Badiou contre Marx.
J'ai regardé hier soir Badiou chez Taddéï. Belle tête de sage à la blanche crinière, éloquence, vive intelligence, propos séduisants, pas de doute, il faut se méfier de ce penseur de la radicalité, déconstruire au plus vite son discours qui peut faire des ravages dans bien des têtes. Si les socialistes ne se préoccupent que des bordures de trottoirs à refaire et se battent entre eux pour savoir qui sera l'adjoint du garde-champêtre, ils rencontreront de terribles déconvenues. La droite avec Sarkozy nous a déjà idéologiquement bouffés, méfions-nous maintenant de notre extrême gauche. Car quand il ne restera plus que l'os, il sera trop tard.
Alain Badiou va sortir le 17 avril un ouvrage qui risque de marcher fort, "L'hypothèse communiste". Vingt ans après la chute du mur de Berlin, il faut oser le faire! C'est sans doute un révolutionnaire à la Danton: "De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace"! Les réformistes, socialistes et sociaux-démocrates doivent riposter à cette offensive idéologique.
Que dit Badiou? Que l'hypothèse communiste a gardé aujourd'hui toute sa valeur de vérité, qui demeure à résoudre, à solutionner, au sens mathématique du terme. Ce n'est pas parce qu'un problème n'a pas reçu sa démonstration adéquate qu'il faut renoncer à celle-ci. Le communisme de Badiou est calqué sur l'arithmétique. Nous sommes très loin de Marx, qui s'intéressait essentiellement à l'économie.
Les classes sociales? Contrairement à Marx, Badiou n'en fait pas grand cas. Il fait reposer son espoir de révolution sociale sur "les plus démunis", parmi lesquels il met pas mal de monde. Rien à voir, là encore, avec le marxisme, qui se concentre, à tort ou à raison, sur la seule classe ouvrière et rejette avec mépris le lumpen proletariat, qui n'est pas très éloigné de ces "démunis" que privilégie Badiou.
En vérité, notre philosophe n'est pas marxiste mais platonicien. Il transforme le communisme en une "idée", qu'il reconnaît déjà chez Platon, ce qui est une aberration pour un marxiste conséquent: le communisme (c'est à dire "la mise en commun", dit Badiou) est avec Platon une formule politique aristocratique, qui n'a rien à voir avec l'élan émancipateur que décelait Marx dans les évolutions économiques de la société capitaliste.
Quant au communisme tel qu'il a réellement existé tout au long du siècle passé, Badiou le réduit à une dérive militaire, autoritaire, sans autre forme d'analyse, ce qui est tout de même un peu court. Je crois, quant à moi, que la gauche contemporaine doit analyser de près l'expérience (qui n'a pas alors été seulement une "hypothèse"!) communiste, comme Marx l'aurait immanquablement fait s'il avait vécu 100 ans de plus. La critique du communisme me semble tout autant et même plus indispensable que la critique du capitalisme.
Depuis l'ouverture de ce blog, je me suis défini politiquement comme social-démocrate, réformiste, à l'intérieur du PS strauss-kahnien, et philosophiquement marxiste, oui marxiste. Rien n'est plus urgent que d'arracher Marx au communisme et à l'extrême gauche, réhabiliter sa pensée dans ce qu'elle a d'authentique mais aussi, évidemment, de problématique. Répétons-le et combattons-le ainsi: Badiou est communiste idéaliste, ce n'est pas un marxiste, ce n'est pas, pour utiliser le jargon, un matérialiste historique. C'est pourquoi il est dangereux, tout idéalisme étant dangereux.
Bonne soirée.
Alain Badiou va sortir le 17 avril un ouvrage qui risque de marcher fort, "L'hypothèse communiste". Vingt ans après la chute du mur de Berlin, il faut oser le faire! C'est sans doute un révolutionnaire à la Danton: "De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace"! Les réformistes, socialistes et sociaux-démocrates doivent riposter à cette offensive idéologique.
Que dit Badiou? Que l'hypothèse communiste a gardé aujourd'hui toute sa valeur de vérité, qui demeure à résoudre, à solutionner, au sens mathématique du terme. Ce n'est pas parce qu'un problème n'a pas reçu sa démonstration adéquate qu'il faut renoncer à celle-ci. Le communisme de Badiou est calqué sur l'arithmétique. Nous sommes très loin de Marx, qui s'intéressait essentiellement à l'économie.
Les classes sociales? Contrairement à Marx, Badiou n'en fait pas grand cas. Il fait reposer son espoir de révolution sociale sur "les plus démunis", parmi lesquels il met pas mal de monde. Rien à voir, là encore, avec le marxisme, qui se concentre, à tort ou à raison, sur la seule classe ouvrière et rejette avec mépris le lumpen proletariat, qui n'est pas très éloigné de ces "démunis" que privilégie Badiou.
