Le cri qui tue.
Bonsoir à toutes et à tous.
Vous vous souvenez de ce sketch de Bigard "le cri primaire"? L'histoire d'un gars qui se met à crier pour se libérer, parce qu'on a toujours une raison de crier contre quelqu'un ou quelque chose et qu'on a toujours envie, par ce moyen, de se libérer. Sauf que ce n'est pas qu'un sketch, c'est aussi une nouvelle pratique militante, inaugurée hier soir à Saint-Quentin: six personnes se sont réunies, à 18h15, près de l'Hôtel de Ville, pour crier. Crier quoi, contre quoi? Rien de particulier, tout en général, gueuler sur ce qui ne va pas (si j'ai bien compris). Ça dure cinq minutes, on crie trois fois "Y'en a marre", et puis on s'en va, c'est fini. Rendez-vous la semaine prochaine, même jour, même heure, même cri.
Bizarre, non? On se demande à quoi ça sert, quel est l'impact. Le "concept", paraît-il, vient de Lille. Je rapproche cette initiative de celles des "nouveaux militants", dont je vous en ai parlé dans un récent billet. J'avoue mon désappointement, je ne me vois pas en train de faire ça. Mais comme je suis curieux de nature, je m'interroge: puisque manifestement ça ne sert à rien de gueuler dans le vide, tout ça veut dire quoi? Ce que je remarque (car je ne crois pas à la spontanéité des actions), c'est que les initiatrices sont des enseignantes de la mouvance radicale, à la croisée de SUD et du NPA.
Pourquoi pas, me direz-vous? Un coup de gueule, ça ne mange pas de pain. Si vous voulez, mais je n'en suis pas si sûr que ça. De quoi le mouvement social a-t-il aujourd'hui besoin? D'organisations syndicales puissantes, renforcées, grâce à un militantisme patient, laborieux, discret. Tout le contraire de ces coups d'éclat, actions médiatiques (le Courrier Picard en fait une couverture qui dépasse largement l'événement, et qui finit par le créer très artificiellement), dont je crains qu'ils ne remettent en cause l'action syndicale, plus sérieuse, plus collective, moins individualiste, moins ponctuelle, moins fun.
Clémence Gélin, l'une des "crieuses", crache d'ailleurs le morceau: "Les syndicats ne font pas trop leur boulot". Mais si, les syndicats font leur boulot! Et dans un contexte économique, social et culturel très difficile pour eux. Car l'air du temps n'est pas à l'engagement collectif et durable, il est à ces actions qui "ne demandent pas beaucoup d'investissement, pas beaucoup de temps", selon une crieuse. Permettez-moi ce soir, même si je dois être à contre-courant, de défendre une autre conception de l'action politique.
Bonne soirée,
et ne criez pas...
Vous vous souvenez de ce sketch de Bigard "le cri primaire"? L'histoire d'un gars qui se met à crier pour se libérer, parce qu'on a toujours une raison de crier contre quelqu'un ou quelque chose et qu'on a toujours envie, par ce moyen, de se libérer. Sauf que ce n'est pas qu'un sketch, c'est aussi une nouvelle pratique militante, inaugurée hier soir à Saint-Quentin: six personnes se sont réunies, à 18h15, près de l'Hôtel de Ville, pour crier. Crier quoi, contre quoi? Rien de particulier, tout en général, gueuler sur ce qui ne va pas (si j'ai bien compris). Ça dure cinq minutes, on crie trois fois "Y'en a marre", et puis on s'en va, c'est fini. Rendez-vous la semaine prochaine, même jour, même heure, même cri.
Bizarre, non? On se demande à quoi ça sert, quel est l'impact. Le "concept", paraît-il, vient de Lille. Je rapproche cette initiative de celles des "nouveaux militants", dont je vous en ai parlé dans un récent billet. J'avoue mon désappointement, je ne me vois pas en train de faire ça. Mais comme je suis curieux de nature, je m'interroge: puisque manifestement ça ne sert à rien de gueuler dans le vide, tout ça veut dire quoi? Ce que je remarque (car je ne crois pas à la spontanéité des actions), c'est que les initiatrices sont des enseignantes de la mouvance radicale, à la croisée de SUD et du NPA.
Pourquoi pas, me direz-vous? Un coup de gueule, ça ne mange pas de pain. Si vous voulez, mais je n'en suis pas si sûr que ça. De quoi le mouvement social a-t-il aujourd'hui besoin? D'organisations syndicales puissantes, renforcées, grâce à un militantisme patient, laborieux, discret. Tout le contraire de ces coups d'éclat, actions médiatiques (le Courrier Picard en fait une couverture qui dépasse largement l'événement, et qui finit par le créer très artificiellement), dont je crains qu'ils ne remettent en cause l'action syndicale, plus sérieuse, plus collective, moins individualiste, moins ponctuelle, moins fun.
