St Quentin flambe.

Bonsoir à toutes et à tous.

Non, le titre de ce billet ne fait pas référence aux feux de poubelles ou voitures incendiées qu'a connus la ville ces derniers temps, ni ne confirme la rumeur de 300 skinheads qui devaient s'abattre sur le quartier Europe. Je ne fais que reprendre le commentaire du magazine économique "Capital" de cette semaine, qui met Saint-Quentin en n°1 des cinq villes qui ont le plus augmenté leurs impôts locaux entre 2001 et 2008, avec une hausse de 45,4%. Nous obtenons souvent, dans la presse nationale, la tête des palmarès. Mais celui-là, on s'en passerait bien!

Le dossier est évidemment technique. Le maire, Pierre André, se sentant visé, dénonce le mode de calcul dans le Courrier Picard d'aujourd'hui, et fait partager la responsabilité avec la Région et le Département, qui eux aussi perçoivent une part de la fiscalité locale. Certes, mais le débat est aussi politique. Pendant la campagne des municipales, le maire a été peu attaqué là-dessus, protégé par son image de bon gestionnaire. "Capital" ne le conteste d'ailleurs pas, mais souligne la pression fiscale sur les classes moyennes, qui n'est pas pour surprendre dans une ville pauvre, où la moitié de la population n'est pas assujettie à l'impôt. Il faut bien prendre l'argent quelque part.

Le magazine donne les chiffres moyens des impôts locaux: 827 euros pour la taxe d'habitation et 936 euros pour la taxe foncière. Ca ne m'étonne pas. Il y a deux ans, quand j'ai cherché à acheter une maison, dimension moyenne (pas une grosse propriété avec joli jardin!), les taxes d'habitation et foncière étaient fréquemment, quel que soit le quartier, de 1000 euros chacune. J'ai finalement trouvé une baraque rue Jean-Jaurès, réputée bourgeoise (la rue, pas la baraque) malgré le nom choisi, mais c'était bien pratique pour moi, à 5 minutes du boulot. Je confirme: les taxes, c'est chérot, bien qu'il s'agisse d'une honnête maison saint-quentinoise, pas bourgeoise du tout (enfin je crois, parce qu'en matière d'intérieur bourgeois, je ne suis pas expert).

L'enquête de "Capital" pose autant de questions à la droite qu'à la gauche. Pour la droite, Pierre André a répondu. Pour la gauche, il y a confirmation de mes analyses: le Parti socialiste ne l'emportera à Saint-Quentin que lorsqu'il aura conquis les classes moyennes, quand nous verrons dans nos rangs, sur notre liste, des médecins, des avocats, des commerçants, des cadres supérieurs, des chefs d'entreprise. Mais oui, c'est l'évidence! Comment croyez-vous que le PS a remporté Paris ou Lyon? Attention: ne me faites pas dire que j'exclus les classes populaires ou les fonctionnaires radicalisés. Je prône simplement l'ouverture sociologique de la gauche, comme elle s'est réalisée ailleurs, comme elle se produira un jour chez nous, à Saint-Quentin.

Quand? Je n'en sais rien, peut-être jamais, si nous poursuivons dans la ligne politique adoptée durant les élections municipales, l'aile gauche du PS alliée à l'extrême gauche, avec l'ouvriérisme moralisateur comme ciment. Je ne peux pas, je ne veux pas y croire. Nous serions condamnés alors à nous satisfaire du corridor électoral des 40%, tout juste bon à flatter la vanité de ceux qui nous ont conduit à ce score. Non, je ne peux pas l'accepter, je crois qu'il y aura un réveil, un sursaut, une lucidité, une ambition aussi, celle, un jour, de gagner, de battre la droite, de faire de Saint-Quentin la municipalité socialiste qu'elle n'est plus depuis si longtemps. Si nous sommes nombreux à y croire, nous l'emporterons, j'en suis certain.


Bonne soirée.