnelle", c'est seulement la motion C !
    Après des années de direction... disons... consensuelle, j'ai l'impression que les adhérents excédés ont majoritairement envie de "sang neuf" et de radicalité (à juste titre ou pas, bien sûr!).

    By Anonymous Anonyme, at 2:30 AM  

  • Mais où sont le sang neuf et la radicalité? Chez Royal ou Hamon? Moi, je veux de la nouveauté, mais dans la fidélité à notre héritage commun.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:50 AM  

  • Bonjour Emmanuel,

    je ne te sens pas à l'aise dans tes arguments :

    - "nouveauté dans la fidélité" ? Je ne comprends pas ce concept qui mélange deux contraires.
    - "La nouveauté", est-ce une ligne sociale démocrate assumée, ou au contraire une ligne "gauchiste" qui rompt avec les années 1988-1995 et 1997-2002 ?
    - "Notre héritage commun", c'est le Mitterrand gauchiste de 81-83 ou le soc-dém Jospin de 1997-2002 ?
    - Le "sang neuf" se trouve indéniablement chez Royal et Hamon (un minimum d'"éléphants") ; et même si ce n'est pas un gage de qualité, ça peut convaincre du monde...
    - La radicalité est surtout du côté d'Hamon, qui focalise les votes "contestataires" sur l'économie, mais aussi sur le fonctionnement interne du Parti (bien que la motion C soit conservatrice sur ce point).

    By Anonymous Anonyme, at 12:21 PM  

  • Thierry,

    Le sang neuf, je l'entends plutôt du côté des idées, même si le renouvellement des générations est indispensable. Côté Aubry, il y a des figures nouvelles, comme derrière Hamon, il y a des visages anciens.

    La nouveauté, c'est l'adaptation du socialisme à notre époque. Hamon est plutôt dans une perspective classique, le socialisme des années 70.

    En même temps, je ne veux pas sacrifier notre histoire, notre identité. C'est là où Ségolène et Bertrand me donnent parfois le tournis.

    Bref, je suis un socialiste "centriste", entre aile droite (Royal-Delanoë) et aile gauche (Hamon).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:30 PM  

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