L'Aisne avec DSK

05 mars 2009

Camarade Eastwood!

Bonsoir à toutes et à tous.

Je ne me suis autorisé qu'une petite distraction, une bien modeste sortie lors de ces vacances pour moi très studieuses, qui s'acheminent vers leur fin: je suis allé une fois au cinéma! Et encore était-ce pour préparer une éventuelle manifestation dans le cadre des Semaines contre le racisme. Mais j'ai un blog professionnel qui vous raconte tout ça. Restons-en ici à l'esprit du blog politique.

Le film, c'était le dernier Eastwood, "Gran Torino", qui fait salle comble à Saint-Quentin et ailleurs. Normal: une star, de la bagarre, d'utiles bons sentiments, ça marche. Je ne vais pas revenir sur ce qui est flagrant dans ce très bon film: la peinture de l'Amérique contemporaine, la difficultés de la cohabitation entre les communautés (qui devraient nous prémunir en France contre tout communautarisme), la violence, le racisme, les préjugés portés sur les jeunes et sur les vieux. Tout cela est très bien montré, très bien dénoncé par Clint Eastwood. Non, je veux vous parler d'autre chose, dont on parle parle moins mais qui est tout aussi important: la dimension sociale.

Eastwood, qui nous a habitué à camper des inspecteurs de police fringants, nous brosse ici le portrait d'un ouvrier de l'automobile, qui a travaillé toute sa vie chez Ford. C'est très rare dans le cinéma américain, où la classe ouvrière est souvent absente. L'Amérique veut donner d'elle-même ce qu'elle n'est pas exactement: le paradis des classes moyennes.

Mais n'est-ce pas le destin de toutes les sociétés modernes? En France, dans les années 30, l'ouvrier est un personnage et même un mythe du cinéma. A partir des années 60, avec la consommation et l'embourgeoisement généralisé, c'est fini. Il n'y a plus que le cinéma militant qui s'empare de la figure de l'ouvrier.

Eastwood oppose le père ouvrier à ses fils, qui "font du commerce", qui sont entrés de ce fait dans la classe moyenne. Le héros, c'est pourtant lui, l'ouvrier, tout bougon, misanthrope et réactionnaire qu'il soit. Parce qu'il est aussi généreux, courageux et même, à la fin (que je ne vous raconte pas, allez voir) quasi christique.

Un ouvrier, c'est quoi? C'est d'abord, le film le montre très bien, quelqu'un qui travaille de ses mains et qui en éprouve une grande fierté. C'est quelqu'un qui possède chez lui, dans son garage, des outils, qu'il a fallu toute une vie pour acheter, rassembler. L'ouvrier ne l'est pas seulement dans son travail, mais aussi dans sa vie, dans ce prolongement de son savoir faire qu'est le bricolage.

L'ouvrier, c'est aussi celui qui a la fierté de son produit, en l'occurrence, chez Eastwood, un modèle d'automobile, la "Gran Torino", qui donne son titre au film. L'ouvrier n'est pas le bourgeois: il n'a pas une voiture pour la montrer et se montrer au volant, exhiber ainsi sa part de richesse, sa surface sociale. Non, l'ouvrier garde chez lui l'auto, dans son garage, la bichonne, la regarde, pour lui, rien que pour lui: fierté ouvrière contre vanité bourgeoise. La culture ouvrière est une culture de la production, de la création, pas de l'apparence sociale.

Je ne crois pas qu'un ouvrier soit moralement meilleur qu'un bourgeois. Il y a, par exemple, dans la classe ouvrière, un anti-intellectualisme qui est terrible. Mais je sais qu'un ouvrier est moralement, culturellement différent d'un bourgeois. Le socialisme, s'il veut avoir un sens, ne pas se dissoudre dans une vague gestion des choses, doit retrouver cette différence, s'en imprégner, l'élargir, en faire quelque chose d'universel. Ce que je dis est un peu métaphysique, mais je me comprends. Dis autrement, le socialisme doit être fidèle à ses racines, ce qui n'empêche pas ses branches de pousser vers le ciel.


Bonne soirée.

10 Comments:

  • Le camarade Eastwood est visiblement plus sympa que les camarades Collomb et Moscovici.

    L'un fait circuler une pétition contre les listes européennes du ps,
    l'autre explique
    "Il faut en finir avec ce système. Aujourd'hui au PS, on ne peut plus parler de courants de pensée ni même d'écuries présidentielles. Nous avons affaire à des factions."

    By Blogger grandourscharmant, at 9:37 AM  

  • Tous les camarades sont sympas. Il n'y a que les gens de droite qui sont méchants.

    Sinon, je ne suis pas spontanément pétitionnaire et j'ai fait depuis longtemps sur ce blog la critique du système des courants.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:42 AM  

  • En quelque sorte, le socialisme, c'est le travail dans le réel, avec ses mains dans le cambouis, pour porter une vision intellectuelle, nos idéaux de toujours, « Le bien-être pour tous, et l'augmentation de l'autonomie de chacun ».

    C'est cette dynamique du travail, ce que l'on peut voir à l'oeuvre chez les génies solitaires, tel Léonardo Da Vinci, qui est repris collectivement par l'humanité toute entière. C'est cela le socialisme.

    By Blogger jpbb, at 7:00 PM  

  • Donc le camarade Savary,
    député européen de gironde qui dans un article du jour de libé explique que le ps touche le fond avec les européennes,
    le fait forcément par gentillesse.


    Il dénonce un parti «au discours schizophrène sur l’Europe. On assène des leçons puis on considère le Parlement européen comme un mandat d’attente, un lot de consolation ou une récompense de congrès…»

    De meme quand il dénonce le fait que le parti fonctionne en tribu, en bande.
    ou qu'aujourd’hui, alors que c’est chaud, MA soit au Maroc! S'interrogeant si c'est ça faire de la politique autrement.

    Et quel amour ce MB qui dénonce ce systeme de verrouillage qui fissure l'intérieur du parti.

    Si c'est cela pour vous etre sympa,
    pas étonnant que vous nous trouviez si méchant à droite.
    On respecte meme les vaincus,
    chez vous visiblement, celui qui gagne écrase tous les autres.

    By Blogger grandourscharmant, at 8:02 PM  

  • Dans un scrutin de liste, il faut faire des choix et il y a toujours des mécontents. N'en faites pas tout un plat! Ce qui compte, c'est le vote du PS sur les listes, largement majoritaire. Le reste n'est que poussière.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:51 PM  

  • Alors votre parti n'est plus que poussières

    By Blogger grandourscharmant, at 9:50 PM  

  • La poussière est dans votre oeil. C'est là où vous devriez regarder.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:11 PM  

  • Une paille à la limite sur laquelle vous vous focalisez refusant de voir la poutre qui est dans le votre.

    By Blogger grandourscharmant, at 9:38 AM  

  • La poutre dans mon oeil, c'est sur votre tête que vous allez la recevoir!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:57 PM  

  • vous voyez bien quand vous voulez,
    vous pouvez etre honnete.

    Ce n'était pas si difficile de reconnaitre qu'effectivement vous étes aveuglé par la poutre que vous avez dans l'oeil.

    By Blogger grandourscharmant, at 11:07 AM  

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