Séquestrer les patrons?
Bonsoir à toutes et à tous.
Faut-il séquestrer les patrons? Voilà le genre de question dont la politique française a le chic et qui est pourtant complètement idiote. La réponse est évidente: non, il ne faut pas séquestrer les patrons. D'abord parce que la République assure la liberté d'aller et venir à tout individu, même à un patron. Ensuite et surtout parce que la séquestration d'un patron n'a jamais fait avancer, et encore moins gagner le mouvement social. Donnez-moi un seul exemple où ce type d'action ait débouché sur un progrès social? Je n'en vois pas.
Attention: je ne conteste pas qu'une séquestration puisse ponctuellement aboutir à quelques gains. Si je menace mon proviseur avec un pistolet en plastique en lui soumettant une revendication précise, il n'est pas exclu qu'il la satisfasse ou du moins qu'il s'en préoccupe. Mais je ne crois pas que j'aurais permis de cette façon l'amélioration générale de la condition enseignante. Les médias se repaissent de ces séquestrations aussi spectaculaires que marginales, mais qui n'ont aucun impact politique réel, qui ne menacent nullement les intérêts globaux du patronat français.
Je ne vais pas non plus pleurer sur les victimes, monter sur mes grands chevaux et faire appel aux grands principes, comme l'a fait Nicolas Sarkozy. Si je me laissais aller, j'aurais presque envie de dire: c'est bien fait pour eux! Des patrons qui s'octroient en pleine crise d'énormes rémunérations, des salariés qui sont menacés de licenciement, des promesses qui ne sont pas tenues, comment voulez-vous que les gens ne soient pas en colère! On les pousse à bout, ils réagissent avec ce qu'ils ont, même si ce n'est pas une solution.
Quelle est alors la solution? En socialiste classique, je n'ai cessé de le répéter sur ce blog: les salariés doivent s'organiser par eux-mêmes, comme la classe ouvrière a su le faire à partir du XIXème siècle, investir massivement les syndicats, seuls interlocuteurs valables, utiliser les deux instruments réellement efficaces, la grève et la manifestation de rue. Reprenez l'Histoire des conquêtes sociales, vous constaterez que c'est toujours ainsi, et par nul autre moyen, que les intérêts des travailleurs ont été satisfaits.
Il y a bien sûr aussi la voie politique, les élections, mais ce n'est pas l'objet ici de ma réflexion: la politique a en charge l'intérêt général, elle doit passer des compromis, elle n'accède pas nécessairement à toutes les revendications. Un pouvoir politique, même de gauche, reste un pouvoir politique, avec ses objectifs propres, qui ne coïncident pas parfaitement avec les desiderata du mouvement social.
Certains redoutent la radicalisation. Je n'y crois pas une seule seconde. La situation est tout sauf révolutionnaire. Les séquestrations de patrons ou de cadres sont un épiphénomène qui sera vite oublié, alors que la crise ne sera pas oubliée. A part l'ultra gauche violente mais très marginale, il n'y a pas aujourd'hui, sur la scène politique française, d'organisation réellement et fortement révolutionnaire.
La droite s'amuse à se faire peur et à nous faire peur avec le NPA. C'est un épouvantail à moineaux, dont on sait bien que même les moineaux ne le craignent pas. Non, j'en reste à mon analyse de départ, courant janvier: le mouvement social s'est entièrement converti au réformisme, même SUD se sent obligé de suivre dans cette direction, c'est une grande nouvelle pas suffisamment soulignée et saluée.
Bonne soirée.
Faut-il séquestrer les patrons? Voilà le genre de question dont la politique française a le chic et qui est pourtant complètement idiote. La réponse est évidente: non, il ne faut pas séquestrer les patrons. D'abord parce que la République assure la liberté d'aller et venir à tout individu, même à un patron. Ensuite et surtout parce que la séquestration d'un patron n'a jamais fait avancer, et encore moins gagner le mouvement social. Donnez-moi un seul exemple où ce type d'action ait débouché sur un progrès social? Je n'en vois pas.
Attention: je ne conteste pas qu'une séquestration puisse ponctuellement aboutir à quelques gains. Si je menace mon proviseur avec un pistolet en plastique en lui soumettant une revendication précise, il n'est pas exclu qu'il la satisfasse ou du moins qu'il s'en préoccupe. Mais je ne crois pas que j'aurais permis de cette façon l'amélioration générale de la condition enseignante. Les médias se repaissent de ces séquestrations aussi spectaculaires que marginales, mais qui n'ont aucun impact politique réel, qui ne menacent nullement les intérêts globaux du patronat français.
Je ne vais pas non plus pleurer sur les victimes, monter sur mes grands chevaux et faire appel aux grands principes, comme l'a fait Nicolas Sarkozy. Si je me laissais aller, j'aurais presque envie de dire: c'est bien fait pour eux! Des patrons qui s'octroient en pleine crise d'énormes rémunérations, des salariés qui sont menacés de licenciement, des promesses qui ne sont pas tenues, comment voulez-vous que les gens ne soient pas en colère! On les pousse à bout, ils réagissent avec ce qu'ils ont, même si ce n'est pas une solution.
Quelle est alors la solution? En socialiste classique, je n'ai cessé de le répéter sur ce blog: les salariés doivent s'organiser par eux-mêmes, comme la classe ouvrière a su le faire à partir du XIXème siècle, investir massivement les syndicats, seuls interlocuteurs valables, utiliser les deux instruments réellement efficaces, la grève et la manifestation de rue. Reprenez l'Histoire des conquêtes sociales, vous constaterez que c'est toujours ainsi, et par nul autre moyen, que les intérêts des travailleurs ont été satisfaits.