Clémence Gélin, l'une des "crieuses", crache d'ailleurs le morceau: "Les syndicats ne font pas trop leur boulot". Mais si, les syndicats font leur boulot! Et dans un contexte économique, social et culturel très difficile pour eux. Car l'air du temps n'est pas à l'engagement collectif et durable, il est à ces actions qui "ne demandent pas beaucoup d'investissement, pas beaucoup de temps", selon une crieuse. Permettez-moi ce soir, même si je dois être à contre-courant, de défendre une autre conception de l'action politique.
Bonne soirée,
et ne criez pas...
11 Comments:
Vous vous mettez à critiquez vos collegues maintenant,
parce qu'elle a fait campagne dans la 3e contre JPB en 2007
ou parce qu'elle était en 36e position sur la liste saint quentin autrement en 2008.
Est ce parce qu'elle trouve les élus de l'opposition inefficace
qu'elle en arrive à ces extrémités ?
Moi je trouve l'idée amusante
et j'encouragerai ses éleves à faire 5mn de cri au début de ses cours pour protester contre la qualité de l'enseignement.
Apres que voulez vous,
on veut tout tout de suite,
on ne veut plus laisser le temps au temps.
Le temps de laisser la terre se reposer,
labourer,
semer,
laisser pousser
récolter
tout cela c'est ringard.
By grandourscharmant, at 10:53 PM
et un autre cri qui tue,
les médecins picards seraient les mieux payés,
ils gagneraient en moyenne 20% de plus que leur collegues de région parisienne.
Car comme on manque de médecins dans la région,
ils travaillent plus que les autres.
Ce qui serait un frein à l'arrivée de nouveaux médecins qui craindraient de devoir trop travailler s'ils s'installaient dans la région.
Nous vivons décidement une drole d'époque.
By grandourscharmant, at 11:12 PM
Ce post me fais repenser qu'à Paris au moment des manifestations contre l'offensive d'Israël à Gaza j'ai croiser un cortège un peu spécial. Il n'y avais ni musique ni banderoles que des gens en colère qui hurlaient juste les même slogants. Cela m'a interpeler et même fais froid dans le dos, c'est très efficace. En allant manifester jeudi dernier à St-Quentin, je me suis dis que l on étaient vraiment des rigolos avec notre cortège fête de l huma...
By Unknown, at 9:01 AM
Quand les syndicats dits "majoritaires" refusent d'organiser des Assemblées Générales, font ils leur travail ?
By Anonyme, at 1:18 PM
oui car ils sont majoritaires, c'est la loi du plus fort, t'es pas dans le monde de oui-oui Clémence...
By Anonyme, at 1:44 PM
La question n'est pas de savoir s'ils sont les plus forts : ils le sont puisqu'ils sont majoritaires.
La question est de savoir : pourquoi dans l'Aisne, ce refus d'AG à LEUR INITIATIVE à la suite (ou avant) la manifestation ?
Peur d'être dépassé par la "base" ? (oui je sais, ca fait gaucho)
By Anonyme, at 2:53 PM
A l'ours UMP:
Vous mélangez syndicalisme et politique, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas.
Ecumer les bals de l'UMP à la recherche d'une cavalière, vous feriez mieux d'en rester à ça.
By Emmanuel Mousset, at 6:42 PM
A Kévin:
Ce qui compte, ce qui peut faire reculer le gouvernement, ce sont les manifestations de masse, pas les actions folkloriques qui n'inquiètent personne.
By Emmanuel Mousset, at 6:45 PM
Aux trois derniers anonymes:
Il n'est pas dans la tradition syndicale d'organiser des AG après les manifs. Pourquoi? Parce que les AG se font dans les établissements, au plus près de la base. Une AG après une manif, c'est laisser la parole aux militants, pas à la base. Or un mouvement ne marche qu'avec le soutien et la participation de la base, pas dans la surenchère des militants les plus radicaux.
By Emmanuel Mousset, at 6:50 PM
DEMAGO, allons jusqu'au bout de la démarche
2000 PERSONNES EN AG ? VOIR 150
QUELLE EXPRESSION DEMOCRATIQUE ? d'ailleurs avec des prises de parole de 2 seconde un certain nombre pourrait s'exprimer, sauf si l'ag est réservée à quelques uns
OU:
PEUT ETRE DANS LA RUE SAUF SI LA CONSTRUCTION D'UNE salle geante est prévue pour l'occasionn
allez, l'ag c'est avec nos syndicats qu'elle se passe, et compte tenu de la situation il y a peut être autre chose à faire qu'à crier et se taper les uns sur les autres
By Anonyme, at 11:50 PM
D'accord avec vous: c'est le cadre syndical qu'il faut renforcer (chacun choisissant le syndicat correspondant à sa sensibilité), pas les actions ponctuelles, marginales, médiatiques, qui laissent croire qu'on agit alors qu'on ne fait rien.
By Emmanuel Mousset, at 11:01 AM
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