En vérité, notre philosophe n'est pas marxiste mais platonicien. Il transforme le communisme en une "idée", qu'il reconnaît déjà chez Platon, ce qui est une aberration pour un marxiste conséquent: le communisme (c'est à dire "la mise en commun", dit Badiou) est avec Platon une formule politique aristocratique, qui n'a rien à voir avec l'élan émancipateur que décelait Marx dans les évolutions économiques de la société capitaliste.
Quant au communisme tel qu'il a réellement existé tout au long du siècle passé, Badiou le réduit à une dérive militaire, autoritaire, sans autre forme d'analyse, ce qui est tout de même un peu court. Je crois, quant à moi, que la gauche contemporaine doit analyser de près l'expérience (qui n'a pas alors été seulement une "hypothèse"!) communiste, comme Marx l'aurait immanquablement fait s'il avait vécu 100 ans de plus. La critique du communisme me semble tout autant et même plus indispensable que la critique du capitalisme.
Depuis l'ouverture de ce blog, je me suis défini politiquement comme social-démocrate, réformiste, à l'intérieur du PS strauss-kahnien, et philosophiquement marxiste, oui marxiste. Rien n'est plus urgent que d'arracher Marx au communisme et à l'extrême gauche, réhabiliter sa pensée dans ce qu'elle a d'authentique mais aussi, évidemment, de problématique. Répétons-le et combattons-le ainsi: Badiou est communiste idéaliste, ce n'est pas un marxiste, ce n'est pas, pour utiliser le jargon, un matérialiste historique. C'est pourquoi il est dangereux, tout idéalisme étant dangereux.
Bonne soirée.
30 Comments:
Si vous tenez tant que ça à voir une révolte,
vous devriez songer à aller au palais des sports vendredi prochain.
Pour quelques euros, vous devriez y voir un de vos reves réalisés.
By grandourscharmant, at 6:19 PM
Vous êtes vraiment très intelligent. J'aimerai beaucoup qu'un jour, vous soyez maire-adjoint ou conseillez-municipal ! Vous êtes beaucoup plus intelligent que ce beauf de Lançon ou des communistes Tournay..
Pardonnez moi de l'expression mais LAnçon fait vieille france et peu moderne. Vous êtes beaucoup plus fin dans l'analyse que lui..
C'est dommage, vous n'exploitez pas tout votre potentiel..
By Elève Henri-martin, at 8:45 PM
Moi aussi je suis Marxiste, mais tendance Groucho contre Harpo Zeppo et Chico. :-)
By jpbb, at 10:12 PM
on est 2 jpbb
By grandourscharmant, at 10:19 PM
vous etes deux blairaux surtout
By milite pour l'euthanasie, at 10:29 PM
je ne vous permet pas,
je ne suis pas ce plantigrade là.
By grandourscharmant, at 11:13 PM
Il est évident que dès que quelqu'un ose s'opposer à l'économie de marché, vous le dénigrez automatiquement. Car en bon libéral que vous ètes, personne ne peut critiquer ce à quoi vous croyez bec et ongles. Vous me faites penser à ces cathos intégristes. En fait si vous les socialistes avez accepté l'économie de marché, c'est uniquement parce que vous ètes jaloux du niveau de vie des mecs de droite et que vous voulez partager avec eux le gâteau capitaliste. En bref la carrière politique vous intéresse, parce que c'est bien payé. Diriger une grosse boîte avec la possibilité d'avoir stock options et parachutes dorés vous séduit, vous, les socialistes. La liste est longue des socialistes qui se sont laissés séduire par les sirènes sarkozystes. Les précaires, les chômeurs, les exclus vous n'en avez que faire, sinon pour vous donner bonne conscience, après tout, ne vous clamez-vous pas... socialistes? Avec comme mentor DSK, directeur du FMI, affameur des peuples, le socialisme est réellement vidé de toute substance. Je vous conseille un truc: plutôt que de feindre la division, votre parti ferait mieux de fusionner avec l'UMP, là au moins les électeurs (que vous prenez pour des cons depuis 1981) pourraient plus aisément s'y retrouver.
By Anonyme, at 11:19 PM
A Elève Henri-Martin:
Ne jugez pas les personnes, restez-en aux idées. Vous m'appréciez, mais il y a des gens qui me détestent et qui me trouvent complètement con. Tout ça est très subjectif, très passionnel. Je n'entre jamais là dedans, je vous conseille de faire de même. Car on n'en sort pas grandi. Donc, je le répète, pas de jugement personnel. Et puis, les personnes, on ne les connaît jamais vraiment. Il ne faut pas les juger.
Sur mon potentiel, je crois tout de même que je l'exploite pas si mal. J'ai un métier qui me plaît énormément, des activités associatives nombreuses et importantes, deux blogs assez fréquentés, une petite présence sur St Quentin, une certaine influence auprès des médias. J'aurais mauvaise grâce à me plaindre.
Là où ça coïnce (et c'est peut-être ce dont vous voulez parler), c'est en politique. C'est incontestablement, chez moi, une passion contrariée. Autant ailleurs je réussis, autant là j'échoue. Pourquoi? Je ne sais pas, je ne suis pas en phase avec le moment et les autres. Mais je tiens à rester moi-même. Est-ce qu'un jour ça changera, est-ce que je deviendrai le leader d'une aventure collective? J'espère, je le souhaite très fort, je l'ai voulu pendant un an, juste avant les municipales. Mais je ne renoncerai jamais à mes convictions pour une place de conseiller municipal.
