Et si c'était Peillon?

Bonsoir à toutes et à tous.

En annonçant qu'un candidat de rassemblement au poste de premier secrétaire serait proposé d'ici 48 heures, Ségolène Royal va-t-elle débloquer la situation au PS? Je pense que oui. Il nous faut une majorité, tout le problème est là, c'est même la question essentielle en politique. Jusqu'à maintenant, les majorités se concoctaient souvent la nuit du congrès, dans des combinaisons parfois invraisemblables. C'est la grande tradition d'Epinay: Mitterrand adhère au PS, est très minoritaire, obtient tout de même la majorité en mariant l'eau et le feu, Defferre et Chevènement, le centre gauche anticommuniste et les néo-marxistes du CERES.

Epinay, c'est fini et c'est tant mieux. Imagine-t-on un seul instant la constitution d'un front déjouant le suffrage des militants et plaçant dans la minorité celle qui a obtenu la majorité relative des adhérents? C'est aujourd'hui invraisemblable, cette manoeuvre se retournerait contre ses initiateurs, l'opinion publique, qui s'est habituée au respect de la démocratie, ne comprendrait pas.

Maintenant, dans les prochaines heures, tout le travail et le talent de Ségolène vont être de trouver un candidat qui rassemble, puisque sa seule motion ne peut rien toute seule, n'ayant pas obtenu la majorité absolue. C'est là encore un principe de base en politique: quand on est minoritaire, trouver un candidat qui rassemble. Et même quand on est majoritaire, il est bon d'appliquer ce principe, par souci d'efficacité. Alors, Ségolène va choisir qui? On peut toujours s'amuser au petit jeu des pronostics, c'est dimanche soir!

Julien Dray? C'est un bon organisateur, il est député, il a une surface médiatique, il est ancré à gauche: voilà des points en sa faveur. Mais fait-il l'unanimité? Je ne suis pas certain. Juju a un côté imprévisible qui fait son charme mais aussi ses limites. Manuel Valls? Il incarne bien la nouvelle génération mais est trop marqué à droite. Un inconnu du grand public? C'est une tentation, et une facilité: prendre un homme de l'ombre qui ne fait donc d'ombre à personne.

Chirac avait cette boutade: "En politique, il peut être bon de prendre le plus con". Je vois ce qu'il veut dire, mais je le déconseille tout de même fortement! Hommes de paille ou marionnettes téléguidées n'ont jamais conduit à de grandes victoires. Mais pour la promotion personnelle, il est parfois recommandé en politique de jouer au plus con. Certains d'ailleurs y parviennent sans se forcer beaucoup et finissent par réussir un peu.

Mais alors qui? Et si c'était Vincent Peillon? Ses atouts sont nombreux:

1- Il n'est candidat à rien, ce qui permet en politique d'être candidat à tout. Les plus grands ambitieux ne font jamais état de leur ambition.

2- C'est un fidèle de Ségolène, il n'a pas vraiment le profil du traître.

3- Il est sur une ligne très social-démocrate, tout en étant un fervent rénovateur.

4- Il a été proche d'Hamon dans le NPS première mouture, ce qui l'ouvre à la gauche du Parti.

5- Il parle bien, est beau gosse, dispose d'un capital médiatique (bref, un gars dans mon genre! MAIS NON, je plaisante, c'est un private joke du dimanche soir, n'allez pas m'assaillir de commentaires hargneux et vengeurs!!!).

6- N'étant pas présidentiable, il ne gêne pas... les présidentiables.

7- C'est un homme de réflexion, un prof de philo, quelqu'un de sage et posé (ça ne vous rappelle pas quelqu'un que vous connaissez bien?): nous en avons besoin, en cette période où il faudra mener un travail de réflexion collective autour de notre projet.

8- Il incarne bien la nouvelle génération, n'est pas trop marqué par le passé.

Deux défauts cependant:

- L'image d'intello n'est pas toujours bien portée en politique. Dans la coulisse, oui, en tant que conseiller du prince. Mais prince soi-même, c'est une autre histoire.

- Peillon a été battu aux élections, il n'est que député européen (trop souvent perçu comme un mandat de consolation pour ceux qui ont été désavoués par le suffrage universel).

Mais Ségolène peut aussi aller chercher son candidat dans une autre motion, pour manifester encore plus son souci d'unité. Ca aurait de la gueule, je reconnais aussi que ça serait casse-gueule. Je verrais bien Pierre Moscovivi dans ce rôle. Bon, attendons encore quelques heures, et nous verrons bien.


Bonne soirée.