Nouvelle Star.
Bonjour à toutes et à tous.
J'ai regardé hier soir "Nouvelle Star", parce qu'un ancien élève de mon établissement, Mickaël Frémeaux, concourrait. Il a hélas été éliminé. Je suivais fidèlement cette émission il y a quelques années. J'étais amoureux de Marianne James. Lio, ce n'est pas mon genre de femme. La formule me plaisait bien: des jeunes qui se lancent dans la chanson, un jury qui n'hésite pas à les massacrer, une sélection impitoyable.
J'ai tout de suite songé à la politique: plus de candidats qu'il n'y a de places, une compétition au couteau, un gagnant souvent imprévisible. Hier, une nullité, unanimement désavouée par Manoeuvre et sa bande, a été repêchée par le public. Vox populi vox Dei, et j'ajouterais volontiers, dans mon latin de cuisine: vox connerie! Mais c'est ça aussi la politique et la démocratie...
Bref, en me replongeant hier dans les délices de la "Nouvelle Star", j'ai à nouveau fait le rapprochement avec la politique, mais sous un autre angle. Je ne suis pas un mélomane, je me suis arrêté aux chanteurs des années 70, tout ça n'est donc pas ma partie. Il n'empêche, et c'est assez amusant à expérimenter, que j'arrive à anticiper les appréciations du jury: je sens les qualités du candidat, la justesse de sa voix, son aisance sur scène, je parviens à départager, sauf exception, les bons et les mauvais.
Quel rapport avec la politique, me direz-vous? C'est itou. Les citoyens n'ont pas les connaissances nécessaires pour juger de fiscalité, d'emploi, de politique judiciaire ou de politique étrangère. Mais cette ignorance parfaitement compréhensible ne les prive pas de se faire un avis très sûr sur tel homme politique. Comment? En l'écoutant et en l'observant, comme moi j'écoute et je juge les jeunes candidats de la "Nouvelle Star". Le ton employé, les mots choisis, l'aisance, la détermination et par dessus tout la présence, voilà ce qui fait l'homme politique de qualité, je dirais même l'homme politique authentique.
Des hommes et des femmes politiques, qu'est-ce que j'ai pu en écouter depuis que je fais de la politique! A en avoir la nausée, je vous jure! Des robinets d'eau tiède, des discours monocordes et monotones, des récitations de fiches par des élèves laborieusement appliqués, des discours filandreux qui n'en finissent pas de commencer et qui ne savent pas comment s'arrêter, je vous promets, j'en ai bouffés plus qu'à mon tour. Quand je les entends, j'ai l'impression d'avaler un plat de lentilles d'autrefois, avec plein de petits cailloux dedans. C'est la grandeur et la servitude d'un militant que d'être confronté à de telles nullités.
Le politique, le vrai, le bon, le grand, se reconnaît tout de suite à son discours, sans avoir besoin de savoir les paroles et la musique. Il faut qu'on sente que ce qui sort de sa bouche ne vient pas de sa bouche mais de ses tripes. Quand vous êtes tout remué à l'écouter, quand vous êtes physiquement saisi, quand sa présence vibre de toute part, c'est que vous avez devant vous un homme politique, et pas un apparatchik du Parti qui vient vous débiter sa leçon mal apprise. Je suis un esprit rationnel, mais je crois qu'il y a quelque chose de presque mystique dans la politique. Après tout, dans le registre qui est le sien, le christianisme nous parle de la Sainte Présence.
Je crois en la magie du verbe, en la force des mots, en l'alchimie du langage. Il n'y a que les idiots contemporains qui pensent que faire de la politique, c'est agir. Non, c'est d'abord parler, s'exprimer, faire passer quelque chose à quelqu'un. Il y a une coïncidence entre le verbe et la vérité. En politique, il n'y a pas de vérité indépendante du verbe qui la porte. Au commencement était le Verbe, comme disait l'autre. Mais je ne voudrais pas prendre le risque d'apparaître exagérément mystique en cette semaine pascale.
Toujours est-il que si je continue à faire de la politique, à remplir ce blog, à militer dans la vie associative, à croire tout simplement à la pertinence de mes analyses et à l'avenir de mes propositions, c'est parce que je sens que mon verbe est porteur de vérité, et que nul ne peut rien contre ça.
Bonne soirée.
J'ai regardé hier soir "Nouvelle Star", parce qu'un ancien élève de mon établissement, Mickaël Frémeaux, concourrait. Il a hélas été éliminé. Je suivais fidèlement cette émission il y a quelques années. J'étais amoureux de Marianne James. Lio, ce n'est pas mon genre de femme. La formule me plaisait bien: des jeunes qui se lancent dans la chanson, un jury qui n'hésite pas à les massacrer, une sélection impitoyable.
