Plateau télé.
Bonjour à toutes et à tous.
Vendredi soir, je suis rentré crevé, et assez tard. J'aurai pu me coucher. Pourtant, je me suis dépêché de me préparer un plateau télé pour être devant mon écran à 23h05: Xavier Bertrand était l'invité de "Comme un vendredi", sur la Trois. J'ai regardé par devoir professionnel d'opposant à Bertrand, car l'homme, je l'ai souvent écrit, n'a rien de très intéressant. Mitterrand et Sarkozy, je peux les écouter des heures. Bertrand, au bout de trente secondes, je baille. Attention, ce n'est pas un méchant parti pris de ma part. Je pourrais en dire autant de certains ténors socialistes.
Et pour vous prouver ma bonne foi, je vous cite un exemple: Jean-Marc Ayrault est un bon camarade, mais je décroche très vite quand il parle. A l'inverse, Pierre André, sénateur-maire UMP de Saint-Quentin, pourrait inaugurer un local à poubelles, je suivrais ses paroles, parce que je sais qu'il saura en faire quelque chose avec quoi je peux être en désaccord mais qui retiendra mon attention. Bref, André est un politique, Bertrand me fait plutôt penser à un directeur commercial. C'est sûrement injuste, mais c'est comme ça.
Dans l'art du creux, Xavier Bertrand est largement compétent. Il sait habiller le vide d'un ton conciliant, mouillé, légèrement chantant par moments. Il a travaillé ses gestes, ses sourires, ses mots, son débit, ça se voit et ça s'entend. En commercial, c'est un super pro. Je l'imagine bien vendeur en chef, avec sa petite mallette UMP, essayant de nous refourguer les réformes gouvernementales comme on vendrait des encyclopédies ou des aspirateurs.
J'en viens maintenant au fond de son intervention, puisque même le vide a un fond. Cinq remarques:
1- Sur l'affaire Continental, il demande aux socialistes de "ne pas jouer avec les mots". Comme c'est un expert qui s'exprime, je pose un instant mon plateau télé et j'écoute attentivement son raisonnement: il n'y pas de "licenciements" mais des "suppressions de postes". Et alors? Ça change quoi dans le drame que vivent les ouvriers de Continental? Faire un subtil distinguo entre licenciements et suppressions de postes, oui, j'appelle ça, moi, "jouer avec les mots"!
2- A la question: que peut l'Etat? Bertrand s'empresse de se dissocier de Jospin qui avait dit, selon lui, que "l'Etat ne peut rien". Sauf que la citation est fausse, ce qui est embêtant pour quelqu'un qui se flatte régulièrement d'être exact dans les détails, même quand ceux-ci sont inutiles. La phrase de Jospin, c'est: "l'Etat ne peut pas tout". Entre le tout et le rien, ce n'est pas une mince différence.
3- L'animateur demande à Bertrand ce qu'il pense de l'attitude de l'Eglise dans l'excommunication de la petite Brésilienne violée et avortée. Bertrand a appliqué sa règle: pas un mot de trop. Donc rien contre le silence du Vatican. Service minimum: défendre "les intérêts" de l'enfant, en rester à ce que pense tout le monde, aucune critique des autorités religieuses, aucune leçon sur les abus parfois criminels de la religion quand elle prétend régenter la société.
4- Villepin estime que Bertrand "manque de courage et d'intelligence", Fillon le trouve "pas franc". Que répond l'intéressé? Que ça ne fait que deux avis sur des centaines de milliers de membres de l'UMP! Comme si les deux personnages n'avaient pas une éminence et une compétence particulières pour parler du tout nouveau chef de leur parti. J'aurais préféré que Xavier Bertrand nous fasse la démonstration de son courage, de son intelligence et de sa franchise, au lieu d'esquiver.
5- La journaliste Pleynet, autour du "Chouchou", souligne que Xavier Bertrand a des fidélités très variables, selon les circonstances et ses intérêts. Beaucoup de politiques sont ainsi, à droite ou à gauche. Ce n'est sans doute pas un exemple, ce n'est pas non plus un crime. Au lieu, là encore, de nous convaincre de sa constance, il conclut par une pirouette, qu'il répète toujours quand on l'interroge sur le livre qui lui est consacré: "je ne suis pas le chouchou des auteurs". Et après?
En une heure d'ennui, j'ai tout de même été une minute accroché et quasiment convaincu: c'est quand Bertrand a parlé du téléchargement illégal, dénoncé le piratage et défendu les créateurs. Oui, là, quelque chose passait, une forme de persuasion, de sincérité. Il est vrai que ce sujet m'est complètement étranger (je ne sais pas télécharger illégalement, et légalement je n'en suis pas sûr...). Mais l'ignorance n'empêche pas la compréhension. Et j'ai mangé tout mon plateau télé! Comme quoi Xavier Bertrand ne coupe pas non plus l'appétit.
