L'Aisne avec DSK

09 mars 2009

Les larmes et les armes.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai toujours pensé, en rédigeant ce blog, que les faits de société étaient des faits politiques, parfois plus importants que les événements politiques proprement dits. Prenez ce drame du TGV, écoutez et lisez les réactions: c'est stupéfiant! A aucun moment, il n'est question de la responsabilité des individus. En revanche, on s'évertue à soupçonner la SNCF: la porte qui menait aux voies était-elle ou non ouverte?

En supposant qu'elle l'ait été, en quoi la responsabilité des personnes est-elle effacée ou diminuée? Un minimum d'intelligence et de prudence nous apprend qu'il ne faut pas longer ou traverser une ligne de chemin de fer. Quand je vois les comportements des voyageurs dans la gare de Saint-Quentin, enjambant parfois les rails pour être sortis plus rapidement, je m'étonne qu'il n'y ait pas plus souvent de drames...

On somme le directeur de la SNCF de s'excuser. S'excuser de quoi? D'un fait, d'une faute qui n'est pas avérée? Le serait-elle, qu'est-ce que ça changerait de s'excuser? Drôle de société, qui nous demande à tout bout de champ de nous excuser, de compatir. Quand on est confronté à la tragédie et à des morts d'hommes, la seule attitude digne, c'est le silence, de douleur et de respect, pas la comédie des plates excuses. Vous me direz peut-être qu'on ne refait pas la société? Si, justement, quand on est de gauche. Et c'est possible, notamment par l'éducation.

Un autre fait de société, beaucoup moins dramatique, a retenu mon attention. Le Courrier Picard du 4 mars nous apprend que l'opération Vacan'sports, organisée à Saint-Quentin par la Municipalité, a fait un flop. Pourtant, l'occasion était donnée aux jeunes, pendant les vacances, de s'adonner gratuitement à un sport. J'entends souvent des gens se plaindre: on ne nous propose rien, ou bien c'est trop cher. Alors, pourquoi cet échec, à propos de quelque chose qui plaît, le sport? J'ai ma petite idée, que je soumets à votre réflexion:

1- La valeur-clé de notre société, c'est l'autonomie. Nos concitoyens veulent rester individuellement libres. Adhérer à une opération, s'inscrire, s'engager, devoir se plier à des horaires, à une forme de contrainte, c'est désormais quelque chose qui passe difficilement, qui est mal accepté. Et ce qui vaut pour les jeunes vaut autant pour les adultes.

2- La pratique du sport repose sur l'effort. Ce n'est pas la valeur qui est la mieux cotée dans notre société. Le Courrier Picard a demandé aux jeunes ce qu'ils faisaient pendant les vacances: sorties entre amis, jeux vidéo, cinéma, shopping, mais pas le sport. Nous sommes bel et bien dans une société du loisir, du divertissement, de la détente, pas dans un monde de l'effort, de l'épreuve, de l'ascèse.

3- La vogue du sport, qui est certes puissante, concerne son spectacle, dans les stades ou à la télévision, pas sa pratique. Il suffit d'observer les physionomies, le développement de l'obésité ou le nombre d'accidents cardio-vasculaires pour comprendre que les activités physiques les plus élémentaires ne sont pas adoptées massivement par la population (et moi le premier!).

S'appuyant sur les propos tenus, le Courrier Picard conclut que l'échec de Vacan'sports viendrait d'un défaut de communication. La belle excuse, la belle hypocrisie (pas du journal mais de ceux qui ont été interviewés)! On peut sans doute reprocher beaucoup de choses à la mairie de Saint-Quentin, mais pas son manque de communication. Là-dessus, ce sont des as! Pour qui, comme moi, est habitué à mettre en place pas mal de projets, nous savons que l'alibi le plus bidon, le défaussement le plus minable, l'irresponsabilité la plus retorse, le manque de sincérité et de courage le plus élémentaire consistent à prétexter qu'on n'a pas été informé.

Oui, tout cela est politique, éminemment politique, et pas anecdotique, moral ou psychologique. La République a besoin de citoyens libres, responsables, si possible intelligents (je ne dis pas cultivés, je me contente de l'intelligence la plus sommaire), qui assument ce qu'ils disent et ce qu'ils font, quelles qu'en soient les conséquences, qui ne reportent pas constamment la faute sur les autres mais sur soi. Sinon, il y a une République, mais il n'y a plus d'esprit républicain, citoyen. En sommes-nous là aujourd'hui? En partie oui, c'est flagrant. Il faut donc le dénoncer, et résister. A une société contemporaine qui ne cesse de nous murmurer "aux larmes citoyens", je préfère lancer le cri républicain: "Aux armes citoyens!".


Bonne soirée.

19 Comments:

  • Sur le début de votre propos,
    je partage en partie votre avis,
    oui la responsabilité des individus a été engagé,
    mais n'ont-ils pas payé suffisamment cher leur erreurs pour qu'on leur épargne un procès en imprudence.

    Les supporters ont fait une erreur, sans aucun doute,
    comment, pourquoi me semble etre de bonnes questions.

