Histoires de petits sous.
Bonjour à toutes et tous.
Après la puissante mobilisation de jeudi, beaucoup plus forte qu'en janvier, c'est l'attente: les syndicats verront à la fin du mois comment poursuivre le mouvement, le Président de la République s'exprimera probablement mardi prochain à Saint-Quentin. Incontestablement, le camp du progrès a repris la main, mais c'est la droite qui est au pouvoir. De plus, la renaissance syndicale ne signifie pas nécessairement renaissance politique: le Parti socialiste, qui a entamé avec Martine Aubry son travail de reconstruction, a encore beaucoup d'efforts à faire avant d'apparaître, aux yeux des Français, comme une force crédible.
Car si Nicolas Sarkozy est contesté, la gauche n'est pas plébiscitée. La mesure de nos difficultés, je la sens autour de moi, dans des conversations banales qui en disent souvent plus long que de longues analyses. Un exemple: je discutais il y a peu avec une personne de gauche, d'un milieu modeste, ouvrier, et je lui expliquais, pour démontrer l'injustice de la politique Sarkozy, que l'héritage n'était désormais plus frappé par l'impôt, sauf pour les très, très riches, que cette suppression des droits de succession était à la source d'une des plus terribles inégalités, celle de la naissance, contraire d'ailleurs à la "valeur travail", à la notion de mérite que défend Sarkozy.
Que croyez-vous que m'a répondu la personne? Elle s'est souvenue qu'il y a 20 ans, elle avait hérité de ses parents 100 000 francs, accumulés au terme d'une vie d'économies. Et ce qui lui restait en mémoire, c'est que sur cette somme, elle avait payé 3 000 francs de droits de succession, qu'elle aurait préféré gardé dans sa poche. Alors, la mesure de Sarkozy, oui, c'est pour elle une bonne chose...
Que dire à ça? Que 3 000 francs sur 100 000 francs, c'est 3%, que ce n'est pas énorme? Qu'il est juste que l'héritage soit taxé en proportion de ce qu'on hérite? Qu'il est normal que les gros héritages (100 000 francs, comparativement, ce n'est pas grand-chose) paye gros? Que laisser croire qu'on soulage les petits revient en réalité à soulager les puissants? C'est ce que j'ai expliqué, mais je ne suis pas sûr que ça a marché. Pourquoi?
Parce que Sarkozy a cultivé l'individualisme qui est dans l'air du temps. Ce que retient la dame, c'est qu'elle, individuellement, avec ses 3 000 francs conservés, y aurait gagné. Mais elle oublie que d'autres, aisés, y auraient encore plus gagné. Elle oublie aussi que l'Etat y aurait perdu, que les services publics dont elle a beaucoup plus besoin que les riches auraient été moins financés. Dans la société sarkozienne, c'est l'individu qui l'emporte, au détriment de la solidarité. Obsédés par le "concret", nous ne voyons plus le global.
Un autre exemple me vient à l'esprit, une lecture cette fois, l'article de Graziella Basile dans L'Union de jeudi, consacré à "la crise vue par une famille d'ouvriers": lui a travaillé dans la sous-traitance automobile (950 euros de salaire) et se retrouve aujourd'hui au chômage, elle est employée à temps partiel dans une maison de retraite (500 euros de salaire). Ils ont un enfant à charge et vivent dans le logement d'un des parents. De Sarkozy, que retiennent-ils? Qu'il n'a pas tenu ses promesses!
Mais quelles promesses? Le bouclier fiscal, la suppression des droits de succession, la revalorisation des heures supplémentaires, la diminution massive des postes dans la Fonction Publique? Tout cela, parmi les mesures les plus injustes de Sarkozy, il a promis, il a tenu! Non, ce que j'aurais souhaité, c'est un Sarkozy infidèle à sa parole, un Sarkozy n'appliquant pas une politique de droite (on peut toujours rêver...).
La fin de l'article est terrible: "Quant à descendre dans la rue pour manifester, ils n'y ont même pas pensé. "On ne croit pas que ça va changer les choses", lâchent-ils". Oui, c'est terrible de voir une famille ouvrière se faire ainsi des illusions sur les prétendues "promesses" de Sarkozy (peut-être ont-ils voté pour lui?), terrible de voir que la manifestation, qui est l'un des rares moyens d'expression et de revendication de la classe ouvrière, soit à ce point déconsidérée.
Bref, il nous reste à nous, socialistes, beaucoup d'efforts à faire pour redonner le moral aux milieux populaires, pour reconquérir leur confiance, pour les détourner du mirage individualiste néo-libéral.
