Vive la vélorution!
Bonsoir à toutes et à tous.
Lire un livre en une heure et qui vous fait réfléchir des heures, c'est rare mais ça existe. Et je m'en réjouis, parce que j'en ai marre des bouquins bavards de 400-500 pages qui mobilisent au moins quinze jours de votre existence. L' "Eloge de la bicyclette" de Marc Augé, 88 pages, chez Manuels Payot, paru en 2008, est un vrai petit régal. C'est bourré d'idées, c'est très politique, malgré le titre. Je suis en terrain connu: en 2005, lors de l'étape du Tour de France à Saint-Quentin, j'avais organisé un après-midi théâtro-philosophico-culturel autour du vélo.
Le vélo! Il a été pendant longtemps le symbole de la classe ouvrière, qui l'enfourchait pour aller à l'usine. La voiture, c'était pour les cadres et le patron. Aujourd'hui, c'est fini: le bobo s'entiche du vélo et l'ouvrier veut sa bagnole sur le parking, pour faire la nique au patron (voyez un peu où va se nicher la lutte des classes!).
Le vélo, c'est aussi l'enfance, plus exactement le passage à l'adolescence. On a oublié la révolution qu'a entraînée dans nos vies notre première bicyclette: terminé le parcours à pattes, avec les pédales on se déplace, on devient autonome, on va loin. Mon premier vélo, je l'ai eu à douze ans, un cadeau de communion, avec un beau stylo, un appareil-photo Polaroïd et une montre de plongée (alors que je ne sais même pas nager!). Je l'ai gardé quinze ans, puis il s'est cassé dans un accident quand j'étais facteur à Pantin.
Augé, qui est l'un des sociologues français les plus originaux, fait remarquer que le vélo est l'une des rares activités que l'usage du téléphone portable n'a pas pollué. On y reste soi-même, dans l'instant présent de l'effort et des paysages. En parlant de paysages, c'est ce qu'a fait découvrir le Tour de France quand la télévision s'en est emparée. Après la classe ouvrière et l'enfance, le vélo, c'est la France!
Et puis, il y a la révolution bourgeoise, boboïste, du Vélib', à laquelle j'ai personnellement assisté, étant à Paris en août 2007, un peu comme si j'avais vu la prise de la Bastille en direct (reportez-vous aux archives de ce blog, à cette date). C'est là où le vélo devient politique, où son utilisation subvertit l'organisation de la cité. Je vous cite Augé, p. 52:
"L'enjeu du recours à la bicyclette n'est donc pas mince. Il est de savoir si, face à la montée d'un urbanisme galopant qui menace de réduire la ville ancienne à une coquille vide, de la transformer en décor pour touristes ou en musée de plein air, quelque chose peut lui être restitué de sa dimension symbolique et de sa vocation initiale à favoriser les rencontres les plus imprévues".
Bref, la bicyclette est un enjeu de civilisation, rien moins que ça! Dans son chapitre 3, intitulé "L'utopie", Marc Augé se lance dans la description d'une société transformée par le vélo, le cyclisme devenant pour lui la 3ème voie entre le libéralisme et le socialisme (p. 80)! Et un peu plus loin (p. 86), il va encore plus loin, le vélo prenant quasiment une dimension métaphysique: "Je pédale, donc je suis". C'est lui qui le dit!
La bicyclette devient une expérience philosophique, une épreuve existentielle, qui met en jeu la responsabilité individuelle et notre conscience de l'espace, du temps et de la réalité. Avec ces derniers mots qui achèvent le livre: "Le cyclisme est un humaniste". Pas de doute, Marc Augé est le Jean-Paul Sartre du vélo, après en avoir été le Descartes!
Bonne soirée.
Lire un livre en une heure et qui vous fait réfléchir des heures, c'est rare mais ça existe. Et je m'en réjouis, parce que j'en ai marre des bouquins bavards de 400-500 pages qui mobilisent au moins quinze jours de votre existence. L' "Eloge de la bicyclette" de Marc Augé, 88 pages, chez Manuels Payot, paru en 2008, est un vrai petit régal. C'est bourré d'idées, c'est très politique, malgré le titre. Je suis en terrain connu: en 2005, lors de l'étape du Tour de France à Saint-Quentin, j'avais organisé un après-midi théâtro-philosophico-culturel autour du vélo.
Le vélo! Il a été pendant longtemps le symbole de la classe ouvrière, qui l'enfourchait pour aller à l'usine. La voiture, c'était pour les cadres et le patron. Aujourd'hui, c'est fini: le bobo s'entiche du vélo et l'ouvrier veut sa bagnole sur le parking, pour faire la nique au patron (voyez un peu où va se nicher la lutte des classes!).
Le vélo, c'est aussi l'enfance, plus exactement le passage à l'adolescence. On a oublié la révolution qu'a entraînée dans nos vies notre première bicyclette: terminé le parcours à pattes, avec les pédales on se déplace, on devient autonome, on va loin. Mon premier vélo, je l'ai eu à douze ans, un cadeau de communion, avec un beau stylo, un appareil-photo Polaroïd et une montre de plongée (alors que je ne sais même pas nager!). Je l'ai gardé quinze ans, puis il s'est cassé dans un accident quand j'étais facteur à Pantin.
Augé, qui est l'un des sociologues français les plus originaux, fait remarquer que le vélo est l'une des rares activités que l'usage du téléphone portable n'a pas pollué. On y reste soi-même, dans l'instant présent de l'effort et des paysages. En parlant de paysages, c'est ce qu'a fait découvrir le Tour de France quand la télévision s'en est emparée. Après la classe ouvrière et l'enfance, le vélo, c'est la France!
