Week-end de crise.
Un extra-terrestre qui aurait survolé la France ce week-end se serait interrogé: mais où est la terrible crise économique dont on nous parle depuis quelques mois et qui devrait sévir encore plus dans les prochains mois? Des millions de Français sont partis en vacances d'hiver, comme si de rien n'était. Les chiffres défilent, impressionnants, de fréquentation des gares, aéroports, routes et grands magasins.
Il ne se porte pas si mal que ça, ce fameux pouvoir d'achat en berne. Il y aura, nous le savons bien, dans les jours qui viennent, avalanche de ripailles et de cadeaux. Moi-même, qui m'était promis de rester cloîtré, comme chaque année, avec mes bouquins, mes projets, mon blog et vous, je crois que je vais partir, je ne vous dis pas où, continuez à me lire, vous aurez la surprise (ne cherchez pas, ce n'est pas le Berry!).
L'Union de samedi, pour qualifier ce grand rush, a titré "L'enfer des vacances", prenant soin d'utiliser les guillemets. Même avec cette précaution, l'expression est exagérée. Cet enfer-là ressemble quand même beaucoup à un paradis, et nombreux sont ceux, à travers le monde, qui voudraient être ainsi damnés.
Mais une vision d'extra-terrestre vaut ce qu'elle vaut. Quand on cesse de survoler, qu'on se rapproche de notre société, c'est moins joli-joli. Les illuminations peinent à cacher des zones très sombres, qui justifient qu'existe et que milite une gauche active:
1- D'abord la misère qui frappe une minorité et que ne compense pas le relatif bien-être de la grande majorité. Au contraire, il est scandaleux qu'une société riche tolère des dizaines de milliers de pauvres (au moins). Je ne parle même pas, ici, des gens modestes, précaires, confrontés à des difficultés, mais des SDF.
2- Ensuite le chômage, qui touche deux millions de personnes, qui ne recule pas depuis un quart de siècle, qui est un mal autant sinon plus psychologique que matériel. Et notre président, qui a fait de la "valeur travail" l'alpha et l'oméga de l'existence n'a pas arrangé les choses, en portant le soupçon sur celui qui ne travaille pas, en le culpabilisant. Un toit, un travail, ça devrait être le minimum que vous accorde la société. Pour beaucoup de nos concitoyens, on en est loin.
3- Enfin et surtout les inégalités, qui se sont considérablement accrues ces vingt dernières années, que rien ne justifie, et pas cette "valeur travail" dont nous barbe Sarkozy. Des millions de travailleurs ont beau travailler plus, éventuellement pour gagner un peu plus, ils sont encore à une distance sidérale de ce que gagne la caste des rentiers et des spéculateurs.
La droite est sensible à la misère et veut la réduction du chômage, je n'en doute pas. Mais les inégalités, elle ne voit nulle raison de les réduire, parce qu'elles sont, pour elle, naturelles, et parce que ceux qui en profitent la financent ou militent dans ses rangs. C'est pourquoi ce dernier combat est spécifiquement de gauche, à la différence des deux premiers.
Des collectivités locales, en ces jours de festivités, ont choisi de moins pavoiser, d'économiser. C'est heureux. Je n'ai jamais compris qu'on puisse recevoir des cartes de voeux grandes comme un menu de restaurant qui serait imprimé sur papier glacé. Je ne comprends pas non plus que le champagne coule à flot et qu'on croule sous des montagnes d'amuse-gueule et petits fours lors des réceptions de fin d'année. Je le dis sans démagogie ni puritanisme: il faudrait peut-être songer à limiter ces mondanités de pacotille. La crise nous y invite, tant mieux.
Encore mieux est la décision de la municipalité d'Angers, que j'ai retenue puisque j'ai bien connu la ville, en 1983-1984, ayant travaillé et vécu là-bas: elle a gelé les tarifs des services publics pour six mois (le prix d'entrée de la piscine, par exemple), alors que le début d'année est l'occasion des traditionnelles augmentations. Très bien. Angers est conservatrice, mais son maire est de gauche. Tout le contraire de Saint-Quentin!