Bonne matinée.
Après la puissante mobilisation de jeudi, beaucoup plus forte qu'en janvier, c'est l'attente: les syndicats verront à la fin du mois comment poursuivre le mouvement, le Président de la République s'exprimera probablement mardi prochain à Saint-Quentin. Incontestablement, le camp du progrès a repris la main, mais c'est la droite qui est au pouvoir. De plus, la renaissance syndicale ne signifie pas nécessairement renaissance politique: le Parti socialiste, qui a entamé avec Martine Aubry son travail de reconstruction, a encore beaucoup d'efforts à faire avant d'apparaître, aux yeux des Français, comme une force crédible.
Car si Nicolas Sarkozy est contesté, la gauche n'est pas plébiscitée. La mesure de nos difficultés, je la sens autour de moi, dans des conversations banales qui en disent souvent plus long que de longues analyses. Un exemple: je discutais il y a peu avec une personne de gauche, d'un milieu modeste, ouvrier, et je lui expliquais, pour démontrer l'injustice de la politique Sarkozy, que l'héritage n'était désormais plus frappé par l'impôt, sauf pour les très, très riches, que cette suppression des droits de succession était à la source d'une des plus terribles inégalités, celle de la naissance, contraire d'ailleurs à la "valeur travail", à la notion de mérite que défend Sarkozy.
Que croyez-vous que m'a répondu la personne? Elle s'est souvenue qu'il y a 20 ans, elle avait hérité de ses parents 100 000 francs, accumulés au terme d'une vie d'économies. Et ce qui lui restait en mémoire, c'est que sur cette somme, elle avait payé 3 000 francs de droits de succession, qu'elle aurait préféré gardé dans sa poche. Alors, la mesure de Sarkozy, oui, c'est pour elle une bonne chose...
Que dire à ça? Que 3 000 francs sur 100 000 francs, c'est 3%, que ce n'est pas énorme? Qu'il est juste que l'héritage soit taxé en proportion de ce qu'on hérite? Qu'il est normal que les gros héritages (100 000 francs, comparativement, ce n'est pas grand-chose) paye gros? Que laisser croire qu'on soulage les petits revient en réalité à soulager les puissants? C'est ce que j'ai expliqué, mais je ne suis pas sûr que ça a marché. Pourquoi?
Parce que Sarkozy a cultivé l'individualisme qui est dans l'air du temps. Ce que retient la dame, c'est qu'elle, individuellement, avec ses 3 000 francs conservés, y aurait gagné. Mais elle oublie que d'autres, aisés, y auraient encore plus gagné. Elle oublie aussi que l'Etat y aurait perdu, que les services publics dont elle a beaucoup plus besoin que les riches auraient été moins financés. Dans la société sarkozienne, c'est l'individu qui l'emporte, au détriment de la solidarité. Obsédés par le "concret", nous ne voyons plus le global.
Un autre exemple me vient à l'esprit, une lecture cette fois, l'article de Graziella Basile dans L'Union de jeudi, consacré à "la crise vue par une famille d'ouvriers": lui a travaillé dans la sous-traitance automobile (950 euros de salaire) et se retrouve aujourd'hui au chômage, elle est employée à temps partiel dans une maison de retraite (500 euros de salaire). Ils ont un enfant à charge et vivent dans le logement d'un des parents. De Sarkozy, que retiennent-ils? Qu'il n'a pas tenu ses promesses!
Mais quelles promesses? Le bouclier fiscal, la suppression des droits de succession, la revalorisation des heures supplémentaires, la diminution massive des postes dans la Fonction Publique? Tout cela, parmi les mesures les plus injustes de Sarkozy, il a promis, il a tenu! Non, ce que j'aurais souhaité, c'est un Sarkozy infidèle à sa parole, un Sarkozy n'appliquant pas une politique de droite (on peut toujours rêver...).
La fin de l'article est terrible: "Quant à descendre dans la rue pour manifester, ils n'y ont même pas pensé. "On ne croit pas que ça va changer les choses", lâchent-ils". Oui, c'est terrible de voir une famille ouvrière se faire ainsi des illusions sur les prétendues "promesses" de Sarkozy (peut-être ont-ils voté pour lui?), terrible de voir que la manifestation, qui est l'un des rares moyens d'expression et de revendication de la classe ouvrière, soit à ce point déconsidérée.
Bref, il nous reste à nous, socialistes, beaucoup d'efforts à faire pour redonner le moral aux milieux populaires, pour reconquérir leur confiance, pour les détourner du mirage individualiste néo-libéral.
