Sarkozy et Géo Trouvetou.
Bonjour à toutes et à tous.
Le mouvement de protestation des enseignants-chercheurs est sans précédent, tant par son ampleur que par sa durée. Et pourtant, il est largement méconnu. D'abord parce qu'on sait ce qu'est un enseignant, on imagine ce qu'est un chercheur, mais on sait peu de choses sur les enseignants-chercheurs. Et puis, leur contestation est parfois médiatiquement maladroite. Leur boycott du journal "Le Monde", leur "ronde infinie des obstinés" autour de la mairie de Paris, leur manif déguisé en clowns, tout ça fait folklo, provo, gaucho, pas très sérieux, pas très crédible, surtout quand on est enseignant-chercheur. La communication et eux, ça fait deux, on le sent bien.
Pourtant, ce qui se passe est fondamental. Tous les politiques, de droite ou de gauche, nous expliquent que l'avenir de la France passe par l'innovation technologique et donc par le développement de la recherche. Nous devrions donc être à l'écoute des doléances des enseignants-chercheurs. Or, l'actuel gouvernement leur tourne le dos, ferme les yeux et se bouche les oreilles. Il y a eu, en janvier, le discours scandaleux de Sarkozy devant les chercheurs, ironisant sur eux. Indigne d'un président de la République! On n'imagine pas un seul instant De Gaulle, Mitterrand et les autres se comporter comme ça.
La vérité, c'est que l'idéologie sarkozienne est foncièrement opposée à l'esprit de la recherche. Celle-ci a besoin de temps, le sarkozysme se repaît de l'instant. La recherche repose sur le principe de gratuité, le sarkozysme ne jure que par le fric. La recherche est par nature fondamentale, le sarkozysme cultive l'utilitarisme le plus vulgaire, les résultats à courte échéance. Le chercheur a quelque chose en lui d'aristocratique qui contredit le populisme sarkozien.
Qu'est-ce que Sarkozy veut faire des chercheurs? Des Géo Trouvetou! Tout le monde connaît ce personnage de chez Mickey, un inventeur génial qui bricole des objets très concrets, très pratiques et parfaitement inutiles. La machine à peler les oranges, ça, Sarkozy aimerait beaucoup. C'est "concret", ce serait une fameuse découverte, sauf que ça ne servirait strictement à rien, puisque que pour peler une orange, Dame Nature nous a dotés d'un pouce et de doigts qui le font très bien.
Ce que Sarkozy et les siens, engoncés dans leur anti-intellectualisme, ont du mal à comprendre, c'est qu'un chercheur n'est pas un trouveur ou un inventeur. Un chercheur, c'est toute sa grandeur, est quelqu'un qui cherche, qui creuse, qui s'interroge, qui tâtonne, qui hésite, qui s'égare, qui retourne en arrière, qui repart. C'est cette liberté, cette errance, qui est féconde alors qu'elle paraît "inutile". Les plus grands chercheurs, les plus grandes découvertes sont issus de cette esprit et cette pratique de la recherche, qui sont étrangères à la mentalité sarkozienne.
L'erreur politique, dans cette affaire primordiale des enseignants-chercheurs, ce serait d'opposer la gratuité et l'argent, la recherche et l'économie. Les uns et les autres sont indépendants mais doivent être mis en synergie. Il n'est pas choquant que la recherche en chimie soit mise en rapport avec l'industrie, par exemple. Quand la civilisation a bâti des cathédrales, la finalité n'était pas utilitaire mais spirituelle. Il n'empêche que ces grands travaux se sont inscrits dans le développement économique de la société d'alors.
Sarkozy, là comme ailleurs, provoque, divise, introduit du soupçon, du conflit. Il discrédite la gratuité de la recherche, veut la soumettre au profit, le seul langage qu'il connaisse et qu'il respecte. Il oppose, sépare ce qu'il faudrait concilier, harmoniser. On attend de lui respect et confiance envers le monde de la recherche, on récolte ironie et mépris, et au bout du bout, la négation même de la recherche. C'est un mauvais coup porté à la France, qui ne sera une grande puissance que si elle dispose d'une grande recherche, et pas des bataillons de Géo Trouvetou. La France de Sarko, je le crains, c'est, en bien des domaines, la France de Mickey.
Bon après-midi.
PS: très bon article dans Charlie de cette semaine sur les enseignants-chercheurs, signé Antonio Fischetti.
Le mouvement de protestation des enseignants-chercheurs est sans précédent, tant par son ampleur que par sa durée. Et pourtant, il est largement méconnu. D'abord parce qu'on sait ce qu'est un enseignant, on imagine ce qu'est un chercheur, mais on sait peu de choses sur les enseignants-chercheurs. Et puis, leur contestation est parfois médiatiquement maladroite. Leur boycott du journal "Le Monde", leur "ronde infinie des obstinés" autour de la mairie de Paris, leur manif déguisé en clowns, tout ça fait folklo, provo, gaucho, pas très sérieux, pas très crédible, surtout quand on est enseignant-chercheur. La communication et eux, ça fait deux, on le sent bien.
