Et j'entends siffler...
Les sifflets contre la Marseillaise lors du match France-Tunisie sont devenus un drame national. On en oublierait presque la crise financière mondiale. Y a-t-il outrage à la nation? N'exagérons rien. Quelques centaines de conards sifflent, que voulez-vous faire contre ça? On rencontre partout des comportements idiots. En s'en scandalisant, on leur donne paradoxalement de l'importance, on parle d'eux, ils voulaient choquer, ils ont réussi leur coup, prêts à recommencer après tant d'impact et d'efficacité.
Soyons un peu raisonnables, prenons de la distance, ne nous emballons pas. Les conards osent tout, ils sont insensibles au langage de l'intelligence et du raisonnable. Ce sont toujours les plus forts, on n'y peut rien. Vouloir raisonner un conard, c'est peine perdu. Un solide mépris est plus probant. Ils continueront, quoi que vous fassiez.
Le gouvernement propose de suspendre les matches. C'est idiot, infaisable et injuste. Sur des milliers de spectateurs, les "siffleurs" ne sont que quelques centaines. On ne va pas pénaliser tout le public à cause d'eux. Sachant cela, les provocateurs vont continuer de plus belle, rien ne les arrêtera. Au contraire, le plaisir de la transgression sans risque leur sera très délectable. Je ne vois pas les autorités sportives procédant à répétitions à l'évacuation de stades entiers.
Il ne faut alors rien faire? Non pas. L'hymne national n'est-il pas sacré, ne mérite-t-il pas le respect? Sûrement, comme le drapeau et tout ce qui touche à la symbolique nationale. Je tiens d'autant plus à la Marseillaise que c'est un chant républicain, révolutionnaire, progressiste, et très beau. Lors de la commémoration du centenaire de la loi de 1905, organisant une fête laïque dans le gymnase Marcel-Bienfait, j'ai fait chanter la Marseillaise, tout le monde debout. Alors on fait quoi?
D'abord une petite réflexion: le sacré n'a de sens que dans les endroits, les situations, les cérémonies sacrés. La Marseillaise lors d'une journée patriotique a sa signification, et toute sa place. Tout ce qui a trait à la nation, à l'armée, à la République, à la politique, ce chant joue son rôle, produit son effet. Mais sur un stade, avant une compétition sportive? Non, je ne crois pas, c'est une symbolique dévoyée, détournée. Se passer une balle qu'on veut mettre dans un but, c'est une occupation très louable, un loisir distrayant, un métier respectable, mais ça n'entre pas dans la mythologie nationale.
Ce faisant, je ne vois pas pourquoi il faudrait entonner les hymnes nationaux au début des compétitions sportives. Ce n'est pas le lieu, les raisons invoquées ne sont pas valables. Et puis, le sacré attire le sacrilège comme le miel attire les mouches. Ne tentons pas le diable! Il n'y a pas de chants grégoriens au départ d'une course cycliste. Il n'y a pas de drapeau tricolore pour un concours de plongée sous-marine. Pourquoi y aurait-il les hymnes nationaux avant un match de football? Ce qui compte, c'est la performance de l'équipe, la valeur des hommes, pas leur appartenance nationale. Je propose qu'on supprime cette cérémonie à l'ouverture des épreuves sportives. Le sport y gagnera, le nationalisme y perdra et le patriotisme authentique sera préservé.
Bon après-midi.
Soyons un peu raisonnables, prenons de la distance, ne nous emballons pas. Les conards osent tout, ils sont insensibles au langage de l'intelligence et du raisonnable. Ce sont toujours les plus forts, on n'y peut rien. Vouloir raisonner un conard, c'est peine perdu. Un solide mépris est plus probant. Ils continueront, quoi que vous fassiez.
Le gouvernement propose de suspendre les matches. C'est idiot, infaisable et injuste. Sur des milliers de spectateurs, les "siffleurs" ne sont que quelques centaines. On ne va pas pénaliser tout le public à cause d'eux. Sachant cela, les provocateurs vont continuer de plus belle, rien ne les arrêtera. Au contraire, le plaisir de la transgression sans risque leur sera très délectable. Je ne vois pas les autorités sportives procédant à répétitions à l'évacuation de stades entiers.
