Sauver le soldat Dray?
Bonjour à toutes et à tous.
La première fois où j'ai croisé Julien Dray, c'était à Paris, lors d'une manif, en 1984-1985, je ne sais plus exactement. A l'époque, je n'étais pas encore au PS mais je militais à SOS-Racisme, la petite main jaune, qui venait de se créer. Son leader était médiatique, charismatique, avec un nom fait pour ça: Harlem Désir. Dans l'ombre, à ses côtés, le conseiller, l'organisateur, l'intello de service, pas médiatique du tout lui, bougon: Julien Dray. Avec le temps, le second va devenir plus connu et plus influent que le premier. Tous les deux sont grosso modo de ma génération, autour de la cinquantaine.
Remarquez bien qu'après un quart de siècle de militantisme politique et associatif plutôt réussi, l'un et l'autre restent, au PS, des lieutenants plus que des généraux. C'est notre problème, reconnu par tous. Nous organisons très mal notre promotion interne. L'avancement se fait encore à l'ancienneté, pas vraiment au mérite.
Donc, Julien Dray a vécu un week-end d'enfer, avec l'accusation qui fait la plus mal quand on est socialiste: corruption, détournement d'argent, enrichissement personnel. A droite, on peut exhiber des signes extérieurs de richesse, c'est naturel, c'est normal, c'est bien vu. A gauche, il est interdit d'aimer les belles montres, les petites voitures de collection et les appareils-photos. Ou alors il faut se cacher. Si vous êtes découvert, on vous le reproche toute votre vie, on vous affuble de l'étiquette ironique et infamante de "gauche caviar", même quand vous ne faites que vous offrir un cassoulet un peu supérieur à la moyenne. Et quand on pense qu'une certaine gauche entre dans ce petit jeu-là!
Je lis que Juju serait un acheteur compulsif et, à ses heures, joueur de poker. Et alors? Quel est ce puritanisme qui nous assaille (et qui est très sélectif dans ses cibles)? Je suis mal placé pour juger de tout cela: je ne porte jamais de montre (j'en ai une vieille au fond de mon cartable, pour mes cours), je ne fais pas les boutiques et j'ai horreur du jeu. Je suis un anti-consommateur par excellence (mais pas anti-consommation, chacun fait ce qu'il veut). Mais je sais qu'il n'y a pas de mal à ça.
Et les accusations de fraude? Pitié, respectons la Justice et les lois! Aucun fait n'est avéré, il n'y a même pas mise en examen. Un soupçon n'est pas une vérité, une accusation n'est pas une preuve. Julien Dray est innocent tant qu'il n'a pas été reconnu coupable, j'en reste là, c'est une question de principe. En attendant, on jette aux chiens un nom, un homme, une réputation, comme Mitterrand l'avait dit de Bérégovoy. Et c'est dégueulasse.
Y-t-il complot politique, en cette période de turbulences lycéennes, dont Juju est expert? Je ne crois pas, je n'ai pas le tempérament "complotiste". J'accuse plutôt l'emballement médiatique, le couple pervers de la justice et de sa mise en spectacle. Le PS n'a -t-il pas manqué de solidarité, en ne proclamant pas officiellement, au plus haut niveau, son soutien à Dray? Pitié, là encore. Cambadélis l'a très bien dit ce matin sur France-Inter: l'aurions-nous fait qu'on nous aurait soupçonné de protéger l'un des nôtres au mépris de la Justice, on nous aurait reproché un réflexe clanique. Encore une fois, il suffit de respecter la loi, c'est-à-dire la présomption d'innocence, qui n'a pas besoin de l'affichage ostentatoire et donc suspect d'une solidarité. Et puis, la vie n'existe pas qu'à la radio ou à la télévision. On peut soutenir autrement, tranquillement, discrètement le soldat Dray.
Bonne matinée.
La première fois où j'ai croisé Julien Dray, c'était à Paris, lors d'une manif, en 1984-1985, je ne sais plus exactement. A l'époque, je n'étais pas encore au PS mais je militais à SOS-Racisme, la petite main jaune, qui venait de se créer. Son leader était médiatique, charismatique, avec un nom fait pour ça: Harlem Désir. Dans l'ombre, à ses côtés, le conseiller, l'organisateur, l'intello de service, pas médiatique du tout lui, bougon: Julien Dray. Avec le temps, le second va devenir plus connu et plus influent que le premier. Tous les deux sont grosso modo de ma génération, autour de la cinquantaine.
