La vérité de Becquigny.
Il y a des jours où la lecture de L'Aisne Nouvelle vaut bien celle d'un traité politique ou d'un ouvrage de sociologie. Aujourd'hui par exemple, page 6, cet article intitulé "Becquigny: le maire démissionne". Elle s'appelle Cendrine Roy, je ne la connais pas, elle a la charge de 300 âmes dans le canton de Bohain depuis un an, "elle dit avoir vécu l'enfer durant son mandat", lit-on dans le journal. Roy s'en va, et avec elle quatre adjoints. Des élus locaux qui plaquent tout parce qu'ils en ont marre, ce n'est pas nouveau, mais le phénomène semble-t-il s'accélère.
Qu'est-ce qui se passe dans le village de Becquigny pour que son premier magistrat en arrive à une telle extrémité? Ce n'est pas la lassitude de la fonction, la charge des responsabilités, l'usure du pouvoir, puisqu'elle s'est faite élire il y a un an seulement. C'est alors quoi? Un état d'esprit qui se développe à Becquigny et dans tous les villages et villes de France, dans l'espace public en général, et que Madame Roy exprime ainsi:
"La pression permanente des habitants, qui parfois vous agressent verbalement, souvent pour des détails, m'a provoqué du stress et de l'hypertension. Je préfère me retirer que d'être sur le qui-vive et malade".
C'est un constat commun: la civilité se dégrade. On parle souvent des voyous de banlieues, des jeunes mal élevés, on ferait mieux de regarder les comportements quotidiens dans nos villes, villages, administrations, le délitement des rapports humains est parfois consternant. A qui la faute? Je ne sais pas. Il faudrait demander à un grand philosophe, un grand sociologue, un grand psychologue, un grand historien. Je ne suis rien de tout ça.
Mais Cendrine Roy ne se contente pas de dénoncer un enfer, "elle regrette d'être tombée dans un piège", dit le journal. Lequel? "On aurait dû me prévenir des inconvénients qui existent dans la gestion d'une municipalité. Me dire la vérité. J'ai l'impression d'avoir été trompée". Moi, j'ai plutôt l'impression que c'est elle qui s'est trompée, que c'est elle qui aurait dû rechercher la vérité. Quand on veut devenir maire, on s'informe tout de même avant! Et dans une société d'hyper communication, ça ne doit pas être si difficile que ça.
Bref, Madame Roy dénonce à juste titre une incivilité en se livrant à une irresponsabilité, ce qui n'est guère mieux. Incivile à son tour, elle fait reporter la faute sur les autres, ne se remet pas en cause, n'admet pas qu'elle a pu commettre une faute en s'engageant aussi légèrement. Elle aggrave son cas en cherchant à se justifier, comme il arrive souvent lorsqu'on est en faute: "Je n'étais pas tête de liste, c'était le maire sortant. J'avais déjà mis en vente ma maison, pour quitter la région".
Oui, vous avez bien lu: Madame Roy a accepté le siège de maire sachant qu'elle allait partir. Vous y comprenez quelque chose? Moi pas. La citoyenneté est un thème à la mode depuis une quinzaine d'années, et je n'ai jamais aussi peu vu de comportements citoyens. La République pourtant n'existe que s'il y a des citoyens pour la faire exister, à tout niveau. On crache souvent sur les hommes politiques, on devrait garder un peu de salive pour les citoyens qui le méritent.
S'enfonçant encore plus dans l'auto-justification, Madame Roy avance un dernier prétexte: "Je me suis même trouvée au coeur de conflits entre familles de cultivateurs. L'esprit de la campagne, je ne suis pas prête d'oublier!" Eh oui, c'est ce qu'on appelle la vie, qui est rarement harmonieuse. Je ne suis pas très malin mais je sais ça. Pas Madame Roy, pour son malheur, auquel je compatis. Mais "l'esprit de la campagne" n'y est pour rien. Au coeur des villes, chez les cadres supérieurs (par exemple), c'est la même comédie humaine. On l'accepte, on l'affronte, ou alors on ne fait pas de politique. Voilà la vérité de Becquigny, qu'on peut trouver plus savamment exposée dans les traités politiques ou les ouvrages de sociologie que je n'ai pas toujours lus.
Bonne fin d'après-midi.
Qu'est-ce qui se passe dans le village de Becquigny pour que son premier magistrat en arrive à une telle extrémité? Ce n'est pas la lassitude de la fonction, la charge des responsabilités, l'usure du pouvoir, puisqu'elle s'est faite élire il y a un an seulement. C'est alors quoi? Un état d'esprit qui se développe à Becquigny et dans tous les villages et villes de France, dans l'espace public en général, et que Madame Roy exprime ainsi:
"La pression permanente des habitants, qui parfois vous agressent verbalement, souvent pour des détails, m'a provoqué du stress et de l'hypertension. Je préfère me retirer que d'être sur le qui-vive et malade".
