La crise et son image.
Bonsoir à toutes et à tous.
Cette crise financière, dont je vous parlais ce matin, n'a pas d'images, pas de photos, pas de symboles, c'est à dire pas d'incarnation, pas de matérialisation. Comment le pourrait-elle, puisque c'est l'économie "immatérielle" qui est frappée? C'est la crise dans la crise, son côté indiscernable, presque fantomatique. On en parle, on ne la voit pas. Sa seule réalité, ce sont des chiffres, des tas de chiffres, qui nous dépassent, qui nous inquiètent, qui finissent par ne plus rien vouloir dire tellement ils sont gigantesques. C'est le paradoxe des chiffres: quand ils prolifèrent, on ne comprend plus rien, on est plongé dans l'irrationnel.
Heureusement, il y a une image, une seule, qui met fin à notre angoisse, à défaut de nous rassurer. C'est une belle photo en noir et en blanc, prise par Anthony Suau en mars 2008, qui est devenu, grâce à ce cliché, le 52ème World Press Photo Award 2008, sur 5 508 postulants et 96 268 photos. Photographier la crise, c'est mission impossible! Suau y est parvenu. Que nous montre-t-il? Un policier arme au poing qui inspecte une maison abandonnée, dévastée, conséquence de la crise des subprimes.
C'est une photo très riche à décrypter. Toute la crise que nous traversons est dans cette image. Son origine d'abord: l'immobilier américain ravagé par des prêts douteux, "pourris" comme on a dit, ne reposant sur rien sinon sur des montages financiers précaires, des crédits baroques, tortueux et finalement explosifs. Les victimes? Je le disais ce matin: la frange des classes populaires américaines voulant accéder à la classe moyenne et à son symbole, la propriété. Avoir sa maison, c'est un rêve, un idéal tout particulièrement américain. La maison qu'on voit sur la photo, cartons, chaises, objets jonchant pêle-mêle le sol, c'est le cauchemar américain.
A quoi s'ajoute ce policier, aux aguets, pistolet au poing, prêt à tirer, comme dans un milieu hostile, craignant les pillards ou les squatters. C'est l'intimité brisée, la douceur du foyer violée. Ce policier est à l'image de notre époque, obsédée par la sécurité. Mais cette image est ambiguë: il n'a rien à faire ici, il représente une menace, il introduit lui aussi une violence dans ce tableau. Normalement, un policier traque le danger à l'extérieur des maisons, pas à l'intérieur. Il y a quelque chose de "déplacé" dans cette présence, qui traduit fort justement l'étrangeté de cette crise pas comme les autres.
En vérité, cette photo nous montre une scène de guerre. Sauf qu'il n'y a pas de conflit militaire, sauf que le soldat est un policier, un "agent de la paix", comme on dit joliment chez nous. De quelle étrange guerre s'agit-il donc? De la guerre économique, celle qu'organise en toute légalité le capitalisme, celle qui ne fait aucun mort mais de nombreuses victimes. S'il n'y avait à garder qu'une seule chose de la crise que nous traversons, ce serait cette photo-là.
Bonne soirée.
Cette crise financière, dont je vous parlais ce matin, n'a pas d'images, pas de photos, pas de symboles, c'est à dire pas d'incarnation, pas de matérialisation. Comment le pourrait-elle, puisque c'est l'économie "immatérielle" qui est frappée? C'est la crise dans la crise, son côté indiscernable, presque fantomatique. On en parle, on ne la voit pas. Sa seule réalité, ce sont des chiffres, des tas de chiffres, qui nous dépassent, qui nous inquiètent, qui finissent par ne plus rien vouloir dire tellement ils sont gigantesques. C'est le paradoxe des chiffres: quand ils prolifèrent, on ne comprend plus rien, on est plongé dans l'irrationnel.
Heureusement, il y a une image, une seule, qui met fin à notre angoisse, à défaut de nous rassurer. C'est une belle photo en noir et en blanc, prise par Anthony Suau en mars 2008, qui est devenu, grâce à ce cliché, le 52ème World Press Photo Award 2008, sur 5 508 postulants et 96 268 photos. Photographier la crise, c'est mission impossible! Suau y est parvenu. Que nous montre-t-il? Un policier arme au poing qui inspecte une maison abandonnée, dévastée, conséquence de la crise des subprimes.