Il ne faut alors rien faire? Non pas. L'hymne national n'est-il pas sacré, ne mérite-t-il pas le respect? Sûrement, comme le drapeau et tout ce qui touche à la symbolique nationale. Je tiens d'autant plus à la Marseillaise que c'est un chant républicain, révolutionnaire, progressiste, et très beau. Lors de la commémoration du centenaire de la loi de 1905, organisant une fête laïque dans le gymnase Marcel-Bienfait, j'ai fait chanter la Marseillaise, tout le monde debout. Alors on fait quoi?
D'abord une petite réflexion: le sacré n'a de sens que dans les endroits, les situations, les cérémonies sacrés. La Marseillaise lors d'une journée patriotique a sa signification, et toute sa place. Tout ce qui a trait à la nation, à l'armée, à la République, à la politique, ce chant joue son rôle, produit son effet. Mais sur un stade, avant une compétition sportive? Non, je ne crois pas, c'est une symbolique dévoyée, détournée. Se passer une balle qu'on veut mettre dans un but, c'est une occupation très louable, un loisir distrayant, un métier respectable, mais ça n'entre pas dans la mythologie nationale.
Ce faisant, je ne vois pas pourquoi il faudrait entonner les hymnes nationaux au début des compétitions sportives. Ce n'est pas le lieu, les raisons invoquées ne sont pas valables. Et puis, le sacré attire le sacrilège comme le miel attire les mouches. Ne tentons pas le diable! Il n'y a pas de chants grégoriens au départ d'une course cycliste. Il n'y a pas de drapeau tricolore pour un concours de plongée sous-marine. Pourquoi y aurait-il les hymnes nationaux avant un match de football? Ce qui compte, c'est la performance de l'équipe, la valeur des hommes, pas leur appartenance nationale. Je propose qu'on supprime cette cérémonie à l'ouverture des épreuves sportives. Le sport y gagnera, le nationalisme y perdra et le patriotisme authentique sera préservé.
Bon après-midi.
3 Comments:
«Amour sacré de la Patrie…», darladiradada… !
«L’air de l’enfer ne souffre pas les hymnes ! » (Rimbaud)
« Cette aptitude de la société à créer des dieux ne fut nulle part plus visible que pendant les premières années de la Révolution. À ce moment, en effet, sous l’influence de l’enthousiasme général, des choses purement laïques par nature furent transformées par l’opinion publique en choses sacrées : c’est la Patrie, la Liberté, la Raison »… Ce passage célèbre des « Formes élémentaires de la vie religieuse » de Durkheim n’est-ce vraiment que du passé ? Ou est-ce l’avenir d’une illusion ? Que nenni, ce n’est ni l’un ni l’autre ! Cette fabrique du sacré se réactualise à chaque fois que des Indigènes, enfants illégitimes, sifflent la Marseillaise, à chaque fois que se met en marche «le sinistre jeu circulaire de l’anathème et de la provocation » (Sayad)… Pêché, sacrilège, profanation… allumez bûchers, sachez chasser sorcières ! Mais où sont donc les défenseurs absolus du droit au blasphème ? Les briseurs de tabous toutes catégories ? Les Voltaire de poche à l’ironie aussi légère qu’incisive ? Recroquevillés dans leur identité de pacotille et ses « sales petits secrets » postcoloniaux, les voici tels qu’en eux-mêmes… L’humour gras et la posture arrogante d’un Philippe Val, champion de la liberté d’expression, gravissant les escaliers de Cannes, n’avaient été qu’une imposture grotesque, la vérité de cette apothéose fut qu’elle participait de la même « émotion commune », essence du religieux, que la création d’un ministère de l’identité nationale et de l’immigration… Le nez vissé sur leur nombril, voulaient-ils nous faire oublier, se faire oublier, que l’homme est un animal métaphysique, même quand sa métaphysique suinte la haine ? Ignorent-ils la dialectique de l’un et du multiple, qui fait que le profane des uns est le sacré des autres - combien de sifflements pour une caricature ? -, même quand cette altérité est, tour à tour, construite et désignée comme ennemie ? Dialectique, ici, où le sacré a investi de bien étranges objets (drapeau, hymne, ligne de partage…), qui a de bien étranges odeurs de racisme françaoui… Les voici tels qu’en eux mêmes, plus fétichiste et moins universels que les Papous, car en matière de sacré chacun trouve midi à sa porte, même quand la porte est close...Et les plus naïfs sont ceux qui s’en croient quittes, car quand on croit l’avoir chassé par la porte, voilà qu’il revient par la fenêtre sous une forme encore plus moisie... Finalement, « la Marseillaise » c’est un mantra, dont la magie, le mana n’a pas plus de force, de puissance qu’un «aboule la gnôle » lorsqu’on est sur le front... «Amour sacré de la Patrie…», darladiradada… !