Bon après-midi.
Il ne se porte pas si mal que ça, ce fameux pouvoir d'achat en berne. Il y aura, nous le savons bien, dans les jours qui viennent, avalanche de ripailles et de cadeaux. Moi-même, qui m'était promis de rester cloîtré, comme chaque année, avec mes bouquins, mes projets, mon blog et vous, je crois que je vais partir, je ne vous dis pas où, continuez à me lire, vous aurez la surprise (ne cherchez pas, ce n'est pas le Berry!).
L'Union de samedi, pour qualifier ce grand rush, a titré "L'enfer des vacances", prenant soin d'utiliser les guillemets. Même avec cette précaution, l'expression est exagérée. Cet enfer-là ressemble quand même beaucoup à un paradis, et nombreux sont ceux, à travers le monde, qui voudraient être ainsi damnés.
Mais une vision d'extra-terrestre vaut ce qu'elle vaut. Quand on cesse de survoler, qu'on se rapproche de notre société, c'est moins joli-joli. Les illuminations peinent à cacher des zones très sombres, qui justifient qu'existe et que milite une gauche active:
1- D'abord la misère qui frappe une minorité et que ne compense pas le relatif bien-être de la grande majorité. Au contraire, il est scandaleux qu'une société riche tolère des dizaines de milliers de pauvres (au moins). Je ne parle même pas, ici, des gens modestes, précaires, confrontés à des difficultés, mais des SDF.
2- Ensuite le chômage, qui touche deux millions de personnes, qui ne recule pas depuis un quart de siècle, qui est un mal autant sinon plus psychologique que matériel. Et notre président, qui a fait de la "valeur travail" l'alpha et l'oméga de l'existence n'a pas arrangé les choses, en portant le soupçon sur celui qui ne travaille pas, en le culpabilisant. Un toit, un travail, ça devrait être le minimum que vous accorde la société. Pour beaucoup de nos concitoyens, on en est loin.
3- Enfin et surtout les inégalités, qui se sont considérablement accrues ces vingt dernières années, que rien ne justifie, et pas cette "valeur travail" dont nous barbe Sarkozy. Des millions de travailleurs ont beau travailler plus, éventuellement pour gagner un peu plus, ils sont encore à une distance sidérale de ce que gagne la caste des rentiers et des spéculateurs.
La droite est sensible à la misère et veut la réduction du chômage, je n'en doute pas. Mais les inégalités, elle ne voit nulle raison de les réduire, parce qu'elles sont, pour elle, naturelles, et parce que ceux qui en profitent la financent ou militent dans ses rangs. C'est pourquoi ce dernier combat est spécifiquement de gauche, à la différence des deux premiers.
Des collectivités locales, en ces jours de festivités, ont choisi de moins pavoiser, d'économiser. C'est heureux. Je n'ai jamais compris qu'on puisse recevoir des cartes de voeux grandes comme un menu de restaurant qui serait imprimé sur papier glacé. Je ne comprends pas non plus que le champagne coule à flot et qu'on croule sous des montagnes d'amuse-gueule et petits fours lors des réceptions de fin d'année. Je le dis sans démagogie ni puritanisme: il faudrait peut-être songer à limiter ces mondanités de pacotille. La crise nous y invite, tant mieux.
Encore mieux est la décision de la municipalité d'Angers, que j'ai retenue puisque j'ai bien connu la ville, en 1983-1984, ayant travaillé et vécu là-bas: elle a gelé les tarifs des services publics pour six mois (le prix d'entrée de la piscine, par exemple), alors que le début d'année est l'occasion des traditionnelles augmentations. Très bien. Angers est conservatrice, mais son maire est de gauche. Tout le contraire de Saint-Quentin!
Bon après-midi.