Il y a bien sûr aussi la voie politique, les élections, mais ce n'est pas l'objet ici de ma réflexion: la politique a en charge l'intérêt général, elle doit passer des compromis, elle n'accède pas nécessairement à toutes les revendications. Un pouvoir politique, même de gauche, reste un pouvoir politique, avec ses objectifs propres, qui ne coïncident pas parfaitement avec les desiderata du mouvement social.
Certains redoutent la radicalisation. Je n'y crois pas une seule seconde. La situation est tout sauf révolutionnaire. Les séquestrations de patrons ou de cadres sont un épiphénomène qui sera vite oublié, alors que la crise ne sera pas oubliée. A part l'ultra gauche violente mais très marginale, il n'y a pas aujourd'hui, sur la scène politique française, d'organisation réellement et fortement révolutionnaire.
La droite s'amuse à se faire peur et à nous faire peur avec le NPA. C'est un épouvantail à moineaux, dont on sait bien que même les moineaux ne le craignent pas. Non, j'en reste à mon analyse de départ, courant janvier: le mouvement social s'est entièrement converti au réformisme, même SUD se sent obligé de suivre dans cette direction, c'est une grande nouvelle pas suffisamment soulignée et saluée.
Bonne soirée.
9 Comments:
et pourquoi pas séquestrer aussi les politiques tant qu'on y est ?
Je vous réserve une place dans ma cave ?
By grandourscharmant, at 9:54 PM
Le 9 avr. 09 à 10:08, Permanence A. FILIPPETTI a écrit :
>ArcelorMittal, combien de morts ?
> Certains ont fait mine de croire les belles paroles de M. Mittal pour faire avaler la pilule
>de la fermeture de Gandrange.
> On voit aujourd'hui ce qu'il en était de ces promesses.
C'est évident que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.
>Nous venons d'apprendre la fermeture totale du site sidérurgique de Florange,
> pour plusieurs mois au moins.
Ce n'est pas le tout de produire, il faut vendre.
> Cette décision du groupe ArcelorMittal est inacceptable.
> Elle remet en cause tous les engagements prispar Mittal dans les conventions de revitalisation passées > avec l'Etat après la fermeture de Gandrange.
> Cela prouve ce que valent la signature du premier groupe mondial de l'acier ,
> mais aussi de l'Etat : du vent.
Quand le marché n'existe pas, on ferme la boutique. C'est logique, et cela n'a rien à voir avec une quelconque promesse. La polémique est inutile à ce sujet.
> Cela montre l'urgence d'uen réponse européenne implacable face à des comportements
> aussi prédateurs. Il est inacceptable que Mittal joue les Etats et les régions européennes
> les uns contre les autres : en réclamant davantage de quotas d'émission de CO2,
> en réclamant des subventions.
> Nous ne devons plus céder à ce chantage.
> La crise a bon dos ! Le marché de l'acier a toujours été cyclique. C'est le rôle et la grandeur d'un vrai
> industriel d'anticiper ces cycles et d'investir au bon moment pour protéger l'entreprise et ses salariés.
> Pour M. Mittal, au contraire, l'horizon se résume à l'état de sa fortune boursière.
La crise est là, tant au niveau financier qu'au niveau écologique. Nous ne nous en sortirons pas simplement en râlant. Si Sollac continue à tourner, c'est grâce aux produits spécifiques de haute technologie qu'elle produit.
Si nous voulons que les emplois soient conservés et relancer cette branche, il faut trouver de nouvelles utilisations de l'acier pour des usages de haute technologie. Mailler tout un territoire avec une nouvelle infrastructure le permettrait:
http://jeanpierre.becker.free.fr/monorail/index.html
Encore faudrait-il le faire savoir et le soutenir.
C'est en proposant que l'on peut aborder une sortie de crise qui avantage tout le monde, encore faut-il savoir dans quelle direction aller. Pour passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables, l'électrique est indispensable, le TGV, le monorail bi-tube et la voiture électrique sont complémentaires au niveau des transports pour y parvenir.
M. Mittal sera vraisemblablement intéressé à produire l'acier nécessaire à cette nouvelle infrastructure, encore faut-il que les syndicats le lui fassent savoir et s'en servent comme argument dans la négociation. C'est en partant des besoins collectifs que l'on peut définir une stratégie d'action.
Jean-Pierre Becker
www.beckerboat.com
www.kanfen.org
By jpbb, at 10:05 PM
Il faut faire bosser les patrons, seule façon de sortir de la crise.
By jpbb, at 10:07 PM
et enfermer les fous, n'est ce pas le jean -pierre?
By c'est pas faux, at 10:50 PM
Tout le monde aura compris que jpbb nous fait une grosse rechute avec son monorail bi-tube!
By monorail bi-tube, at 11:20 PM
Je n'aimerais pas être séquestré dans un monorail bi-tube.
By Emmanuel Mousset, at 7:19 AM
moi je ne serais pas si affirmatif
tout dépend de qui est le séquestreur ou la séquestreuse.
By grandourscharmant, at 5:48 PM
Evidemment, si je suis séquestré par Marianne James, je redire ce que j'ai dit.
By Emmanuel Mousset, at 11:28 PM
Comprendre: je reTire ce que j'ai dit (et non pas reDire!).
By Emmanuel Mousset, at 5:23 PM
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