Ticket pour 2012.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai vécu 48 heures en enfer. C'est beaucoup moins que la "saison" de Rimbaud mais c'est tout aussi cruel. J'ai été privé d'internet, comme un enfant privé de dessert ou un chrétien privé de Dieu (la définition de l'Enfer, selon certains théologiens). Par bonheur, deux anges m'ont hier visité, deux techniciens de Wanadoo. Ils ont tout démonté, tout remonté, tout expliqué, je n'ai rien compris et rien n'a marché. Ils sont partis je ne sais où, au ciel de l'informatique je suppose, ils ont fait je ne sais quoi, toujours est-il qu'au bout de deux heures tout refonctionnait. Un miracle peut-être.

Bref, je dois vous parler du G20 alors que l'actualité porte sur l'OTAN. Méprisons l'actualité. D'autant que le G20 est autrement plus important que le sommet de l'OTAN. Tout le monde, à part le PCF et l'extrême gauche, a salué le succès ou les avancées (selon votre degré d'enthousiasme) du G20. Normal: le PCF et l'extrême gauche ne jurent que par l'abolition du capitalisme, ce qui est un projet honorable mais difficile. En ce qui me concerne, je me replie prudemment sur sa réforme.

Les salariés se moquent de savoir si on va abolir ou pas le capitalisme, querelle byzantine, ils veulent qu'on protège leur emploi et qu'on améliore leur pouvoir d'achat. C'est précisément cela dont il a été question au G20, sous l'angle économique. Régulation de la finance et relance budgétaire, voilà son résumé, au contenu tout à fait inhabituel. A vrai dire, le G20 est entré dans le réformisme.

Ce qu'on retient aussi, c'est le renforcement considérable du FMI et des structures internationales, alors que le sommet mondial se contentait auparavant de décisions entre Etats. Là comme ailleurs, l'internationalisation est en marche, embryon encore modeste d'institutions un jour mondiales, et c'est une bonne chose. Enfin, nous avons définitivement tourné la page de l'ancien G7, club des pays riches. Les pays pauvres sont désormais associés à la gouvernance mondiale, et c'est bien le moins qu'on puisse faire.

De ce G20, on aura peu remarqué qu'il aura été l'échec de l'altermondialisme. Depuis dix ans, cette sensibilité, radicalité new look et light, avait fait le succès paradoxal des sommets mondiaux, en les contestant violemment et massivement. On a pu alors parler d'une opinion publique planétaire. Elle n'était pas au rendez-vous à Londres (en tout cas en nombre beaucoup moins grand qu'avant). Pourtant, en pleine crise financière, cette mouvance aurait dû fortement se mobiliser. Cette désaffection est un signe des temps et une leçon de l'Histoire: plus le réformisme avance, plus la radicalité recule.

Pour terminer, comment ne pas me réjouir de celui qui aura été la vedette du G20: Sarkozy? Vous n'y pensez pas! Obama? Une simple et légitime curiosité. Non, le grand vainqueur, c'est DSK, qui repart avec dans ses bagages un budget triplé et un rôle politique planétaire renforcé. Et puis, au fond d'une valise, bien caché, un petit bout de papier, à usage cette fois strictement français: son ticket pour 2012. En espérant qu'il ne soit pas à cette date périmé.


Bonne matinée.
au paradis.