Ira, ira pas?

Aux dernières nouvelles, Ségolène Royal serait candidate au poste de premier secrétaire. Plusieurs de ses proches le laissent en tout cas entendre. Info ou intox? Ségolène a produit un texte dans lequel beaucoup peuvent se reconnaître. Mais est-ce suffisant pour rassembler? En se portant candidat, elle ouvre le frigidaire qu'elle avait pourtant eu la sagesse (ou l'obligation?) de refermer. Du coup, sa candidature présidentielle revient sur le devant de la scène. Ce qui est un obstacle pour tous ceux qui, comme moi, ont fait du refus de la présidentialisation un axe de campagne.

Je n'ai jamais refusé à la motion E l'initiative. Bien au contraire, j'ai soutenu que sa majorité relative lui donnait un droit absolu, celui de proposer une candidature et de fixer un cap, en s'inspirant des leçons du scrutin, c'est-à-dire le besoin de rénovation et d'ancrage à gauche. Le cap est donné dans son texte, grosso modo acceptable, sous réserve de précisions. Mais sa propre candidature, à cause de la présidentialisation du Parti qu'elle introduit, est contestable. Pourtant, Ségolène a toutes les cartes en main, et de nombreux talents autour d'elle: elle peut avancer bien d'autres personnalités que la sienne et réaliser le rassemblement de tous les réformistes. Le fera-t-elle?

Sinon, que peut-il se passer? D'abord, mettons les choses au clair: se porter candidat est un droit dont on ne peut priver personne. Et si un candidat se présente en alternative à la candidate Royal, ça ne signifie pas qu'il est un candidat anti-Royal mais qu'il propose une autre orientation politique, en l'occurrence le refus de la présidentialisation. Ce candidat-là pourrait être Martine Aubry, à laquelle se rallierait Benoît Hamon, débarrassé de ses éléments les plus radicaux, Mélenchon et Dolez. Ainsi nous aurions une candidate démocrate (au sens américain du terme), Ségolène Royal (à laquelle se rallieraient les hollando-delanoïstes) et une candidature social-démocrate, Martine Aubry, épaulée par la motion C.

Deuxième scénario: la majorité relative de Ségolène est considérée comme un fait acquis, motions A et D l'acceptent et renoncent à présenter une candidature alternative. Seul Hamon maintient la sienne et continue à vouloir représenter une gauche du Parti, élargissant nécessairement son score de 19%, puisque coalisant tous ceux que la personne et la ligne de Ségolène gênent.

Dans une dizaine de fédérations, dont l'Aisne, les devants ont été pris et les motions D et C, parfois avec la A, se sont rapprochées. Qu'en sera-t-il au niveau national? Ce mardi soir, nul ne peut encore le savoir. La seule chose que je sais, en lisant le sondage du dernier Journal du Dimanche, c'est que DSK reste l'homme de gauche préféré des Français. Mais il n'est pas là! Drôle de situation. Vivement qu'on en sorte!


Bonne fin d'après-midi.