L'Aisne avec DSK

21 janvier 2009

Un événement américain.

L'investiture de Barack Obama a été essentiellement un événement américain. Qu'est-ce que j'entends par là? Que tout, dans le déroulement de la cérémonie, l'usage des symboles, le contenu du discours s'adressait à l'Amérique et aux Américains. Or, le monde entier, y compris la France, pourtant réputée pour son vieux fond d'anti-américanisme, a été fasciné, toute la journée d'hier, par un événement qui n'était pas le sien. Je me demande même si, chez nous, nous n'en aurions pas fait autant pour un président français nouvellement élu.

Bien sûr, l'élection d'un métis à la tête d'une puissance fortement marquée par le racisme est, pour elle, un extraordinaire événement. Mais pas vraiment pour la République française, universaliste, qui a toujours répugné, à tort ou à raison, au communautarisme. Bien sûr ce président américain aura une influence sur le monde. Mais est-il bon de placer notre avenir dans les décisions d'un autre pays, aussi positives soient-elles? En regardant, fascinés, l'Amérique, c'est l'Europe qu'on ne regarde plus et le multilatéralisme qu'on oublie.

Certains se sont étonnés que le nouveau président ne disent rien, ces derniers jours, de ce qui se passe à Gaza. Mais que croient-ils? Que l'opinion américaine se passionne pour cela? Evidemment non, pas plus que l'opinion française ne s'est émue en août dernier que la Russie envahisse la Géorgie (qui s'en souvient?). Obama n'est pas un citoyen du monde, il est moins ouvert à l'Europe que Clinton, il parle en héros américain. Son discours s'est référé à Dieu et à la Bible, à l'histoire américaine, il a appelé à "la refondation de l'Amérique", il a rappelé que "notre nation est en guerre" et que "nous sommes prêts à jouer à nouveau notre rôle dirigeant".

Comme toute la gauche, je me réjouis de la tonalité de son discours économique et social, cependant moins à gauche, par exemple sur la santé et sa protection, qu'Hillary Clinton. Je suis satisfait d'entendre que Guatanamo va sans doute fermer et que les troupes vont quitter l'Irak. Mais ça ne modifie substantiellement pas le fond de son message, lors de cette cérémonie où aucun chef d'Etat étranger n'était invité. Preuve s'il en est que l'Amérique s'est adressée à elle-même, ce qui est bien normal. Mais ce qui est moins normal, c'est que les médias, les classes dirigeantes et les opinions publiques du monde entier se soient à ce point, excessif, démesuré, sentis concernés et mobilisés. C'est à mon avis la première fois depuis je ne sais plus quand, et peut-être comme jamais.


Bonne nuit américaine.

6 Comments:

  • surtout dans ce que ça a couté d'ailleurs.

    Il est plaisant de voir certains fascinés par les millions d'obama
    louer sa cérémonie d'investiture

    quand les memes sont critiques sur les quelques milliers qui auront été dépensé pour les cérémonies de voeux par exemple ici.

    2 poids 2 mesures
    ou juste qu'on est toujours plus généreux quand il s'agit de dépenser l'argent des autres.

    By Blogger grandourscharmant, at 8:12 AM  

  • il y a longtemps que je ne suis pas intervenue sur ce blog. j'ai regardé l'investiture d'obama car c'est la premiére fois de ma vie que j'ai la disponibilité pour voir en "live" ce que l'on m'a enseigné en fac de droit .bon il a suivi le rituel et , bon, c'était cool à regarder . par contre mon ressenti : obama est un mec habité, authentique et intégre. son job : étre président des états unis. et si il reste intégre il sera le président des états unis: donc priorité USA et les autres R A B.Par contre ça me fait pitié la jalousie du ptit nico, la démence de ségo, et surtout les français qui vivent pr procuration ce qu'ils n'ont pas les couilles de faire . val

    By Blogger Valérie, at 10:09 AM  

  • Content de te revoir, Val. Tu n'as pas changé, toujours très préoccupée par les couilles, à ce que je peux lire.

    Après ce petit mot de bienvenue, venons-en au fond: comme toi, j'ai eu le sentiment que les Français vivaient cette cérémonie par procuration, ce qui est politiquement très inquiétant. L'obamania est, chez nous, un signe de déclin, tout comme ce fameux "Yes we can" qui désormais ponctue les discours de tous ceux qui n'ont rien à dire, et ils sont fort nombreux.

    Pour l'intégrité d'Obama et l'usage qu'il fera de la fonction, j'attends de voir, je reste prudent, je n'ai pas ton "ressenti".

    Quant à Sarkozy, il se croyait le roi du monde et se rend compte qu'il n'existe plus. Pas un coup de fil de Barack pour lui remonter le moral! Comme si l'Amérique s'en battait les couilles, pour reprendre une expression que tu chéris.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:41 PM  

  • A l'ours:

    Vous ne pouvez pas mettre sur le même plan l'investiture d'un président et une cérémonie des voeux à Triffouilly-les-Oies.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:42 PM  

  • On est pas pret de voir celà en France, voyez cette article

    http://www.lunion.presse.fr/index.php/cms/13/article/240160/Skinheads___lumiere_sur_une_mouvance_de_l_ombre

    By Anonymous Anonyme, at 8:43 PM  

  • http://www.lunion.presse.fr/index.php/cms/13/article/240160/Skinheads___lumiere_sur_une_mouvance_de_l_ombre

    By Anonymous Anonyme, at 8:44 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home