Pourtant, ce qui se passe est fondamental. Tous les politiques, de droite ou de gauche, nous expliquent que l'avenir de la France passe par l'innovation technologique et donc par le développement de la recherche. Nous devrions donc être à l'écoute des doléances des enseignants-chercheurs. Or, l'actuel gouvernement leur tourne le dos, ferme les yeux et se bouche les oreilles. Il y a eu, en janvier, le discours scandaleux de Sarkozy devant les chercheurs, ironisant sur eux. Indigne d'un président de la République! On n'imagine pas un seul instant De Gaulle, Mitterrand et les autres se comporter comme ça.
La vérité, c'est que l'idéologie sarkozienne est foncièrement opposée à l'esprit de la recherche. Celle-ci a besoin de temps, le sarkozysme se repaît de l'instant. La recherche repose sur le principe de gratuité, le sarkozysme ne jure que par le fric. La recherche est par nature fondamentale, le sarkozysme cultive l'utilitarisme le plus vulgaire, les résultats à courte échéance. Le chercheur a quelque chose en lui d'aristocratique qui contredit le populisme sarkozien.
Qu'est-ce que Sarkozy veut faire des chercheurs? Des Géo Trouvetou! Tout le monde connaît ce personnage de chez Mickey, un inventeur génial qui bricole des objets très concrets, très pratiques et parfaitement inutiles. La machine à peler les oranges, ça, Sarkozy aimerait beaucoup. C'est "concret", ce serait une fameuse découverte, sauf que ça ne servirait strictement à rien, puisque que pour peler une orange, Dame Nature nous a dotés d'un pouce et de doigts qui le font très bien.
Ce que Sarkozy et les siens, engoncés dans leur anti-intellectualisme, ont du mal à comprendre, c'est qu'un chercheur n'est pas un trouveur ou un inventeur. Un chercheur, c'est toute sa grandeur, est quelqu'un qui cherche, qui creuse, qui s'interroge, qui tâtonne, qui hésite, qui s'égare, qui retourne en arrière, qui repart. C'est cette liberté, cette errance, qui est féconde alors qu'elle paraît "inutile". Les plus grands chercheurs, les plus grandes découvertes sont issus de cette esprit et cette pratique de la recherche, qui sont étrangères à la mentalité sarkozienne.
L'erreur politique, dans cette affaire primordiale des enseignants-chercheurs, ce serait d'opposer la gratuité et l'argent, la recherche et l'économie. Les uns et les autres sont indépendants mais doivent être mis en synergie. Il n'est pas choquant que la recherche en chimie soit mise en rapport avec l'industrie, par exemple. Quand la civilisation a bâti des cathédrales, la finalité n'était pas utilitaire mais spirituelle. Il n'empêche que ces grands travaux se sont inscrits dans le développement économique de la société d'alors.
Sarkozy, là comme ailleurs, provoque, divise, introduit du soupçon, du conflit. Il discrédite la gratuité de la recherche, veut la soumettre au profit, le seul langage qu'il connaisse et qu'il respecte. Il oppose, sépare ce qu'il faudrait concilier, harmoniser. On attend de lui respect et confiance envers le monde de la recherche, on récolte ironie et mépris, et au bout du bout, la négation même de la recherche. C'est un mauvais coup porté à la France, qui ne sera une grande puissance que si elle dispose d'une grande recherche, et pas des bataillons de Géo Trouvetou. La France de Sarko, je le crains, c'est, en bien des domaines, la France de Mickey.
Bon après-midi.
PS: très bon article dans Charlie de cette semaine sur les enseignants-chercheurs, signé Antonio Fischetti.
16 Comments:
Des chercheurs qui cherchent, on trouve,
des chercheurs qui trouvent, on cherche.
Vos chercheurs ont un probleme avec l'argent, le commerce et l'économie
mais aussi l'échange et le partage du savoir.
Le mandarinat, ce n'est pas la panacée.
A vous entendre et à les entendre, la France serait seule au monde.
A croire que les autres ne font pas mieux que nous et que les chercheurs ne sont pas mieux traités chez eux.
Quand les chercheurs sont conservateurs alors qu'on attend d'eux qu'ils soient des progressistes,
peut-etre qu'il y a un probleme.
Et que ce n'est plus une question de recherche mais de politique politicienne.
