L'Aisne avec DSK

22 décembre 2008

La Grèce en France.

Qu'est-ce qui se passe en Grèce? Bien malin qui peut savoir... Ca ressemble un peu, du moins à l'origine, aux émeutes de 2005 en France. Un jeune tué dans un incident avec la police, et tout s'embrasse. Avec là-bas la dimension ethnique en moins. Mais l'explication n'en reste pas moins incertaine. On parle beaucoup d'anarchistes, donnant à la révolte une dimension politique. Mais qu'en est-il vraiment?

Ca me fait penser aux "anarcho-autonomes" s'en prenant au réseau TGV, arrêtés il y a quelques semaines: que sont réellement ces prétendues fauteurs d'insurrection? J'ai plutôt l'impression qu'on nage... La vérité est ailleurs et plus grave: dans un malaise de la société, de sa jeunesse, une perte d'espoir, une impuissance devant la crise, les injustices. On dit souvent que les trentenaires ont un rôle moteur, qu'ils se sentent sacrifiés.

En tout cas, le mal est profond, pour que la droite française s'en soit inquiétée, pour qu'elle ait reporté la réforme du lycée, craignant une contagion européenne du mouvement grec. Ca ressemble à Mai 68: quelque chose d'incontrôlable, d'insaisissable, mais qui vient, qui monte, dont on sent la puissance. Pour déboucher sur quoi? Tout le problème est là, et toute l'inquiétude. Je vous conseille la lecture de Charlie-Hebdo de cette semaine, pages 2 et 3, l'article de Anne-Sophie Mercier. C'est très éclairant.

Attardez-vous surtout sur l'encadré grisé, page 3. Comme en France aujourd'hui, comme en France en 1968, la gauche grecque n'est pas prête. Or, la solution politique, s'il doit y en avoir une, est de son côté. Mais puisqu'il n'y en a pas, c'est le désespoir. Cette gauche est divisée: les socialistes demandent des élections mais ce sont les communistes qui l'emportent dans l'opinion, la gauche radicale séduit la jeunesse mais ne veut pas s'allier avec les socialistes, les communistes eux-mêmes se méfient de cette gauche radicale.

Voilà qui nous fait songer à notre PS affaibli par ses divisions, notre PCF tenant à son autonomie (mais sans l'influence de ses camarades grecs), notre extrême gauche revigorée électoralement et médiatiquement. On comprend aussi pourquoi Sarkozy semble craindre comme la peste que la Grèce ne s'invite en France. Je n'y crois cependant pas trop. Mais nous verrons en janvier. Quand notre président s'entendra souhaiter une bonne année, ces voeux auront pour lui une résonance toute particulière.


Bonne année... pardon,
bonne fin d'après-midi.