8 Comments:
la plus grande misere qui soit,
c'est celle de la misere humaine
et ce n'est pas dans les rues qu'on la trouve le plus à cette période,
plutot dans les rayons de nos centres commerciaux.
Voir tous ces gens heureux de surpayer des produits de médiocre qualité pour faire comme les autres.
On peut s'interroger sur ce qu'est réellement la liberté.
Si etre libre, c'est se sentir obligé d'etre moutonniers
alors c'est que la liberté n'existe pas.
Je ne conteste bien évidement pas le loisir que peuvent avoir les individus de se faire plaisir.
Ce qui m'interroge,
c'est de constater qu'ils soient bien souvent si peu regardant en terme de qualités.
Le commerce, chacun doit y trouver son compte et en avoir pour son argent.
Or, meme sur les produits alimentaires,
il semblerait qu'il y ait de la spéculation puisqu'à prix équivalent,
on trouve différent niveaux de qualité de produits.
Un produit cher peut etre un produit de bonne qualité,
comme il peut etre un produit de qualité médiocre.
Mais ne trouve-t-on pas aussi à salaire équivalent des gens qui produisent un travail de qualité, là où d'autres produisent un travail médiocre.
or il me semble qu'une société juste devrait etre une société où dans une certaine mesure,
le prix est fonction de la qualité.
By grandourscharmant, at 6:51 PM
Il y a des moments où il faut savoir ne pas faire de philosophie: la misère, c'est quand on se les gèle, sans le sou, et nulle part où dormir. Le reste, ce n'est pas de la misère.
By Emmanuel Mousset, at 10:17 PM
vous avez une vision tres matérialiste de la misere ou plutot de ce que vous estimez etre le confort.
je vais vous conseiller 2 philosophes que vos vacances devraient vous permettre de découvrir,
Diogene de Sinope figure de l'école cynique
et Epictete, philosphe de l'école stoïcienne.
Cela vous évitera peut etre de préférer la raison à un pseudo sentimentalisme.
Si c'est cela pour vous la misere,
arretez de parler agissez,
combien comptez vous en accueuillir chez vous pour lutter contre cette situation.
Toute autre attitude que celle là n'est que pure réthorique.
Et il est bien affligeant que vous ne fassiez pas le lien entre les 2 attitudes.
By grandourscharmant, at 2:00 PM
Diogène et Epictète ne prônent pas la misère mais la simplicité. Ce n'est pas parce qu'on vit dans un tonneau qu'on est un sage. N'est pas Diogène qui veut!
Quant à la lutte économique contre la misère, vous proposez de réquisitionner ma maison pour en faire un foyer d'accueil. C'est très gentil mais je préfère laisser l'Etat et les collectivités construire les lieux spécialisés et mener les politiques adéquates.
By Emmanuel Mousset, at 2:37 PM
que ce soit les autres qui s'engagent plutot que vous,
l'état est finalement un merveilleux paravent.
Pardonnez moi, mais ce n'est pas ainsi que j'ai été élevé attendre que les autres fassent ce que je ne fais pas.
Pourtant si chaque socialiste qui a le coeur sur la main, c'est à dire tous, adoptaient un sdf,
le probleme serait réglé.
Et ça irait bien plus vite que d'attendre que l'état fasse quelque chose,
car apres un état,
ce sont les citoyens qui le composent.
By grandourscharmant, at 7:07 PM
Et vous GOC, combien en avez-vous accueilli chez vous ? Vu que la gauche, elle est pas gentille et méchante tout plein, peut être que la droite devrait nous montrer l'exemple.
Pitoyable.
L.E.
By Anonyme, at 12:14 AM
GOC,
Je vous conseille Rousseau et "du contrat social". Peut être cela éclairera t'il un tant soit peu votre vision de l'état et de ce qu'il doit être.
L.E.
By Anonyme, at 12:16 AM
GOC,
Allez sur le site de JJ Thomas, pour voir ce que les socialistes font pour noël.
L.E.
By Anonyme, at 12:19 AM
Enregistrer un commentaire
<< Home