By grandourscharmant, at 3:00 PM
Vous ne répondez aucunement à ma critique de l'idéologie sarkozienne, contraire à l'esprit de la recherche. Je vous comprends, vous n'avez sans doute rien à répondre.
Vous enfilez des perles sur la recherche, des lieux communs. Je vous laisse dans cette activité d'enfant et de vieille dame.
By Emmanuel Mousset, at 6:06 PM
Evidence qui ne sont pas visiblement partagé par tous, puisque vous ne voulez pas en tenir compte.
La question qui est posé est à quoi doit servir un chercher.
Doit-il servir ses intérets personnels ou etre utile à la société ?
Si vous aviez porté une critique,
je l'aurais contesté.
Mais quelle est le mot d'ordre,
quels sont les revendications ?
Meme vous expliquez que le mouvement n'est pas tres sérieux et je devrais lui accorder plus de sérieux que vous ne lui en accordez vous meme.
Critiquez tant que vous voulez,
cela démontre que vous n'avez rien à proposer.
Car ce qui se passe sur le fond,
c'est que vous etes en train de perdre batailles apres batailles.
Le systeme va changer,
la recherche sera moins une question de couleur politique que de compétences.
Vous expliquez qu'il faut etre à l'écoute des doléances mais quelles sont elles,
vous n'en citez aucune.
Vous pourriez expliquer,
ils demandent cela pour cela.
Mais vous ne pouvez pas
By grandourscharmant, at 6:24 PM
J'ai expliqué mon point de vue, je ne vais pas le répéter, vous n'aviez qu'à régler votre sonotone.
Un chercheur sert à chercher, pour le profit de la société. Voilà. C'est assez clair?
Les revendications du mouvement? Simple là aussi: que Sarkozy ne détruise pas la recherche française en la soumettant à des impératifs financiers.
Mais tout cela est peut-être trop clair pour vous...
By Emmanuel Mousset, at 9:49 PM
Et que cherche un chercheur,
en quoi est ce un progres pour la société ?
Sur les impératifs financiers,
j'avais cru comprendre que justement,
c'était le manque de moyens qui tuait la recherche.
En quoi avoir plus de moyens et une exigence de résultat détruirait la recherche ?
Surtout que visiblement ce sont ces criteres qui rendent la recherche aux Etats-Unis si performante.
Cela implique surtout un changement de mentalité,
qu'on évalue les gens aux résultats et non pas à l'ancienneté.
Et bien sur vous ne répondez pas sur le caractere conservateur des étudiants chercheurs.
Mais vous ne pouvez pas,
ce serait reconnaitre que la recherche est déjà morte puisque conservatrice,
alors que pour etre vivante la recherche doit etre progressiste.
C'est leur statut et leur rente de situation que les chercheurs veulent conserver pas défendre la recherche.
By grandourscharmant, at 10:25 PM
Conservateur, c'est un mot que vous connaissez trop bien. Appliquez-le à vous-même, ce sera amplement suffisant. Les chercheurs n'ont rien à voir avec le conservatisme. Mais comme votre maître Sarkozy, vous aimez dire à ce sujet de grosses bêtises.
By Emmanuel Mousset, at 11:19 PM
Préserver un statut obsolete quelqu'en soit le coup,
c'est du conservatisme.
By grandourscharmant, at 12:23 AM
Les enseignants-chercheurs sont prêts à des évolutions mais pas à celle-là, et pas de cette façon-là.
By Emmanuel Mousset, at 9:27 AM
Des évolutions,
des évolutions,
facile à dire,
lesquelles ?
By grandourscharmant, at 10:56 AM
Si vous n'en trouvez pas, alors n'en demandez pas.
By Emmanuel Mousset, at 12:11 PM
Je vous demande simplement quelles sont les évolutions que les chercheurs proposent,
vous nous avez confiés ce qu'ils ne voudraient pas,
mais vous semblez incapable de dire
ce qu'ils veulent comme évolutions.
By grandourscharmant, at 12:45 PM
Vous n'avez qu'à leur demander, fainéant!
By Emmanuel Mousset, at 10:51 PM
C'est ce que je fais avec celui qui les soutiens,
hélas,
il n'a rien à dire.
By grandourscharmant, at 11:00 PM
J'ai dit ce que j'avais à dire, j'ai horreur de me répéter.
By Emmanuel Mousset, at 11:33 PM
Pourtant pour convaincre en politique,
il ne faut pas avoir peur de répéter ses idées.
Evidement, encore faut-il avoir des idées à répéter.
Une bonne idée plus on la repete,
plus elle prend de valeur.
L'absence d'idée quand on la repete,
elle finit vite par se voir.
By grandourscharmant, at 8:49 AM
Allez-y, continuez, répétez les mêmes choses, je ne m'en lasse pas.
By Emmanuel Mousset, at 1:39 PM
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