By Emmanuel Mousset, at 11:25 PM
Oui, sur des articles de presse, on vous voit en photo avec Lançon, probablement à sa permanence.
Mais, pourquoi, ne vous t-il pas pris sur la liste ? C'est vous qui avez refusez ?
By Elève-HM, at 8:34 AM
Un petit mot du matin pour nos amis banquiers dans la grande difficulté qui sont fermés aujourd'hui pour ce long we de paques.
Tout ne doit pas aller si mal que ça finalement.
Et une toute petite pensée pour leur client qui se sont fait piéger.
C'est rassurant de se dire qu'on a donné des milliards à certains pour qu'ils puissent partir en we.
Un jour il faudra peut etre songer à un service minimum dans les banques.
By grandourscharmant, at 9:13 AM
A Elève Henri-Martin:
- La photo à laquelle vous faites référence est probablement celle de la dernière conférence de presse du PS, qui avait lieu au café des Champs Elysées.
- La politique n'est pas un problème de choix individuel mais collectif, pas un problème de personne mais de ligne politique. Je souhaitais une tête de liste qui rassemble tous les socialistes et qui incarne une ligne politique réformiste (c'est à dire pas d'alliance avec l'extrême gauche). Ces deux conditions n'étant pas réuni, je ne pouvais pas participer à ce qui est pour moi une "aventure", au plus mauvais sens du terme.
Mais si vous souhaitez de plus complètes explications, reportez-vous aux archives de ce blog, fin 2007.
By Emmanuel Mousset, at 9:27 AM
Ok ! Merci.
By Elève -HM, at 10:13 AM
Comment être marxiste et adepte de DSK, patron du FMI à la demande de Mr SARKOSY? Banquiers, financiers unissez vous, les démunis sont de retour! Bonne chance pour concilier économie de marché et dictature du prolétariat.
By Anonyme, at 12:16 AM
Savez-vous que Marx a consacré son plus important ouvrage, "Le Capital", à analyser le capitalisme et à décrire sa nécessité?
Quant à la dictature du prolétariat, Marx n'en fait pas un article de foi mais une solution politique provisoire, qu'il aurait probablement abandonné au vu de ce qu'elle a donné dans les régimes dits communistes.
By Emmanuel Mousset, at 12:24 AM
Mais alors Marx était capitaliste,
s'il trouvait le capitalisme nécessaire.
By grandourscharmant, at 7:13 PM
Non, Marx était d'origine petite-bourgeoise et a mené une vie d'exilé. Il n'était pas capitaliste.
Vous êtes dans le paralogisme: je peux trouver nécessaire la nourriture sans être moi-même de la nourriture.
By Emmanuel Mousset, at 8:46 PM
Cela ne fait pas de vous quelque chose de nécessaire,
contrairement à la nourriture qui elle l'est.
By grandourscharmant, at 11:32 PM
Je n'ai jamais dit que j'étais quelque chose de nécessaire. Vous passez du paralogisme à l'incompréhension. J'espère que ce ne sont que des étapes vers l'intelligence.
By Emmanuel Mousset, at 10:14 AM
Qu'y puis je si vous etes incompréhensible et pas forcément utile ?
By grandourscharmant, at 12:03 PM
C'est ce que disent, mauvais joueurs, tous ceux qui me sont hostiles.
By Emmanuel Mousset, at 6:13 PM
Le fait de vous etre hostile ne signifie pas qu'on se trompe et qu'on a tort.
Meme vos opposants peuvent etre lucide et avoir raison.
By grandourscharmant, at 6:43 PM
Quelques-uns oui, mais vous n'en faites pas partie.
By Emmanuel Mousset, at 10:02 PM
qu'en savez vous
By grandourscharmant, at 12:39 AM
Je le constate chaque jour en vous lisant.
By Emmanuel Mousset, at 9:45 AM
Le seul constat que vous pouvez faire,
c'est que vous n'y comprenez rien.
By grandourscharmant, at 11:33 AM
Répéter en boucle que je ne comprends rien à rien ne sert rien de rien.
By Emmanuel Mousset, at 12:19 PM
Les évidences,
il ne faut pas avoir peur de les rappeler régulièrement.
By grandourscharmant, at 1:04 PM
Vous avez en effet le droit de faire le perroquet. Votre petit nom, c'est Jacquot, je suppose?
By Emmanuel Mousset, at 10:59 PM
C'est ainsi qu'il vous appelle au parti ?
Jacquot le perroquo
Je ne répete pas toute les bétises que j'entends comme vous le faites,
juste les vérités.
By grandourscharmant, at 11:10 PM
Peu importe, vous n'en restez pas moins un perroquet. Ours ou perroquet, de toute façon, vous n'y perdez pas en ridicule.
By Emmanuel Mousset, at 11:39 PM
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