    Et évidement que dans ce cas,
    les pouvoirs publics, mais aussi les opérateurs de transport sont en cause car visiblement la réponse qu'ils ont donné au probleme posé n'a pas été à la hauteur.
    Que le drame soit conjoncturel, c'est un fait,
    mais ce qui est surprenant,
    c'est qu'au vu des structures mis en oeuvre,
    il ne soit pas arrivé plus souvent et plus fréquement.
    L'aire d'accueil si on peut parler d'une aire d'accueil pour les autobus est totalement inadapté car au moment de la conception du projet on n'a vraisemblablement pas réfléchi à la question.

    Oui des gens se sont mis en danger et l'ont payé au prix fort,
    mais d'abord et avant tout parce qu'on les a mis en situation de pouvoir le faire.
    Et il me parait excessif de dédouaner la puissance publique et les grandes entreprises de leur responsabilité au prétexte que certains ont commis une erreur qu'ils n'auraient jamais du commettre.

    Le meilleur moyen pour qu'un probleme ne se pose pas,
    c'est de tout mettre en oeuvre en amont pour que ce probleme ne puisse pas arriver.

    Si vous n'etes pas capable de comprendre que nous allons de plus en plus vers une société où on joue avec les limites pour pousser les gens à sortir des clous afin ensuite de pouvoir leur faire le reproche d'un acte individuel inconsidéré.
    Autant je suis le 1er à dire qu'on dédouane un peu trop facilement les individus de leur responsabilités individuelles,
    autant là, soyons sérieux
    tout a été fait pour rendre le drame potentiellement possible
    alors que tout aurait du etre fait pour le rendre impossible.

    By Blogger grandourscharmant, at 10:50 PM  

  • Si vous pensez que la communication de la municipalité est à la hauteur,
    sincérement je vous plains.

    Pour masquer tout ce qui ne va pas,
    elle est sans aucun doute à la hauteur puisque visiblement vous ne vous en etes meme pas rendu compte.

    Mais alors pour le reste ...

    Des as de la diversion pour mettre la poussiere sous le tapis sans aucun doute,
    mais à un moment donné,
    il y aura tellement de poussieres qu'il ne sera plus possible de la masquer.

    Si l'opposition avait fait correctement son boulot,
    elle serait surement à la mairie
    mais le plus drole, c'est que malgré tout cela,
    il n'est meme pas sur que la prochaine fois, il y aura une évolution.

    Car si les uns ne sont pas tres bons, ni tres efficaces,
    les autres sont encore plus mauvais et encore moins efficace.

    Mais apres tout, le fait de ne pas en avoir conscience est une façon comme une autre de se protéger de la réalité.

    Quand on est aveugle, sourd et muet,
    tout ne peut que bien aller.

    By Blogger grandourscharmant, at 11:25 PM  

  • - Je ne fais de procès à personne, je souhaite simplement qu'on n'en fasse pas systématiquement à la société, à nos institutions, en l'occurrence à la SNCF.

    - Je ne dédouane personne de ses responsabilités. Je demande que notre société bavarde se taise, par respect pour les disparus, et attende la vérité, au lieu de parler dans le vide.

    - Vous critiquez la Municipalité plus que je ne saurais le faire. Fort bien, même si j'ai tendance à me méfier des excès de zèle. Mais pour une fois que vous, militant UMP, parlez de ce que vous connaissez, je ne peux qu'apprécier.

    - Votre cohérence ira-t-elle jusqu'à rejoindre l'opposition, et la faire progresser si elle ne correspond pas à ce que vous souhaiteriez? Là, c'est une autre histoire. Mais il serait sans doute excessif de vous demander d'être cohérent deux fois dans la même journée.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:39 AM  

  • "L'homme de bien est droit et juste, mais non raide et inflexible ; il sait se plier mais pas se courber."

    Confucius

    By Blogger grandourscharmant, at 10:44 AM  

  • Pour moi c'est du chinois.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:12 AM  

  • Je sais mais que dire d'autre,
    vous venez de m'expliquer que j'étais plus critique avec mon camp que vous meme ne pourriez l'etre.

    Vous devez avoir raison,
    je ne peux et ne doit qu'etre excessif.

    By Blogger grandourscharmant, at 12:14 PM  

  • Enfin la raison l'emporte. Il était temps.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:07 PM  

  • Vous imaginez si les débats internes à l'ump étaient plus violents, plus lucides, plus argumentés, plus constructifs que le débat qu'il peut y avoir avec l'opposition.

    Mais vous auriez déjà rejoint l'UMP depuis longtemps.
    Heureusement que le socialisme est là pour vous préserver de tout cela.
    Le socialisme, une bien belle idéologie, d'un point de vue théorique, certainement ce qui se fait de mieux;
    d'un point de vue pratique, totalement inopérante.

    D'où notre dialogue de sourd,
    je vous parle dysfonctionnement organisationnel pratique,
    vous me répondez mais alors c'est que votre modele théorique n'est pas fiable.