C'est une photo très riche à décrypter. Toute la crise que nous traversons est dans cette image. Son origine d'abord: l'immobilier américain ravagé par des prêts douteux, "pourris" comme on a dit, ne reposant sur rien sinon sur des montages financiers précaires, des crédits baroques, tortueux et finalement explosifs. Les victimes? Je le disais ce matin: la frange des classes populaires américaines voulant accéder à la classe moyenne et à son symbole, la propriété. Avoir sa maison, c'est un rêve, un idéal tout particulièrement américain. La maison qu'on voit sur la photo, cartons, chaises, objets jonchant pêle-mêle le sol, c'est le cauchemar américain.
A quoi s'ajoute ce policier, aux aguets, pistolet au poing, prêt à tirer, comme dans un milieu hostile, craignant les pillards ou les squatters. C'est l'intimité brisée, la douceur du foyer violée. Ce policier est à l'image de notre époque, obsédée par la sécurité. Mais cette image est ambiguë: il n'a rien à faire ici, il représente une menace, il introduit lui aussi une violence dans ce tableau. Normalement, un policier traque le danger à l'extérieur des maisons, pas à l'intérieur. Il y a quelque chose de "déplacé" dans cette présence, qui traduit fort justement l'étrangeté de cette crise pas comme les autres.
En vérité, cette photo nous montre une scène de guerre. Sauf qu'il n'y a pas de conflit militaire, sauf que le soldat est un policier, un "agent de la paix", comme on dit joliment chez nous. De quelle étrange guerre s'agit-il donc? De la guerre économique, celle qu'organise en toute légalité le capitalisme, celle qui ne fait aucun mort mais de nombreuses victimes. S'il n'y avait à garder qu'une seule chose de la crise que nous traversons, ce serait cette photo-là.
Bonne soirée.
14 Comments:
je vous conseille celle du courrier picard du jour.
4é jour de greve pour les employés des parkings d'amiens et un syndicaliste qui explique
"c'est une mairie de gauche qui tient des propos du medef".
Cela me semble etre une belle image de la crise.
Sinon vous avez le président paranoïaque de la région Picardie qui explique que les cartes qui évoquaient le démantelement de la Picardie ont disparu du rapport Balladur,
certainement à cause de la mobilisation.
Une hypothese bien surprenante basée sur des on-dit sans aucune preuve.
Et quand on lui explique que le rattachement de la somme au nord-pas de calais serait l'idée d'un socialiste,
il explique qu'il n'en a pas entendu parler.
N'aurait il pas pu l'appeler pour lui demander,
l'aurait il fait bien sur, il n'aurait pu parler de commission politicienne.
Je comprends sa position et celles d'autres élus qui veulent conserver la place qui est bonne pour eux.
Mais il me semble que le débat devrait porter sur d'autres considérations.
Cela aussi cela me semble etre une bonne image de la crise.
Chacun reste sur ses positions et ce serait aux autres de faire les efforts.
By grandourscharmant, at 2:15 PM
Les faits que vous évoquez (et que vous interprétez à votre façon) n'ont strictement rien à voir avec la crise financière mondiale. En revanche, ils ont beaucoup à voir avec votre confusion mentale et vos phobies.
By Emmanuel Mousset, at 2:25 PM
La crise vient d'une magouille généralisée à partir des USA. L'argent est prêté à des gens qui ne peuvent au final rembourser, et abandonnent leur maison comme sur la photo prise. Ensuite c'est diffusé au niveau mondial, ce qui fait que toutes les banques ont plus ou moins d'actifs pourris, ce qui entraîne une perte de confiance et étrangle le crédit.
On peut voir cela comme une vente pyramidale:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vente_pyramidale
On vend des actifs pourris à des gogos, qui s'en débarrassent à leur tour jusqu'au dernier qui s'en mord les doigts. Le capitalisme éthique, qui consite à fournir des capitaux à une entreprise naissante pour qu'elle puisse vendre des produits innovants et respectureux de l'environnemnt n'à rien à voir dans cette affaire.
By jpbb, at 7:44 PM
Le capitalisme peut-il être éthique?
By Emmanuel Mousset, at 8:19 PM
C'est vraisemblablement ce qui fera toujours la différence entre nous.