Bonne matinée.
23 Comments:
Et pour compléter votre propos,
votre ancien 1er ministre Jospin,
ce n'est pas jeudi dans les manifestations qu'on l'a vu,
mais dimanche soir dans la corbeille du parc des princes à coté du président de région.
By grandourscharmant, at 1:19 PM
Je ne vois pas le rapport. Et vous ne savez pas ce qu'on fait jeudi Jospin et Gewerc. Mais vous, que faisiez-vous?
By Emmanuel Mousset, at 1:32 PM
A Paris, Mélanchon voyons,
je ne suis pas sur que les grands élus socialistes sachent qui est le président de la picardie.
Une de vos anciennes ministres a meme félicité Caroline Cayeux pour sa compétence et son engagement de présidente de région.
Ne sachant pas que la région était socialiste et qui était son président.
Cette semaine vous m'avez expliqué ne comparez pas les manifestations sportives et les manifestations syndicales.
Vous aviez raison,
certains vont aux unes et visiblement pas aux autres.
By grandourscharmant, at 3:08 PM
Grande nouvelle: vous avez rallié Mélenchon. Mais Freddy a bien rejoins Dupont-Aignan. "Tout est possible", comme dit votre maître Sarkozy.
By Emmanuel Mousset, at 5:40 PM
Je voulais dire Huchon,
un vieux reste du bebete show m'aura amené à les confondre.
Mon maitre,
celui qui vient mardi.
Pour FG, Républicain de gauche,
Républicain de droite,
c'est toujours etre républicain
By grandourscharmant, at 6:42 PM
Complément d'info/
Freddy n'a jamais su reconnaitre la droite de sa gauche,sont cerveau à certaines dificultés.
By Anonyme, at 7:57 PM
GOC,
Où avez-vous vu qu'un républicain de gauche, c'est pareil qu'un républicain de droite ?
Encore faut il lire les déclarations de principe de DLR et celles du MRC. Il y a une grosse différence. Bonne lecture donc.
Ah au fait, je serai heureux de voir les changements que FG a réalisé au CCAS.
Bon, je vous le dis: distribution de colis de la banque alimentaire alors que ceux-ci sont "normalement" destinés aux associations caritatives et humanitaire.
Des mandats pour aller acheter... quoi, les contrôles ont été interrompue.
Donc, quelques changements,mais pas dans le bon sens.
L'homme de Gauche d'il y a encore quelques semaines, après avoir courtisé le PRG puis le Modem, est définitivement de droite.
Excellente cohérence de parcours politique comme Lebrun.
L.E.
By Anonyme, at 8:04 PM
Au dernier anonyme,
Tout à fait d'accord, et il n'assume même pas ce qu'il est : un homme qui court après le pouvopir sans vraiment l'attrapper!
L.E.
By Anonyme, at 8:05 PM
La distinction de la droite et de la gauche est au fondement de la démocratie.
Dupont-Aignan est un homme de droite, rebelle sans doute, mais de droite quand même.
En tout cas, l'épisode Freddy montre qu'on ne peut pas faire de politique en dehors d'un parti. Bientôt, c'est Savelli qui le confirmera aussi.
By Emmanuel Mousset, at 9:08 PM
Vous ne préférez pas qu'on parle gros sous,
de ceux que la présidnte de la région poitou charentes demande à l'état
Finalement, le gouvernement ne doit pas faire si mal que ça pour qu'elle demande le concours du fond d'investissement de l'état.
By grandourscharmant, at 6:12 PM
C'est normal que l'Etat investisse et que les élus lui demandent d'investir. Etes-vous si libéral pour vous en étonner?
By Emmanuel Mousset, at 8:48 PM
ce qui m'étonne c'est qu'on puisse expliquer que l'état est incompétent et inefficace,
et qu'on l'appelle quand meme au secours.
Comment la gauche peut dire,
le gouvernement ne répond pas
et justement faire appel à une des mesures que l'état a mis en oeuvre.
By grandourscharmant, at 9:17 PM
Vous confondez tout: il faut distinguer l'Etat et la politique de Sarkozy. Je suis favorable à l'intervention de l'Etat, je suis défavorable à la politique néo-libérale de Nicolas Sarkozy.
By Emmanuel Mousset, at 10:20 PM
et comment vous faites la différence
puisque l'état applique la politique progressiste du président Sarkozy.
By grandourscharmant, at 1:28 PM
goc,
Pas si progressiste que ça. Il ne me semble pas que le poujadisme fasse partie des forces de progrès.