C'est un constat commun: la civilité se dégrade. On parle souvent des voyous de banlieues, des jeunes mal élevés, on ferait mieux de regarder les comportements quotidiens dans nos villes, villages, administrations, le délitement des rapports humains est parfois consternant. A qui la faute? Je ne sais pas. Il faudrait demander à un grand philosophe, un grand sociologue, un grand psychologue, un grand historien. Je ne suis rien de tout ça.
Mais Cendrine Roy ne se contente pas de dénoncer un enfer, "elle regrette d'être tombée dans un piège", dit le journal. Lequel? "On aurait dû me prévenir des inconvénients qui existent dans la gestion d'une municipalité. Me dire la vérité. J'ai l'impression d'avoir été trompée". Moi, j'ai plutôt l'impression que c'est elle qui s'est trompée, que c'est elle qui aurait dû rechercher la vérité. Quand on veut devenir maire, on s'informe tout de même avant! Et dans une société d'hyper communication, ça ne doit pas être si difficile que ça.
Bref, Madame Roy dénonce à juste titre une incivilité en se livrant à une irresponsabilité, ce qui n'est guère mieux. Incivile à son tour, elle fait reporter la faute sur les autres, ne se remet pas en cause, n'admet pas qu'elle a pu commettre une faute en s'engageant aussi légèrement. Elle aggrave son cas en cherchant à se justifier, comme il arrive souvent lorsqu'on est en faute: "Je n'étais pas tête de liste, c'était le maire sortant. J'avais déjà mis en vente ma maison, pour quitter la région".
Oui, vous avez bien lu: Madame Roy a accepté le siège de maire sachant qu'elle allait partir. Vous y comprenez quelque chose? Moi pas. La citoyenneté est un thème à la mode depuis une quinzaine d'années, et je n'ai jamais aussi peu vu de comportements citoyens. La République pourtant n'existe que s'il y a des citoyens pour la faire exister, à tout niveau. On crache souvent sur les hommes politiques, on devrait garder un peu de salive pour les citoyens qui le méritent.
S'enfonçant encore plus dans l'auto-justification, Madame Roy avance un dernier prétexte: "Je me suis même trouvée au coeur de conflits entre familles de cultivateurs. L'esprit de la campagne, je ne suis pas prête d'oublier!" Eh oui, c'est ce qu'on appelle la vie, qui est rarement harmonieuse. Je ne suis pas très malin mais je sais ça. Pas Madame Roy, pour son malheur, auquel je compatis. Mais "l'esprit de la campagne" n'y est pour rien. Au coeur des villes, chez les cadres supérieurs (par exemple), c'est la même comédie humaine. On l'accepte, on l'affronte, ou alors on ne fait pas de politique. Voilà la vérité de Becquigny, qu'on peut trouver plus savamment exposée dans les traités politiques ou les ouvrages de sociologie que je n'ai pas toujours lus.
Bonne fin d'après-midi.
34 Comments:
vous qui etes si malin
allez vous installer là-bas
et postulez à la place de maire
peut etre que vous réussirez à vous élire qui sait.
By grandourscharmant, at 7:04 PM
Plutôt d'accord avec votre billet, il faut réhabiliter le sens de l'engagement et du service.
deux nuances cependant:
la comédie humaine se joue dans tous les corps de métier , y compris celui... des enseignants (je le sais , j'en suis tantôt acteur, tantôt spectateur)
de plus , le contexte de Becquigny est peut-être vraiment hardcore!!
By lightbulb, at 8:34 PM
PS:Goc a sans doute voulu dire "que vous réussirez à vous FAIRE élire"
By lightbulb, at 8:38 PM
A l'ours UMP:
Merci pour votre sollicitude mais je n'ai pas d'ambition personnelle, ni à Saint-Quentin, encore moins à Becquigny. Je sais, on trouve ça toujours étrange, être passionné de politique et ne pas avoir d'ambition personnelle.
By Emmanuel Mousset, at 8:58 PM
A lightbulb:
Entièrement d'accord avec vous: la comédie humaine se joue partout, et à guichets fermés.
Becquigny, c'est peut-être "Dallas" et son univers impitoyable. Madame Roy évoque des "familles de cultivateurs", peut-être les Ewing de la betterave.
By Emmanuel Mousset, at 9:02 PM
"je n'ai pas d'ambition personnelle"
j'aime votre sens de l'humour.
By Anonyme, at 1:40 AM
Je vous remercie pour votre compliment, mais parmi bien des qualités il y en a une que je ne possède pas: le sens de l'humour. Mes amis me le reprochent, mais personne n'est parfait.
