Les heighties.
Bonjour à toutes et à tous.
Pendant longtemps, j'ai cru que les années 1965-1975 avaient été charnière entre deux mondes, l'ancien et le contemporain. A ma grande déception personnelle, puisque je n'ai pas vraiment connu cette période, étant enfant, et ayant eu 20 ans dans la décennie suivante. Aujourd'hui, je révise mon jugement. Et si le basculement de notre société dans la modernité s'était produit dans les années 1975-1985? Et si elles avaient été révolutionnaires et pas, comme je les ai vécues, réactionnaires (même si j'avais quelque raison de le penser)?
Qu'est-ce qui me fait maintenant penser ça? D'abord une émission sur les années 1980, sur France 3, le 29 décembre, dont je n'ai pas eu encore le temps de vous parler et qui m'a remis, avec la distance, plein de choses en tête. Et puis une lecture, celle de "La France morcelée", de Jean-Pierre Le Goff, qui écrit ceci, p. 16, en poche, chez Filio: "la seconde moitié des années 70 et dans les années 80, moment charnière où les changements en oeuvre dans la société ont déstabilisé nombre de repères collectifs antérieurs".
Les années 80 surtout sont celles des premières fois, heureuses et malheureuses:
1- Les premières radios et des télés privées. Ce monde des médias qui influence tant l'opinion s'est mis en place à ce moment-là.
2- La première femme à présenter un journal télévisé, Christine Ockrent. Une grande victoire du féminisme, apparu dans la décennie précédente.
3- L'apparition du sida, qui va limiter la libération sexuelle, réintroduire du tragique dans une émancipation jusque là heureuse.
4- La réapparition de l'extrême droite, sous les traits du soudard Le Pen, une famille politique qui était marginalisée depuis la Libération et à laquelle plus personne ne croyait.
Les valeurs d'aujourd'hui sont apparues à cette époque, les heighties:
a- L'argent, que je croyais définitivement dévalué après 1968, qui revient alors en force, avec Tapie et Fabius pour défendre les vertus de l'entreprise et de "la France qui gagne" (de l'argent bien sûr).
b- Le sport, que je croyais définitivement moqué avec l'insulte de Coluche ("sportif!") et qui devient à la mode, encore aujourd'hui avec notre président qui fait son jogging.
c- Le sexe, que le "carré blanc" des années 70 bannissait de la télévision, envahit le petit écran dans les années 80.
e- La dérision, par laquelle des émissions de plus en plus nombreuses vont s'attaquer aux grands et aux petits de ce monde.
Je comprends mieux pourquoi ces années 75-85 m'ont déplu: elles rompaient avec l'héritage soixante-huitard (l'extrême droite, le sport, l'argent). Mais elles sont ambivalentes, puisqu'elles poursuivaient et accomplissaient une partie de l'inspiration contestataire (les médias libérés, la femme promue, le sexe sans complexe, la dérision généralisée).
Bon après-midi.
Pendant longtemps, j'ai cru que les années 1965-1975 avaient été charnière entre deux mondes, l'ancien et le contemporain. A ma grande déception personnelle, puisque je n'ai pas vraiment connu cette période, étant enfant, et ayant eu 20 ans dans la décennie suivante. Aujourd'hui, je révise mon jugement. Et si le basculement de notre société dans la modernité s'était produit dans les années 1975-1985? Et si elles avaient été révolutionnaires et pas, comme je les ai vécues, réactionnaires (même si j'avais quelque raison de le penser)?
Qu'est-ce qui me fait maintenant penser ça? D'abord une émission sur les années 1980, sur France 3, le 29 décembre, dont je n'ai pas eu encore le temps de vous parler et qui m'a remis, avec la distance, plein de choses en tête. Et puis une lecture, celle de "La France morcelée", de Jean-Pierre Le Goff, qui écrit ceci, p. 16, en poche, chez Filio: "la seconde moitié des années 70 et dans les années 80, moment charnière où les changements en oeuvre dans la société ont déstabilisé nombre de repères collectifs antérieurs".
Les années 80 surtout sont celles des premières fois, heureuses et malheureuses:
1- Les premières radios et des télés privées. Ce monde des médias qui influence tant l'opinion s'est mis en place à ce moment-là.
2- La première femme à présenter un journal télévisé, Christine Ockrent. Une grande victoire du féminisme, apparu dans la décennie précédente.
3- L'apparition du sida, qui va limiter la libération sexuelle, réintroduire du tragique dans une émancipation jusque là heureuse.
4- La réapparition de l'extrême droite, sous les traits du soudard Le Pen, une famille politique qui était marginalisée depuis la Libération et à laquelle plus personne ne croyait.
Les valeurs d'aujourd'hui sont apparues à cette époque, les heighties:
a- L'argent, que je croyais définitivement dévalué après 1968, qui revient alors en force, avec Tapie et Fabius pour défendre les vertus de l'entreprise et de "la France qui gagne" (de l'argent bien sûr).
b- Le sport, que je croyais définitivement moqué avec l'insulte de Coluche ("sportif!") et qui devient à la mode, encore aujourd'hui avec notre président qui fait son jogging.
c- Le sexe, que le "carré blanc" des années 70 bannissait de la télévision, envahit le petit écran dans les années 80.
e- La dérision, par laquelle des émissions de plus en plus nombreuses vont s'attaquer aux grands et aux petits de ce monde.
Je comprends mieux pourquoi ces années 75-85 m'ont déplu: elles rompaient avec l'héritage soixante-huitard (l'extrême droite, le sport, l'argent). Mais elles sont ambivalentes, puisqu'elles poursuivaient et accomplissaient une partie de l'inspiration contestataire (les médias libérés, la femme promue, le sexe sans complexe, la dérision généralisée).
Bon après-midi.
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