L'Aisne avec DSK

25 janvier 2009

Tout nouveau tout beau.

Bonjour à toutes et à tous.

Certains, le dimanche matin, lisent le missel. Moi, c'est la presse, les articles que je n'ai pas eu le temps de consulter dans la semaine. Ainsi ce papier paru dans Libération de mercredi, en dernière page, dans la rubrique "portrait", consacrée à Leïla Shaibi, une jeune femme que je ne connaissais pas. Qui est-elle? Ce qu'on appelle une "nouvelle militante"*. En quoi consiste cette jeune génération politique? Quatre caractéristiques:

1- La dérision: Shaibi a fondé un mouvement au nom étrange, l'Appel et la pioche, pour "enterrer la faucille et le marteau", au profit d'une nouvelle radicalité qui se substitue à l'ancienne.

2- L'activisme: le but est de lutter contre "la vie chère" en organisant des pique-niques sauvages dans les supermarchés, en se servant dans les rayons, bien sûr sans payer.

3- La dimension médiatique: tout action politique de ce genre devient un événement répercuté par les médias et programmé pour les médias.

4- Le zapping: "On ne s'engage pas corps et âme. Tout se fait au coup par coup. Dans six mois, ça nous aura saoulés", explique Leïla Shaibi, pour justifier la spontanéité et la confiance.

Je ne doute pas que ces "nouveaux militants" seront ceux de demain, qu'ils sont donc des précurseurs. A ce titre, il faut observer de près ce qui se passe, et si possible s'en inspirer. Mais, en tant qu'ancien militant, j'ai des questions et des doutes:

a- Le militantisme traditionnel était sérieux et même austère. Un peu d'humour ne fait pas de mal, mais j'ai tendance à croire que la politique ne s'y prête pas trop, sinon au risque du malentendu, car l'humour est souvent sujet à diverses interprétations.

b- L'activisme, pendant longtemps, a été dénoncé comme étant un gauchisme qui aurait mal tourné. Le terme d'ailleurs est péjoratif, mais aujourd'hui revendiqué. Sarkozy lui-même a un côté activiste. L'action comme finalité de la politique, je n'y crois pas: faire oui, mais agir c'est autre chose. Des gens qui agissent, j'en connais pas mal; mais font-ils quelque chose? Pas nécessairement.

c- Les médias, c'est important, et ce n'est pas moi qui dirais le contraire. Mais le tout médiatique n'est pas bon. Et puis, une radicalité qui se moule dans la logique médiatique d'une société qu'elle est censée dénoncer, ça m'interroge...

d- Le zapping, je veux bien. Moi-même j'aime la diversité des initiatives. Mais faire quelque chose sur un coup de tête, parce que ça nous "branche", non, ce n'est pas concevable, l'action politique exige la durée.


Nouveaux et anciens militants,
bon dimanche.


* "Jeudi noir ou les Nouveaux militants", de Simon Cottin-Marx.