J'ai tout de suite songé à la politique: plus de candidats qu'il n'y a de places, une compétition au couteau, un gagnant souvent imprévisible. Hier, une nullité, unanimement désavouée par Manoeuvre et sa bande, a été repêchée par le public. Vox populi vox Dei, et j'ajouterais volontiers, dans mon latin de cuisine: vox connerie! Mais c'est ça aussi la politique et la démocratie...
Bref, en me replongeant hier dans les délices de la "Nouvelle Star", j'ai à nouveau fait le rapprochement avec la politique, mais sous un autre angle. Je ne suis pas un mélomane, je me suis arrêté aux chanteurs des années 70, tout ça n'est donc pas ma partie. Il n'empêche, et c'est assez amusant à expérimenter, que j'arrive à anticiper les appréciations du jury: je sens les qualités du candidat, la justesse de sa voix, son aisance sur scène, je parviens à départager, sauf exception, les bons et les mauvais.
Quel rapport avec la politique, me direz-vous? C'est itou. Les citoyens n'ont pas les connaissances nécessaires pour juger de fiscalité, d'emploi, de politique judiciaire ou de politique étrangère. Mais cette ignorance parfaitement compréhensible ne les prive pas de se faire un avis très sûr sur tel homme politique. Comment? En l'écoutant et en l'observant, comme moi j'écoute et je juge les jeunes candidats de la "Nouvelle Star". Le ton employé, les mots choisis, l'aisance, la détermination et par dessus tout la présence, voilà ce qui fait l'homme politique de qualité, je dirais même l'homme politique authentique.
Des hommes et des femmes politiques, qu'est-ce que j'ai pu en écouter depuis que je fais de la politique! A en avoir la nausée, je vous jure! Des robinets d'eau tiède, des discours monocordes et monotones, des récitations de fiches par des élèves laborieusement appliqués, des discours filandreux qui n'en finissent pas de commencer et qui ne savent pas comment s'arrêter, je vous promets, j'en ai bouffés plus qu'à mon tour. Quand je les entends, j'ai l'impression d'avaler un plat de lentilles d'autrefois, avec plein de petits cailloux dedans. C'est la grandeur et la servitude d'un militant que d'être confronté à de telles nullités.
Le politique, le vrai, le bon, le grand, se reconnaît tout de suite à son discours, sans avoir besoin de savoir les paroles et la musique. Il faut qu'on sente que ce qui sort de sa bouche ne vient pas de sa bouche mais de ses tripes. Quand vous êtes tout remué à l'écouter, quand vous êtes physiquement saisi, quand sa présence vibre de toute part, c'est que vous avez devant vous un homme politique, et pas un apparatchik du Parti qui vient vous débiter sa leçon mal apprise. Je suis un esprit rationnel, mais je crois qu'il y a quelque chose de presque mystique dans la politique. Après tout, dans le registre qui est le sien, le christianisme nous parle de la Sainte Présence.
Je crois en la magie du verbe, en la force des mots, en l'alchimie du langage. Il n'y a que les idiots contemporains qui pensent que faire de la politique, c'est agir. Non, c'est d'abord parler, s'exprimer, faire passer quelque chose à quelqu'un. Il y a une coïncidence entre le verbe et la vérité. En politique, il n'y a pas de vérité indépendante du verbe qui la porte. Au commencement était le Verbe, comme disait l'autre. Mais je ne voudrais pas prendre le risque d'apparaître exagérément mystique en cette semaine pascale.
Toujours est-il que si je continue à faire de la politique, à remplir ce blog, à militer dans la vie associative, à croire tout simplement à la pertinence de mes analyses et à l'avenir de mes propositions, c'est parce que je sens que mon verbe est porteur de vérité, et que nul ne peut rien contre ça.
Bonne soirée.
22 Comments:
Comme quoi,
tout tient à un paragraphe,
il n'y aurait pas eu sa triste conclusion,
ce billet aurait été tres bon.
Votre plume est bonne quand vous vous en donnez la peine,
par contre,
coté présence et coté verbe,
vous n'avez pas ce qu'il faut.
Et ne vous inquiétez pas,
je sais tres bien que je ne suis aucunement charismatique.
Je ne regarde pas que les défauts des autres, je connais aussi les miens.
By grandourscharmant, at 6:47 PM
Au commencement... mais la bonne question à se
poser est alors, mais avant ?
Avant la création, avant ce temps de la création. Pour qu'une vérité existe, il lui faut un cadre, pour qu'une pièce de théâtre puisse être jouée, il lui faut une scène et un décor, ainsi que des acteurs et des répétitions. Les choses ne sont pas données toutes brutes de fonderie, elles ont d'abord été coulées dans un moule.
By jpbb, at 8:23 PM
A l'ours UMP:
Je comprends que cette conclusion soit triste pour vous et pour les vôtres. Cette tristesse me réjouit, elle confirme mon intuition.