    Et pourtant, vous défendez un modele idéologique qui partout où il a été mis en oeuvre a échoué.
    Mais comme vous etes conservateur et traditionnaliste, vous refusez de le voir incapable de faire la part des choses entre le structurel et le conjoncturel.

    Si en théorie le socialisme est merveilleux, en pratique, il ne peut pas fonctionner.
    Car si la théorie explique que le centre et l'extreme gauche peuvent s'entendre.
    Dans la pratique, cela ne se fait pas.
    C'est envisageable mais pas réalisable.

    Or le socialisme porte dans son code génétique le culte de l'envisageable pas le culte du réalisable.

    C'est une belle utopie inatteignable qu'il est meme dangereux de vouloir atteindre car ainsi, on se détourne du réalisable.

    Peut etre qu'un jour quand le camp de la gauche sera devenu le camp des progressistes plutot que celui des conservateurs, je serais de gauche,
    mais alors d'une gauche réaliste et certainement pas socialiste.

    By Blogger grandourscharmant, at 5:13 PM  

  • La gauche réaliste, c'est la social-démocratie. Sa victoire historique, à la fois sur le communisme et sur le libéralisme, est une évidence.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 5:33 PM  

  • La social-démocratie n'existe pas,
    on ne peut pas etre à la fois socialiste et capitaliste
    puisque par essence,
    le socialisme est basé sur la propriété collective,
    là où le capitalisme défend la propriété privée.
    En théorie, c'est possible,
    en pratique,
    les choses sont simples
    à qui appartient votre maison à vous ou à l'état.

    D'ailleurs qu'est ce que la propriété collective si ce n'est la somme de propriété privée.

    By Blogger grandourscharmant, at 6:54 PM  

  • Emmanuel,

    Je te conseillerai la lecture du dernier Historia sur l'histoire du socialisme, de Guesde et Jaurès à aujourd'hui.

    Il y a une excellente interview de Poul Nyrup Rasmussen.

    La social-démocratie n'est pas le socialisme; c'est une composante.

    L.E.

    By Anonymous Anonyme, at 10:31 PM  

  • A l'ours UMP:

    Ah bon, la social-démocratie n'existe pas? Le capitalisme n'existe pas non plus, le socialisme n'existe pas, je n'existe pas, vous n'existez pas, l'univers n'existe pas.

    Vous êtes très marrant, ce matin (ce matin qui d'ailleurs n'existe pas).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:32 AM  

  • Laurent,

    Je suis d'accord avec toi pour définir la social-démocratie comme une composante du socialisme: sa composante "libérale", parlementaire, démocratique, réformiste, non révolutionnaire.

    Référence pour référence, je te conseille la lecture de l'ouvrage "Le socialisme pour les nuls" (n'y vois aucune ironie de ma part!). Cette collection est de grande qualité, malgré son appellation fantaisiste et fausse (car elle ne s'adresse pas en réalité aux "nuls").

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:36 AM  

  • le socialiasme existe,
    le capitalisme existe,
    la social démocratie ne peut pas exister car elle prétend etre l'un et l'autre
    or ce n'est pas possible.

    La social-démocratie est un capitalisme qui ne s'assume pas, mais le fait qu'il ne s'assume pas,
    ne change rien à ce qu'il est.

    By Blogger grandourscharmant, at 1:53 PM  

  • La social-démocratie, c'est le socialisme au sein de l'économie de marché.

    Le communisme, c'est le socialisme en dehors de l'économie de marché.

    Le capitalisme, c'est le marché livré à lui même, sans régulation.

    C'est simple, non? Et tout ça existe bel et bien.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 4:48 PM  

  • le marché n'est jamais livré à lui-meme sans aucune régulation,
    jamais.

    La question pertinente serait plutot qui exerce cette régulation,
    pourquoi et comment.

    Le capitalisme ce n'est pas le marché,
    c'est la propriété privée qui permet d'avoir un capital,
    l'économie de marché n'est qu'une conséquence de la propriété privée.
    Tout découle de cette idée simple.

    On ne peut pas etre pour la propriété collective et pour le marché, c'est incohérent puisque l'un est la négation de l'autre.

    Vous utilisez des artifices de langage pour masquer votre faillite idéologique.

    C'est tout l'artdu marketting,
    se servir de l'image forte d'une vieille marque et des valeurs qu'elle véhicule,
    alors que les valeurs qu'on défend n'ont strictement rien à voir avec la marque d'origine.

    By Blogger grandourscharmant, at 7:29 PM  

  • Je suis heureux de vous entendre dire que le marché et le capitalisme, ce n'est pas la même chose. J'espère que vous comprendrez aussi qu'on puisse être pour l'un et contre l'autre.

    Le marché n'existe que sous des règles, c'est vrai. Mais le libéralisme consiste à réduire ces règles au minimum et le socialisme à les étendre au maximum.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:52 PM  

  • Emmanuel,

    Je l'ai à la maison. J'aime beaucoup.

    L.E.

    By Anonymous Anonyme, at 6:25 PM  

  • Emmanuel,

    Je l'ai à la maison. J'aime beaucoup.

    L.E.

    By Anonymous Anonyme, at 6:25 PM  

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