L.E.
By Anonyme, at 1:39 PM
et à moi, il me semble que la semaine derniere le poujadisme était de gauche
By grandourscharmant, at 3:38 PM
GOC,
Vous faites souvent la confusion (comme le vocable UMP d'ailleurs. Vous avez d'excellents conseillers en comm. Force m'est de le reconnaître.), entre populaire, populiste et poujadiste. Heureusement, ça ne dure qu'un temps.
L.E.
By Anonyme, at 7:37 PM
Tout le probleme dans l'histoire LE,
c'est que moi je ne fais pas cette confusion.
Je sais pertinement que ce sont les gaullistes en 1958 qui ont laminé les restes du parti poujadiste.
Le poujadisme, c'est un mouvement corporatiste de révolte des classes moyennes,
interrogez vous sur ce que sont les classes moyennes aujourd'hui,
vous verrez que peut etre je réfléchis un peu avant d'écrire.
Le populisme en politique met en accusation les élites ou des petits groupes d'intérêt particulier de la société.
Parce qu'ils détiennent un pouvoir, le populisme leur attribue la responsabilité des maux de la société : ces groupes chercheraient la satisfaction de leurs intérêts propres et trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population.
Une accusation que j'entends régulierement,
vous m'opposerez qu'elle est légitime, forcément.
Sur le coté populaire,
au vu du nombre d'adhérents à jour de cotisation à l'UMP qui est le double de celui du PS
et au vu des succes aux législatives et aux présidentielles
doit-il y avoir discussion ?
Je vous renverrais au nombre d'adhérents du MRC et au nombre de parlementaires, si vous vouliez persistez dans cette voie.
Et puis sérieusement attaquez le Mouvement Populaire sur son coté populaire,
apres le bide de dimanche et le ps qui peine à réunir un millier de personne à Paris,
là où demain à St-Quentin,
le président va réunir 3 à 4 fois plus de monde.
En sachant qu'au vu du nombre de demandes, il aurait été tout à fait possible d'accueillir 15 000 à 20 000 personnes au moins.
Je comprends que cela puisse vous déranger
By grandourscharmant, at 11:36 PM
Vous comparez ce qui n'est pas comparable, comme toujours.
By Emmanuel Mousset, at 11:45 PM
Je sais bien que toute comparaison qui vous est défavorable n'a pas lieu d'etre et je ne l'aurais pas faite,
si un brillant esprit voulant paraitre intelligent n'avait pas expliqué que la réunion du jour était un meeting politique.
Si comme dimanche, la réunion du jour est un meeting, la comparaison me semble etre totalement approprié.
Si vous ne voulez pas perdre,
ne jouez pas.
Vous avez expliqué que c'était comparable assumez.
Apres tout, ce ne sera peut etre pas un triomphe.
By grandourscharmant, at 10:02 AM
GOC,
Et dire que l'on dit que ce n'est pas la quantité qui fait la qualité.
Si le MRC était mourrant, pourquoi l'UMP a voulu le faire disparaître à StQuentin ?
Quant à votre analyse du poujadisme, elle est à moitié vrai. Le Poujadisme attaquait les élites (que fait l'UMP avec ses "élites" financières qu'elles mettaient en avant en 2005, avec vous savez qui aux finances) mais aussi les "inutiles" (ceux qui ne se lève pas tôt ou qui ne font pas d'heures sup ou les "méchants vilains" fonctionnaires).
Vous avez raison cependant en disant que Sarkosy n'est pas un poujadiste, il est en plus populiste ... A quand fasciste ?
L.E.
By Anonyme, at 7:43 PM
On ne prête qu'aux riches
hier il était le président des patrons,
aujourd'hui, il est leur ennemi.
Les commentateurs innovent,
et il y a toujours des imbéciles pour les écouter.
Quant à la question sur le fascisme,
mais depuis toujours voyons,
auriez vous oublié que depuis des années c'est ce que vous n'avez de cesse de répéter.
Comment pouvez vous encore poser la question ?
Mais sinon pourquoi voudriez vous que le MRC disparaisse à st-quentin,
rien que sur l'année écoulée,
il a fourni à la droite locale 2 élus comme recrues.
Vous etes condamnés à nous rejoindre tot ou tard
car demain le choix ce sera Sarkozy ou Besancenot.
By grandourscharmant, at 9:34 PM
Sarkozy est tout sauf l'ennemi des patrons.
By Emmanuel Mousset, at 10:39 PM
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