Bonne matinée.
Vendredi soir, je suis rentré crevé, et assez tard. J'aurai pu me coucher. Pourtant, je me suis dépêché de me préparer un plateau télé pour être devant mon écran à 23h05: Xavier Bertrand était l'invité de "Comme un vendredi", sur la Trois. J'ai regardé par devoir professionnel d'opposant à Bertrand, car l'homme, je l'ai souvent écrit, n'a rien de très intéressant. Mitterrand et Sarkozy, je peux les écouter des heures. Bertrand, au bout de trente secondes, je baille. Attention, ce n'est pas un méchant parti pris de ma part. Je pourrais en dire autant de certains ténors socialistes.
Et pour vous prouver ma bonne foi, je vous cite un exemple: Jean-Marc Ayrault est un bon camarade, mais je décroche très vite quand il parle. A l'inverse, Pierre André, sénateur-maire UMP de Saint-Quentin, pourrait inaugurer un local à poubelles, je suivrais ses paroles, parce que je sais qu'il saura en faire quelque chose avec quoi je peux être en désaccord mais qui retiendra mon attention. Bref, André est un politique, Bertrand me fait plutôt penser à un directeur commercial. C'est sûrement injuste, mais c'est comme ça.
Dans l'art du creux, Xavier Bertrand est largement compétent. Il sait habiller le vide d'un ton conciliant, mouillé, légèrement chantant par moments. Il a travaillé ses gestes, ses sourires, ses mots, son débit, ça se voit et ça s'entend. En commercial, c'est un super pro. Je l'imagine bien vendeur en chef, avec sa petite mallette UMP, essayant de nous refourguer les réformes gouvernementales comme on vendrait des encyclopédies ou des aspirateurs.
J'en viens maintenant au fond de son intervention, puisque même le vide a un fond. Cinq remarques:
1- Sur l'affaire Continental, il demande aux socialistes de "ne pas jouer avec les mots". Comme c'est un expert qui s'exprime, je pose un instant mon plateau télé et j'écoute attentivement son raisonnement: il n'y pas de "licenciements" mais des "suppressions de postes". Et alors? Ça change quoi dans le drame que vivent les ouvriers de Continental? Faire un subtil distinguo entre licenciements et suppressions de postes, oui, j'appelle ça, moi, "jouer avec les mots"!
2- A la question: que peut l'Etat? Bertrand s'empresse de se dissocier de Jospin qui avait dit, selon lui, que "l'Etat ne peut rien". Sauf que la citation est fausse, ce qui est embêtant pour quelqu'un qui se flatte régulièrement d'être exact dans les détails, même quand ceux-ci sont inutiles. La phrase de Jospin, c'est: "l'Etat ne peut pas tout". Entre le tout et le rien, ce n'est pas une mince différence.
3- L'animateur demande à Bertrand ce qu'il pense de l'attitude de l'Eglise dans l'excommunication de la petite Brésilienne violée et avortée. Bertrand a appliqué sa règle: pas un mot de trop. Donc rien contre le silence du Vatican. Service minimum: défendre "les intérêts" de l'enfant, en rester à ce que pense tout le monde, aucune critique des autorités religieuses, aucune leçon sur les abus parfois criminels de la religion quand elle prétend régenter la société.
4- Villepin estime que Bertrand "manque de courage et d'intelligence", Fillon le trouve "pas franc". Que répond l'intéressé? Que ça ne fait que deux avis sur des centaines de milliers de membres de l'UMP! Comme si les deux personnages n'avaient pas une éminence et une compétence particulières pour parler du tout nouveau chef de leur parti. J'aurais préféré que Xavier Bertrand nous fasse la démonstration de son courage, de son intelligence et de sa franchise, au lieu d'esquiver.
5- La journaliste Pleynet, autour du "Chouchou", souligne que Xavier Bertrand a des fidélités très variables, selon les circonstances et ses intérêts. Beaucoup de politiques sont ainsi, à droite ou à gauche. Ce n'est sans doute pas un exemple, ce n'est pas non plus un crime. Au lieu, là encore, de nous convaincre de sa constance, il conclut par une pirouette, qu'il répète toujours quand on l'interroge sur le livre qui lui est consacré: "je ne suis pas le chouchou des auteurs". Et après?