Pour votre gouverne, sachez que l'ambition se reconnaît à son degré de réussite. Admettez que le mien est bien bas...
By Emmanuel Mousset, at 10:04 AM
Je suis bien d'accord,
le degré de réussite permet de mesurer l'ambition.
Les trop ambitieux veulent tout, tout de suite et finissent sans rien.
By grandourscharmant, at 10:38 AM
Un ambitieux n'a jamais trop d'ambition. Demandez à votre copain Bertrand, il vous expliquera tout ça beaucoup mieux que moi.
By Emmanuel Mousset, at 11:21 AM
C'est bien parce que je vous connais tous les deux que je me permet de faire ce commentaire.
Si on demande au larousse de définir l'ambition, il nous explique ceci:
-Désir ardent de posséder quelque chose, de parvenir à (faire) quelque chose : Avoir l'ambition de réussir.
-Désir ardent de gloire, d'honneurs, de réussite sociale : Un homme dévoré d'ambition.
-Prétention de réussir quelque chose : Je n'ai pas l'ambition de résoudre cette énigme.
Et autant tout cela peut s'appliquer à vous,
autant à XB, je ne vois pas en quoi.
XB n'a pas l'ambition de réusir,
il réussit.
XB ne désire pas gloire, honneurs, réussite sociale,
il les possede.
XB n'a pas la prétention de réussir, il réussit.
Et cela, meme vous devez le reconnaitre.
Quant à celui qui désire et qui prétend, mais qui ne fait pas,
c'est EM.
By grandourscharmant, at 3:32 PM
Laissez tomber votre dictionnaire et faites fonctionner votre cerveau (je sais, c'est plus difficile que de feuilleter des pages, mais ce n'est pas non plus hors de portée):
Un intelligent, est-ce celui qui désire être intelligent? Evidemment non. Un ambitieux, c'est pareil: il ne suffit pas de désirer pour l'être.
Un ambitieux qui ne satisfait pas la plus petite ambition (et généralement l'ambition est grande), ce n'est pas un ambitieux, c'est un fou, un idiot ou autre chose.
Observez tous les ambitieux de ce monde: ils ont, à quelque degré, réussi une partie de leur ambition. Sinon on ne les qualifierait pas d'ambitieux.
By Emmanuel Mousset, at 4:34 PM
Comme quoi,
il vous arrive quand meme d'avoir quelques moments de lucidités,
vous avez pleinement conscient de ce que vous etes.
Un fou c'est donc un ambitieux qui a échoué.
Qualifier quelqu'un,
c'est souvent un comparatif par rapport à soi-meme.
Pour que la qualification soit pertinente, encore faut-il que le qualifiant soit habilité à qualifier le qualifié.
Ne seriez vous pas en train de confondre, l'etre et le paraitre.
Et puis de toute façon,
pourquoi ne seriez vous pas un ambitieux,
vous prétendez avoir l'ambition de n'en avoir aucune
et comme vous n'etes arrivé à rien,
vous avez pleinement réalisé vos ambitions.
By grandourscharmant, at 7:48 PM
Votre propos est confus. Je ne retiendrais que le début, très clair, qui salue ma lucidité. C'est déjà ça. Continuez.
By Emmanuel Mousset, at 8:47 PM
vous etes bien le seul à le trouver confus.
on m'a plutot fait remarquer qu'il était drole et pertinent.
By grandourscharmant, at 9:26 PM
C'est une forme d'humour que je ne partage pas.
By Emmanuel Mousset, at 9:54 PM
c'est parce que vous ne le comprenez pas,
l'humour,
c'est une forme d'intelligence,
il faut en avoir suffisament pour pouvoir le comprendre.
By grandourscharmant, at 10:11 PM
J'ai suffisamment d'intelligence pour me dispenser de cette forme d'humour.
By Emmanuel Mousset, at 7:28 AM
De la suffisance, c'est sur
de l'inteligence,
mais alors n'hésitez pas à vous en servir,
ce sera une vrai révolution.
By grandourscharmant, at 9:52 AM
L'intelligence dont on ne se sert pas, ça n'existe pas.
By Emmanuel Mousset, at 12:43 PM
à ces deux la il faudrait leur réserver un coin de la cour de récréation pour qu'ils puissent jouer tranquillment à " c'est celui qui le dit qu'il l'est"....le papier de ce jour est d'une telle indigence..pitié SVP
By Anonyme, at 5:33 PM
Indigence? Je suppose que vous commettez un lapsus. Indulgence, vous voulez dire, envers cette brave dame de Becquigny.
By Emmanuel Mousset, at 6:45 PM
Je suis assez d'accord avec l'anonyme précédent en ce sens qu'il est difficile d'être bon sur la durée dans ce genre d'exercice.