By Emmanuel Mousset, at 8:50 PM
ce qui m'embête c'est qu'elle n'est pas réaliste,
mais si je dois la juger en tant que
militant politique,
elle est parfaite ne changer rien.
Au vu des résultats obtenus,
ce serait quand meme dommage de changer une méthode qui échoue.
By grandourscharmant, at 9:20 PM
Vous trouviez ma conclusion triste, maintenant elle vous semble irréaliste. Et demain, vous la jugerez comment? L'important pour moi, c'est qu'elle fasse parler d'elle. Avec vous, je suis comblé.
By Emmanuel Mousset, at 10:10 PM
mais c'est à cela que je sers
vous comblez.
By grandourscharmant, at 10:12 PM
Moi ce que je préfère encore c'est quand le politique s'adresse à mon cerveau.
mais plutôt d'accord sur l'aspect mystique de la chose,l'engagement c'est d'abord un appel.
Pour polémiquer:reconnaitre à votre verbe sa part de vérité , n'est ce pas reconnaitre à tous les porteurs de verbe politique une part de vérité?
Encore un petit effort et vous allez finir au centre!!
By lightbulb, at 10:33 PM
Le problème, c'est que les porteurs de verbe politique sont très rares. Les verbeux, les jargonneux, ça oui, ils sont légions, y compris dans mon Parti. Une seule chose devrait pourtant nous préoccuper: la vérité.
By Emmanuel Mousset, at 12:02 AM
la vérité,
vous ne la supportez pas.
By grandourscharmant, at 12:56 AM
Assez surprenant de voir que vous vous commettez en regardant une émission de ce type.
S'extasier sur un programme dont l'essentiel du ressort scénaristique repose sur l'humiliation publique d'apprentis stars et qui flatte ce qu'il y a de plus bas en l'homme, c'est assez peu en phase avec les ambitions humanistes que vous vous attribuez fréquemment...
Qu'on ne parle pas de talents découverts et de musique, ce qui pousse les gens a regarder c'est le plaisir malsain qu'ils éprouvent lors qu'un pauvre type chantant comme une casserole se faisant detruire par un jury d' has been pseudo connaisseurs de la chanson.... (parce que banana split, ya pas a dire c'etait du grand art....)
By Anonyme, at 2:22 AM
Vous avez peut-être raison, je ne suis pas assez connaisseur pour être affirmatif. Manoeuvre n'est tout de même pas le premier venu, je vous trouve un peu sévère.
En tout cas, j'aimais beaucoup la "Nouvelle Star" première version, avec James, je n'y voyais pas un spectacle humiliant mais une compétition exigeante et intelligente, pas du tout anti-humaniste. Et beaucoup mieux, sans comparaison, avec la "Star Ac".
L'abominable homme des neiges contre la casserole, c'est un combat marrant, pas humiliant. Après tout, les uns et les autres l'ont cherché, n'allez pas les plaindre.
By Emmanuel Mousset, at 7:23 AM
A l'ours UMP:
La seule chose que je ne supporte pas, c'est vous.
By Emmanuel Mousset, at 7:24 AM
et à la starac de la philo,
vous seriez allé jusqu'où ?
By grandourscharmant, at 8:08 AM
Jusqu'à réussir au CAPES. C'est pas si mal que ça.
By Emmanuel Mousset, at 11:46 AM
cela fait de vous un capétien.
By grandourscharmant, at 4:50 PM
Vous pouvez m'appeler sire.
By Emmanuel Mousset, at 6:41 PM
c'est vrai que vous etes un triste sire.
By grandourscharmant, at 8:58 PM
Je savais que vous la feriez, je vous ai tendu la perche, vous êtes plus que jamais mon ours savant.
By Emmanuel Mousset, at 9:45 PM
je suis prévisible
surtout quand je n'ai pas de raison de ne pas l'etre.
By grandourscharmant, at 9:58 PM
Moi non plus je ne suis pas un(e)fan de la nouvelle star mais on a tous été jeunes et autrefois qui n'a pas regardé le "radio-crochet" dont a triomphé Mireille Mathieu en son temps. Bien sur la pression et le matraquage étaient plus soft.
En tout cas, j'ai bien rigolé en lisant la partie de ping pong entre Emmanuel et Grandours et en pensant : "c'est çà faire de la politique !!!"
By Anonyme, at 11:51 PM
ça c'est parce que vous ne connaissez pas vraiment la politique l'anonyme,
notre niveau est terriblement amateur par rapport à ce que l'opposition peut faire subir à la majorité dans l'hémicycle.
Le vide abyssale des échanges y est encore plus grand.
By grandourscharmant, at 12:21 AM
Au dernier anonyme:
Je fais de la politique avec ce que j'ai, je ne choisis pas hélas mes interlocuteurs. Mais pour vous consoler, dites-vous bien qu'à l'extérieur de ce blog, c'est pire encore...
By Emmanuel Mousset, at 7:23 AM
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