En une heure d'ennui, j'ai tout de même été une minute accroché et quasiment convaincu: c'est quand Bertrand a parlé du téléchargement illégal, dénoncé le piratage et défendu les créateurs. Oui, là, quelque chose passait, une forme de persuasion, de sincérité. Il est vrai que ce sujet m'est complètement étranger (je ne sais pas télécharger illégalement, et légalement je n'en suis pas sûr...). Mais l'ignorance n'empêche pas la compréhension. Et j'ai mangé tout mon plateau télé! Comme quoi Xavier Bertrand ne coupe pas non plus l'appétit.
Bonne matinée.
14 Comments:
Je suis pour le téléchargement illégal, car lui seul donne l'accès à la culture pour tous.
Et ne me sortez pas que les artistes perdent de l'argent, c'est faux. ça ne pose des problèmes qu'aux maisons de disques!
By Anonyme, at 10:08 PM
Je suis prêt à entendre votre argument. Je crois que Rocard a étudié le dossier et rejoint votre point de vue: la copie gratuite, ça a toujours existé. Finalement, c'est une forme de socialisme: on remet en cause les droits de propriété!
By Emmanuel Mousset, at 10:37 PM
Exactement,
cela remet juste en cause la notion de droit d'auteurs et de propriétés intellectuelles.
Volez un fichier informatique,
c'est la meme chose que voler un disque dans un magasin.
C'est le triomphe de l'ultra-libéralisme.
On protege les voleurs au nom de leur vie privée,
et on tue ainsi le modele économique des créateurs.
Et tout cela dans une logique consumériste,
pouvoir posséder à l'infini.
Cette démarche n'est que de l'ultra-libéralisme.
C'est une régression sociale fondamentale, et cela ne va faire que renforcer la position des producteurs et des distributeurs.
On est dans la meme logique que les fumeurs de drogue qui s'offusque du prix des tomates
et laisse partir en fumée un produit aussi cher que le caviar.
Notre société est malade et ne s'en sortira pas.
Et que vous souteniez ce genre d'initiatives qui reviennent à dire,
la loi n'a pas les moyens de se faire respecter alors la loi, on s'en fout.
Ce n'est pas de la liberté,
juste le début du totalitarisme.
On peut sans aucun doute discuter et critiquer le modele économique
mais pourquoi la réponse apportée est toujours le vol.
Sachant surtout que ceux qui abusent de cela sont ceux qui ont le plus de moyen car il faut un bon ordinateur, une bonne connexion, des lecteurs portables pour pouvoir lire ces fichiers.
Ce ne sont pas les pauvres qui se cultivent et qui s'enrichissent grace à cela, mais en grande majorité les riches qui pillent la création musicale.
Et au vu du nombre d'artistes qui se sont fait virer par leur maison de disques,
il est évident que les artistes n'en pâtissent pas.
By grandourscharmant, at 11:22 PM
Ce n'est qu'un débat, ne vous fâchez pas tout rouge. En tout cas, Bertrand était plus convaincant que vous, il ne parlait pas de totalitarisme ni d'ultra-libéralisme.
Peut-être est-ce un ultra-libertarisme?
By Emmanuel Mousset, at 7:32 AM
Tout dépend de leur rapport à la propriété privée,
s'ils y sont opposés,
on peut parler de social-libertarisme,
sinon libertarisme suffit
puisqu'un libertarien ne reconnait pas la propriété intellectuelle, ni sur les brevets, ni sur les droits d'auteurs.
Sur la question de l'utra-libéralisme, vous avez surement raison, j'ai manqué de rigueur et je me suis laissé aller à un abus de language puisque visiblement,
il ne s'agit que de libertarisme.
By grandourscharmant, at 12:18 PM
L'ultra-libéralisme dérégule à tout va mais il tient à conserver ses droits de propriété, qui sont pour lui sacrés.
By Emmanuel Mousset, at 1:33 PM
Vous et l'économie,
il y a encore du boulot,
avec la dérégulation,
on ne possede plus rien en propre,
on loue.
On ne possede plus de biens mais des parts sociales.
L'économie est dématérialisée.
Vous donnez souvent l'impression de ne pas avoir conscience de tout ce que permet la fiscalité et ses astuces.
Et ce que l'anonyme simplet ne comprend pas, ce sont les circuits financiers.
Peut etre que les majors voient leur part de marchés se rogner cela reste encore à prouver,
mais surtout comme les actionnaires des fournisseurs internet sont les memes que ceux des majors du disque,
ce qu'ils ne versent plus aux artistes, ils l'investissent dans les fournisseurs internet plus profitables que les activités musical.
Au final, l'anonyme un peu niais croit baiser le systeme en téléchargeant sur son téléphone ou sur son ordinateur pour une centaine d'euros par mois,
là où il n'aurait dépensé que 30 à 40€ par mois s'il avait acheté légalement ses disques.