N'est pas éditorialiste qui veut ni commentateur d'éditoriaux qui veut!
C'est ainsi que le dialogue permanent entre GOC et EM ne présente plus aucun intérêt tant il est prévisible parce que chacun d'eux a fait le tour de la question , de sa question et n'a plus rien de nouveau à dire.
Il risque d'arriver à l'un ou à l'autre, ou aux deux, ce qui est arrivé à JPBB.
Disparu corps et âme parce que l'on ne peut pas dire éternellement la même chose, savoir DSK à l'internatinal, Moscovici au PS et que le socialisme c'est l'autonomie pour chacun sans voir que plus d'autonomie c'est aussi le triomphe de l'individualisme et la disparition de la solidarité.
Bref on ne peut pas faire illusion très longtemps.
Mais surtout continuez, cela peut amuser certains irréductibles pas trop exigeants.
By Anonyme, at 9:19 PM
Je ne disparaitrai pas, ni de corps, ni d'âme, sauf au moment de ma mort, et encore... Car je pense que ce blog, qui aura marqué (en bien ou en mal, ça, c'est à la libre appréciation de chacun), laissera une postérité.
Rien qu'en ce qui concerne les municipales 2007 à St Quentin, le blog représente, certes de façon partiale mais je l'assume, une mine d'informations que vous ne trouverez nulle part ailleurs, pas même dans les archives locales du PS, qui sont inexistantes.
Quant à la difficulté de l'exercice (rédiger un blog), je ne la sens pas, j'ai toujours quelque chose de nouveau à dire.
By Emmanuel Mousset, at 10:35 PM
alors que moi,
je ne fais que répéter
b et a font ba
cherchez l'erreur.
By grandourscharmant, at 11:18 PM
J'en reste baba.
By Emmanuel Mousset, at 12:18 AM
Je n'ai évidemment pas souhaité votre départ et je comprends bien que vous n'allez pas mépriser votre travail.
Mais, pressé de vous défendre, vous répondez à coté de la question et donc forcément dans le vide.
La suite le montre d'ailleurs et c'est bien un coin de cours de récréation qu'il vous faut, en ce qui concerne le dialogue avec GOC.
By Anonyme, at 7:17 AM
Ma règle d'or, c'est que je réponds toujours au même niveau que celui mon interlocuteur. A un intelligent je réponds intelligemment, à celui qui me lance des petits cailloux je lance des petits cailloux.
Vous, vous m'avez l'air de tourner autour du pot, pas très sûr de votre coup. Je ne sais pas encore si c'est du lard ou du cochon. J'attends. De toute façon, vous aurez votre compte, comme les autres. Il vous sera donné selon vos mérites. Amen.
By Emmanuel Mousset, at 9:32 AM
Malheureusement je ne peux pas descendre à ce niveau!
Encore une fois je parle du dialogue avec GOC: b+a=ba...j'en reste baba.
C'est bien du niveau cour de récréation, puisque c'est de là que nous sommes partis.
N'en jetez plus, effectivement j'ai eu mon compte et je me demande si je vais m'en remettre, tellement je suis anéanti!
By Anonyme, at 1:55 PM
Les fondamentaux,
c'est ce qu'il y a de plus important et qu'on oublie le plus souvent.
J'ai toujours été fasciné de voir les plus grands concertistes régulierement faire et refaire leur gammes,
la où les musiciens du dimanche ne s'en donnent pas forcément la peine.
dans la vie, rien ne va de soi,
surtout pas l'essentiel.
By grandourscharmant, at 2:11 PM
Et surtout s'il ne pleut pas demain, il fera beau!
J'aime beaucoup les grands concertistes, mais pour l'instant vous seriez plutot "fête de la musique" que j'aime beaucoup aussi.
Allez, offrez donc un verre aux musiciens!
By Anonyme, at 2:36 PM
mais alors le matin,
météofrance annonce quelques éclaicies,
par contre l'apres-midi,
la pluie est annoncé.
On risque de voir attendre la semaine prochaine pour qu'il fasse beau.
Meme si tout est relatif,
la pluie pour un jardinier,
c'est beau temps.
By grandourscharmant, at 4:57 PM
Mais vous savez que c'est intéressant tout ça!
By Anonyme, at 7:08 PM
J'ai cru comprendre que ça ne vous intéressait pas,
mais comme dirait l'autre
ça m'en touche une sans toucher l'autre.
By grandourscharmant, at 9:11 PM
Chacun sur ce blog dit ce qu'il a à dire, un point c'est tout. Ceux qui ne sont pas intéressés n'ont qu'à aller voir ailleurs si j'y suis.
By Emmanuel Mousset, at 10:03 PM
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