Le Bougnoulosophe
By Anonyme, at 7:37 AM
«Amour sacré de la Patrie…», darladiradada… !
«L’air de l’enfer ne souffre pas les hymnes ! » (Rimbaud)
« Cette aptitude de la société à créer des dieux ne fut nulle part plus visible que pendant les premières années de la Révolution. À ce moment, en effet, sous l’influence de l’enthousiasme général, des choses purement laïques par nature furent transformées par l’opinion publique en choses sacrées : c’est la Patrie, la Liberté, la Raison »… Ce passage célèbre des « Formes élémentaires de la vie religieuse » de Durkheim n’est-ce vraiment que du passé ? Ou est-ce l’avenir d’une illusion ? Que nenni, ce n’est ni l’un ni l’autre ! Cette fabrique du sacré se réactualise à chaque fois que des Indigènes, enfants illégitimes, sifflent la Marseillaise, à chaque fois que se met en marche «le sinistre jeu circulaire de l’anathème et de la provocation » (Sayad)… Pêché, sacrilège, profanation… allumez bûchers, sachez chasser sorcières ! Mais où sont donc les défenseurs absolus du droit au blasphème ? Les briseurs de tabous toutes catégories ? Les Voltaire de poche à l’ironie aussi légère qu’incisive ? Recroquevillés dans leur identité de pacotille et ses « sales petits secrets » postcoloniaux, les voici tels qu’en eux-mêmes… L’humour gras et la posture arrogante d’un Philippe Val, champion de la liberté d’expression, gravissant les escaliers de Cannes, n’avaient été qu’une imposture grotesque, la vérité de cette apothéose fut qu’elle participait de la même « émotion commune », essence du religieux, que la création d’un ministère de l’identité nationale et de l’immigration… Le nez vissé sur leur nombril, voulaient-ils nous faire oublier, se faire oublier, que l’homme est un animal métaphysique, même quand sa métaphysique suinte la haine ? Ignorent-ils la dialectique de l’un et du multiple, qui fait que le profane des uns est le sacré des autres - combien de sifflements pour une caricature ? -, même quand cette altérité est, tour à tour, construite et désignée comme ennemie ? Dialectique, ici, où le sacré a investi de bien étranges objets (drapeau, hymne, ligne de partage…), qui a de bien étranges odeurs de racisme françaoui… Les voici tels qu’en eux mêmes, plus fétichiste et moins universels que les Papous, car en matière de sacré chacun trouve midi à sa porte, même quand la porte est close...Et les plus naïfs sont ceux qui s’en croient quittes, car quand on croit l’avoir chassé par la porte, voilà qu’il revient par la fenêtre sous une forme encore plus moisie... Finalement, « la Marseillaise » c’est un mantra, dont la magie, le mana n’a pas plus de force, de puissance qu’un «aboule la gnôle » lorsqu’on est sur le front... «Amour sacré de la Patrie…», darladiradada… !
Le Bougnoulosophe
By Anonyme, at 7:37 AM
Au Bougnoulosophe:
Vous défendez le droit au blasphème. Pourquoi pas. Mais le blasphème suppose le sacré. Vous êtes donc pour le sacré. Quelle société n'en produit-elle pas?
Le problème, c'est de savoir dans quoi le sacré va s'investir. Hymne national, drapeau, Marianne, devise de la République, tout cela me semble être un sacré acceptable, raisonnable, et non pas le danger raciste et nationaliste que vous redoutez.
By Emmanuel Mousset, at 9:29 PM
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