Ségo coup double.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le génie politique de Ségolène Royal est dans la polémique. Elle sait que notre société médiatique aime le bruit, qu'il faut en faire pour se faire entendre. Elle sait aussi qu'une polémique en chasse une autre, qu'il ne faut donc pas hésiter à polémiquer. Elle sait enfin qu'il est bon de ne pas être là où on vous attend, de se placer à contre courant. C'est ce qu'elle a merveilleusement su faire ces derniers jours, en provoquant une droite qui a foncé, tel le taureau, droit dans le piège. Seule Ségolène sait faire ça, qu'on aime ou pas.

Il y a d'abord eu l'affaire des patrons séquestrés, sur laquelle elle n'a fait que rappeler une évidence, soutenue par Villepin lui-même, un peu plus intelligent à droite que la moyenne: la violence de la crise, le scandale des hautes rémunérations, les engagements non tenus, tout ça forme un cocktail explosif et conduit à des comportements tout à fait compréhensibles, même quand ils sont illégaux. L'UMP, gros malin, Bertrand en tête, a cru bon déceler derrière ces propos un appel à la révolte, un encouragement à la sédition. Qu'il faut être bête pour penser ça!

Il y a eu ensuite le voyage en Afrique et le pardon de Ségolène pour les propos de Sarkozy sur l'homme noir en dehors de l'Histoire. Notre camarade s'est exprimée avec son style à elle, qui n'est pas le mien, mais elle a visé juste: le discours du chef de l'Etat, dans le plus pur style de la vieille droite réactionnaire, avait ému beaucoup de capitales africaines. C'était l'éternelle rengaine de l'Afrique arriérée comparée à l'Occident évolué. Sauf que celui-ci, avec ses guerres mondiales et ses génocides, n'a pas lieu de se croire à la pointe de la civilisation. Ségolène a eu raison de moucher Sarkozy. La droite s'est mise à braire, parlant d' "infantilisme" et d' "hystérie". Tant mieux, c'est que le coup a porté.


Bonne soirée.