Votre incapacité à voir les évidences et votre suivisme.
Je ne doute pas que bientot quand une de vos connaissances que vous estimerez fiable vous expliquera la meme chose,
vous nous expliquerez à quel point cette personne a vraiment raison.
Ce qui vous empêche de voir le lien,
c'est votre incapacité à élaborer des raisonnements construits et cohérents.
Toujours les memes limites sur lesquelles sempiternellement vous vous cognez la tete,
incapable de comprendre que l'univers est à l'extérieur de vos limites pas à l'intérieur.
Quand on vous dit quoi pensez,
vous n'avez aucune peine à le penser.
Quand on vous écrit la démarche qui devrait vous permettre de raisonner par vous-meme,
vous vous en défiez.
Arrivé à ce niveau de connaissance,
vous pourriez comprendre sans peine que la crise est d'abord une crise du savoir et de la logique liée aux dernières avancées dans ce domaine.
Ceux qui maitrisent ce savoir et cette connaissance se voient dotés d'un avantage important et fondamental qui crée des déséquilibres énormes en leur faveur.
By grandourscharmant, at 8:40 PM
La crise est d'abord une crise du savoir? Mon Dieu, comme c'est original! Et ça doit être très intelligent, puisque je n'y comprends rien... Mon pauvre ami, soyez plus simple. Ce n'est pas parce que vous êtes un militant UMP que vous ne devez pas reconnaître que nous avons affaire à une crise du capitalisme, et à rien d'autre. Même vos chefs le disent!
By Emmanuel Mousset, at 10:14 PM
Je vais essayer d'etre un peu plus clair.
Je comprends bien que vous n'y compreniez rien.
Imaginez une partie d'échecs où votre adversaire saurait ce que vous allez jouer comme coups avant meme que vous sachiez ce que vous allez faire.
La crise n'est pas forcément une crise pour tout le monde.
By grandourscharmant, at 12:28 AM
Je crois avoir dit qu'une crise n'était JAMAIS pour tout le monde.
Quant à votre histoire d'échecs, c'est comme la crise, c'est largement irrationnel.
By Emmanuel Mousset, at 11:44 AM
Pour celui qui est incapable de le comprendre sans aucun doute.
Mais c'est toute l'histoire de l'humanité,
certains, visionnaires voyaient ce que d'autres,
rationnels étaient incapables de concevoir.
Vous auriez fait un merveilleux inquisiteur.
By grandourscharmant, at 9:57 PM
C'est moi qu'on met sur le bûcher, je ne peux donc pas être l'inquisiteur.
By Emmanuel Mousset, at 10:12 PM
Quel bucher !!!
bientôt vous allez nous expliquez que vous êtes un martyr.
Heureusement que vous n'êtes pas dans la victimisation.
Vous n'êtes sur aucun bucher,
vous ne faites que payer le prix de votre injustice.
By grandourscharmant, at 9:44 AM
Un martyr, non, je n'irai pas jusque là, mais un saint, je m'en rapproche tout de même. J'en connais peu qui accepteraient de suivre mon chemin.
By Emmanuel Mousset, at 7:18 PM
sauf qu'il n'y a aucune gloire à tirer de s'etre trompé aussi souvent et aussi longtemps.
Avoir fait tant d'erreurs sans meme s'en etre rendu compte,
ce qui est illogique ce n'est pas que personne ne vous ait suivi sur ce mauvais chemin,
ce qui défit l'entendemet, c'est plutot que vous vous soyez engagé sur ce chemin.
Ne confondez pas un martyr qui se sacrifie pour les autres et
un masochiste qui prend du plaisir à se faire souffrir.
La croix que vous avez du porter,
vous vous l'etes mis tout seul sur le dos.
Il n'y a aucune sainteté là dedans.
Tout ce à quoi vous pourriez peut-etre prétendre,
c'est à un darwin award en cas d'issue tragique.
By grandourscharmant, at 2:19 AM
C'est tout de même étrange: tout ce qui se passe dans la vie politique locale depuis un an prouve que j'avais raison avant tout le monde, et vous soutenez que je me suis trompé. Je vais presque finir par croire que vous faites à mon égard de la critique systématique.
By Emmanuel Mousset, at 1:28 PM
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