La seule différence c'est que l'artiste sur les euros versés aux fournisseurs net et téléphone, il ne touche rien ou presque.
Là où il touchait systématiquement sur la vente d'album.
Alors sincérement si je ne fache pas sur la bétise de mes concitoyens qui ne se rendent pas compte que le but du jeu est justement de leur faire faire ce qu'ils font et de regretter qu'ils ne fassent pas preuve de libre arbitre,
je ne sais pas quand je me facherais.
C'est le meme type de marketing agressif que pour le trafic de drogue,
on offre le produit pour créer la dépendance et une fois que la dépendance est mise en place,
on la fait payer au prix fort. Puisque l'usager ne peut plus se passer du produit, il acceptera au final de le payer bien plus qu'il ne vaut réellement.
By grandourscharmant, at 3:22 PM
Pourriez-vous me convaincre plus simplement et plus efficacement que le téléchargement gratuit est une mauvaise chose? Parce que vos explications sont embrouillées. Concentrez-vous sur un argument, un seul, le plus fort, mais exposez-le clairement.
By Emmanuel Mousset, at 5:30 PM
Comme vous n'arrivez pas à réfléchir,
il vous faut du pret à penser
simple que vous pourrez répéter à l'envie.
L'habitude du PS surement,
les choses sont différentes à l'UMP.
Apres tout, comme visiblement, votre parti est de moins en moins un parti de gouvernement et de plus en plus un parti protestataire,
il est normal dans votre course à l'échalote avec OB
que vous soyez contre la loi, les regles et les législations.
A droite, nous sommes plus responsables et nous tenons nos engagements.
Sur la TVA dans la restauration par exemple, mais cela évidement, vous n'en parlerez pas.
Les dernieres positions de votre merveilleux président de région sont éloquentes,
comme votre dernier 1er ministre en sont temps,
il est impuissant et ne peut rien faire.
Comme me disait un syndicaliste,
quand on voit débarquer les socialistes dans une usine,
on est sur qu'elle est condamnée car ça parade devant les caméras,
par contre, quand les caméras ne sont plus
"Merci, au revoir et bonne journée, on fera ce qu'on pourra"
et on ne les revoit plus.
By grandourscharmant, at 8:39 AM
Le PS fait son travail d'opposant, c'est tout. Ca vous dérange? Tant mieux.
Vous n'avez jamais de votre vie parlé à un syndicaliste, vous passez votre temps à leur cracher dessus.
By Emmanuel Mousset, at 1:21 PM
Vous prenez vos reves pour des réalités.
Que je sois extrêmement critique avec les syndicalistes irresponsables,
c'est une évidence.
Mais m'expliquer que je crache sur les syndicalistes,
relisez vos billets.
Rien que le mois dernier j'ai fait l'éloge de Le Duigou de la CGT dont j'avais trouvé le discours tout à fait intelligent et pertinent.
Je suis un grand admirateur du travail de Bernard Thibaut à la CGT
et meme s'il m'arrive d'avoir des désaccords avec lui,
je trouve que Chereque fait encore mieux que Notat qui avait déjà fait bcp pour le syndicalisme français.
Alors aller expliquer que je ne fais que cracher sur les syndicats,
c'est un mensonge et de la désinformation,
mais me direz vous, la semaine passée a démontré que c'était la marque de fabrique et le fonds de commerce de nombreux socialistes.
Et moi je prouve ce que j'avance,
que n'a-t-on pas entendu sur les shows de SR et que va faire MA à Bercy dimanche la meme chose.
Mais quand ct l'autre ct de la démagogie, là c'est une action militante citoyenne.
Quand on pense que didier wampas n'a pas voulu participer aux précédantes éditions parce qu'on lui avait proposé 10 000€ pour se produire.
By grandourscharmant, at 6:37 PM
Très bien, très bien, vous êtes un grand admirateur des syndicalistes. J'attends donc que vous soyez aussi un grand admirateur des socialistes. Et puis, dans votre élan, ne vous privez pas d'être un grand admirateur de moi. Au niveau d'incohérence où vous en êtes, je peux sérieusement compter sur ça.
By Emmanuel Mousset, at 8:34 PM
Des que vous vous montrerez intelligent,
que vous aurez un programme construit et cohérent,
qui sait.
Mais hélas vous n'etes pas dosiere, ballagand, valls ou collomb
alors vous n'aurez pas mon estime.
By grandourscharmant, at 9:16 PM
Je ne réclame pas votre estime, je veux rester propre.
By Emmanuel Mousset, at 10:31 PM
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