Et puis, il y a la révolution bourgeoise, boboïste, du Vélib', à laquelle j'ai personnellement assisté, étant à Paris en août 2007, un peu comme si j'avais vu la prise de la Bastille en direct (reportez-vous aux archives de ce blog, à cette date). C'est là où le vélo devient politique, où son utilisation subvertit l'organisation de la cité. Je vous cite Augé, p. 52:
"L'enjeu du recours à la bicyclette n'est donc pas mince. Il est de savoir si, face à la montée d'un urbanisme galopant qui menace de réduire la ville ancienne à une coquille vide, de la transformer en décor pour touristes ou en musée de plein air, quelque chose peut lui être restitué de sa dimension symbolique et de sa vocation initiale à favoriser les rencontres les plus imprévues".
Bref, la bicyclette est un enjeu de civilisation, rien moins que ça! Dans son chapitre 3, intitulé "L'utopie", Marc Augé se lance dans la description d'une société transformée par le vélo, le cyclisme devenant pour lui la 3ème voie entre le libéralisme et le socialisme (p. 80)! Et un peu plus loin (p. 86), il va encore plus loin, le vélo prenant quasiment une dimension métaphysique: "Je pédale, donc je suis". C'est lui qui le dit!
La bicyclette devient une expérience philosophique, une épreuve existentielle, qui met en jeu la responsabilité individuelle et notre conscience de l'espace, du temps et de la réalité. Avec ces derniers mots qui achèvent le livre: "Le cyclisme est un humaniste". Pas de doute, Marc Augé est le Jean-Paul Sartre du vélo, après en avoir été le Descartes!
Bonne soirée.
12 Comments:
Georges Brassens
MARINETTE
Quand j'ai couru chanter ma petite chanson pour Marinette
La belle, la traîtresse était allée à l'opéra
Avec ma petit chanson, j'avais l'air d'un con ma mère,
Avec ma petit chanson, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru porte mon pot de moutarde à Marinette
La belle, la traîtresse avait déjà fini de dîner
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con ma mère,
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con.
Quand j'offris pour étrennes une bicyclette à Marinette
La belle, la traîtresse avait acheté une auto,
Avec mon petit vélo, j'avais l'air d'un con ma mère,
Avec mon petit vélo, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru tout chose au rendez-vous de Marinette
La belle disait: "Je t'adore" à un sale type qui l'embrassait
Avec mon bouquet de fleurs, j'avais l'air d'un con ma mère,
Avec mon bouquet de fleurs, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru brûler la petite cervelle à Marinette
La belle était déjà morte d'un rhume mal placé,
Avec mon revolver, j'avais l'air d'un con ma mère,
Avec mon revolver, j'avais l'air l'air d'un con.
Quand j'ai couru lugubre à l'enterrement de Marinette
La belle, la traîtresse était déjà réssuscitée
Avec ma petit couronne, j'avais l'air d'un con ma mère,
Avec ma petit couronne, j'avais l'air d'un con.
By grandourscharmant, at 2:00 PM
Vous chantez très bien. Le thème "J'avais l'air d'un con" a l'air de vous inspirer.
By Emmanuel Mousset, at 10:20 PM
Il me suffit de me penser à vous et de m'imaginer à votre place
et ça vient tout seul.
By grandourscharmant, at 11:12 PM
Alors c'est que vous faites erreur sur la personne.
By Emmanuel Mousset, at 11:30 PM
pourquoi ?
parce que je vous prends pour ce que vous etes
et non pas pour ce que vous croyez etre.
By grandourscharmant, at 1:41 AM
Vous savez tout: sur le PS, sur moi, sur n'importe quoi (sauf sur l'UMP). Vous êtes Dieu ou quoi?
By Emmanuel Mousset, at 1:58 PM
moi,
je ne connais rien à rien
et pourtant, j'en sais plus long que vous dans bien des domaines.
Mais vous persistez à etre convaincu que vous en savez plus que moi.
Qui de nous deux se prend pour dieu.
Moi, je peux soutenir ce que j'avance
alors que vous...
By grandourscharmant, at 5:44 PM
Soutenez plutôt les grévistes et les manifestants de jeudi, ce sera plus utile.
Vous ne savez que vous comparez à moi. Pourtant, à ce petit jeu, vous êtes perdant. Pourquoi vous obstiner?
By Emmanuel Mousset, at 9:54 AM
et me privez de moment tels que celui là ?
qui mieux que vous symbolise ce que peut etre un perdant
Et pourtant vous vous obstinez à expliquer que tous les autres sont des perdants alors que vous,
non.
pour répondre à votre question,
cela doit surement etre de la cruauté de ma part.
By grandourscharmant, at 12:49 PM
Non, je n'ai aucun problème à reconnaître que je suis un perdant. Mais mieux vaut perdre dans la vérité que gagner dans le mensonge. Et puis, perdant aujourd'hui, gagnant demain...
By Emmanuel Mousset, at 6:05 PM
non non
vous en etes le brillant exemple
perdant hier,
perdant aujourd'hui
et demain...
Ces choses là ne se font pas à l'ancienneté demander à certains plus brillants que vous et qui eux aussi ont eu leur lot d'échecs.
By grandourscharmant, at 8:15 PM
Il n'y a que les fous qui prétendent lire l'avenir.
By Emmanuel Mousset, at 9:33 AM
Enregistrer un commentaire
<< Home