Remarquez bien qu'après un quart de siècle de militantisme politique et associatif plutôt réussi, l'un et l'autre restent, au PS, des lieutenants plus que des généraux. C'est notre problème, reconnu par tous. Nous organisons très mal notre promotion interne. L'avancement se fait encore à l'ancienneté, pas vraiment au mérite.
Donc, Julien Dray a vécu un week-end d'enfer, avec l'accusation qui fait la plus mal quand on est socialiste: corruption, détournement d'argent, enrichissement personnel. A droite, on peut exhiber des signes extérieurs de richesse, c'est naturel, c'est normal, c'est bien vu. A gauche, il est interdit d'aimer les belles montres, les petites voitures de collection et les appareils-photos. Ou alors il faut se cacher. Si vous êtes découvert, on vous le reproche toute votre vie, on vous affuble de l'étiquette ironique et infamante de "gauche caviar", même quand vous ne faites que vous offrir un cassoulet un peu supérieur à la moyenne. Et quand on pense qu'une certaine gauche entre dans ce petit jeu-là!
Je lis que Juju serait un acheteur compulsif et, à ses heures, joueur de poker. Et alors? Quel est ce puritanisme qui nous assaille (et qui est très sélectif dans ses cibles)? Je suis mal placé pour juger de tout cela: je ne porte jamais de montre (j'en ai une vieille au fond de mon cartable, pour mes cours), je ne fais pas les boutiques et j'ai horreur du jeu. Je suis un anti-consommateur par excellence (mais pas anti-consommation, chacun fait ce qu'il veut). Mais je sais qu'il n'y a pas de mal à ça.
Et les accusations de fraude? Pitié, respectons la Justice et les lois! Aucun fait n'est avéré, il n'y a même pas mise en examen. Un soupçon n'est pas une vérité, une accusation n'est pas une preuve. Julien Dray est innocent tant qu'il n'a pas été reconnu coupable, j'en reste là, c'est une question de principe. En attendant, on jette aux chiens un nom, un homme, une réputation, comme Mitterrand l'avait dit de Bérégovoy. Et c'est dégueulasse.
Y-t-il complot politique, en cette période de turbulences lycéennes, dont Juju est expert? Je ne crois pas, je n'ai pas le tempérament "complotiste". J'accuse plutôt l'emballement médiatique, le couple pervers de la justice et de sa mise en spectacle. Le PS n'a -t-il pas manqué de solidarité, en ne proclamant pas officiellement, au plus haut niveau, son soutien à Dray? Pitié, là encore. Cambadélis l'a très bien dit ce matin sur France-Inter: l'aurions-nous fait qu'on nous aurait soupçonné de protéger l'un des nôtres au mépris de la Justice, on nous aurait reproché un réflexe clanique. Encore une fois, il suffit de respecter la loi, c'est-à-dire la présomption d'innocence, qui n'a pas besoin de l'affichage ostentatoire et donc suspect d'une solidarité. Et puis, la vie n'existe pas qu'à la radio ou à la télévision. On peut soutenir autrement, tranquillement, discrètement le soldat Dray.
Bonne matinée.
2 Comments:
Et pendant ce temps là c'est Frédéric Lefebvre qui fait le boulot de Martine Aubry!!
(cf: http://www.liberation.fr/politiques/0101307244-quand-l-ump-vole-au-secours-de-dray )
Que voulez vous ça l'arrange bien le clan Aubry.
Un ami de Ségolène en moin sans avoir à bouger le petit doigt(j'ose espérer).
Il y a eu Malek Boutih
Maintenant Dray
Après Vincent Peillon qui tout compétent qu'il est ne sera pas aux européennes!
J'espère que pour les deux premiers le clan Aubry ni est pour rien!
By Anonyme, at 6:50 PM
Si j'étais vous, je me méfierai de la bonté de la droite à l'égard d'un homme de gauche. C'est trop beau pour être honnête. A moins que les sarkozystes ne se sentent une solidarité avec les amateurs de belles montres.
Il n'y a pas de clan Aubry, et c'est précisément pour échapper à tout réflexe clanique qu'Aubry s'est abstenue de tout commentaire dans une affaire qui est strictement privée.
Votre jugement sur la préparation des européennes est manifestement partisan (et peut-être clanique?).
By Emmanuel Mousset, at 7:06 PM
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