L'Aisne avec DSK

30 août 2009

Martine qu'on aime.

Je viens de regarder le discours de Martine Aubry sur le Net. La clôture d'une université d'été du PS, c'est quelque chose, un peu l'équivalent de la messe de Pâques dans la cathédrale Notre Dame de Paris pour les catholiques. Il faut venir une heure à l'avance pour trouver un siège, une bonne vue sur les orateurs et un passage dégagé pour la sortie. Se confectionner aussi un petit éventail de papier parce qu'il fait très chaud et qu'on transpire. Vous voilà alors prêt pour une grande heure de discours.

Evidemment, devant l'écran, c'est plus confortable. Manque cependant le Bella Ciao final qui met le feu à la salle et qui ne donne rien sur ordinateur. Comment j'ai trouvé Martine ? Cette allocution, c'est presque un examen de passage, un test de popularité pour tout secrétaire général du PS. J'ai dix ans de La Rochelle derrière moi, je peux faire des comparaisons pertinentes. Je ne vais pas vous mentir, vous raconter des cracks, ce n'est pas le genre de ce blog : Hollande était bien meilleur, excellent orateur, séduisant, habile, drôle, mettant la salle dans sa poche, en toutes circonstances.

Aubry, ce n'est pas ça, c'est autre chose et c'est, à sa façon, très bien. Nous avons tous le défaut, moi le premier, de ramener toute rhétorique socialiste à celle de Mitterrand, lyrique, allusive, brillante. Il y avait du Mitterrand chez Hollande, qu'il n'y a pas chez Aubry. Mais lui demande-t-on d'être Mitterrand, d'être Hollande ? Non, on demande à Martine d'être telle qu'on l'aime, c'est à dire elle même. La France qu'on aime, c'était le slogan de cette université. Martine qu'on aime, ça pourrait être sa conclusion.

Martine Aubry n'a pas été désignée à la tête du Parti pour séduire ou être habile, mais pour souder une majorité capable de remettre les socialistes au travail et d'accoucher d'un projet. Dans son discours, elle s'est adressée essentiellement aux militants, et elle a eu raison. Un militant n'a pas besoin d'être séduit (il l'est déjà), il a besoin d'être rassuré (et depuis quelques temps, beaucoup de militants en avaient énormément besoin ...). Je crois, grâce à Martine, que c'est aujourd'hui fait.

C'est l'électeur qui réclame la séduction et l'habileté. Mitterrand voulait devenir président de la République, Hollande y songe, Martine non. Son job, c'est d'être une bonne Première secrétaire du Parti, c'est à dire de rassembler, de rassurer, d'être à l'unisson, d'être le reflet des adhérents, du Parti profond. Elle y a pleinement réussi. Sa grande victoire, c'est qu'aucune petite phrase, aucune image médiatiquement dévalorisante ou polémique ne sont venues polluer cette université d'été. Telle était pourtant, les années précédentes, notre vénéneuse spécialité. Martine, pas brillante mais bosseuse. Tant mieux, il faut se méfier de ce qui brille, surtout en politique.


Bon après-midi.

10 Comments:

  • pourquoi,quand on est croyant, a-t-on besoin d'un appareil religieux ? je ne connais pas de grande religion sans son appareil qui est généralement synonyme d'aiénation du croyant ( il y a ceux qui savent- les prêtres au sens large du terme- et ceux qui doivent écouter ceux qui savent, qui savent quoi au fait?); je suis totalement anticlérical,c'est à dire opposé à l'intervention du clergé dans la vie publique et à partir de là je ne vois pas en quoi j'aurais à discuter avec les représentants des religions ( laîquard? je le revendique)

    By Anonymous MF, at 3:19 PM  

  • Tu as raison MF, en 1954, l'abbé Pierre on aurait du lui fermer sa grande gueule. En quoi ça le concernait tous ces gens qui crevaient de froid dans les rues des grandes villes ? La morgue c'est pas fait pour les chiens. Mais trêve de plaisanterie, les curés, les évêques, les pasteurs, les rabbins, les imams ils ont pas les mêmes droits à la parole que tous les citoyens ? Faut les mettre dans un ghetto ?
    Tu devrais te souvenir que les totalitarismes du siècles passés (les nazis, Staline) se sont construits sur cette haine du religieux, du spirituel : la pulsion de mort à l'état brut.

    Ceci dit ouvrons les fenêtres et pensons aux bonnes nouvelles du jour. Pour la première fois depuis 54 ans le centre-gauche gagne les élections au Japon, la social-démocratie européenne devrait peut-être voir un peu de ce côté là !

    By Anonymous Claude, at 4:00 PM  

  • MF,

    Si anticlérical signifie : qui refuse et conteste tout pouvoir politique des religions, je suis anticlérical moi aussi. De là à ne pas discuter avec les représentants des églises, non. Rien n'interdit qu'on dialogue avec eux (si on le souhaite, bien sûr). Pour ma part, je n'hésite jamais à discuter avec un prêtre, comme avec un associatif, un syndicaliste, un politique, etc. La religion a toute sa place dans la société civile, mais aucune dans les structures de l'Etat.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:03 PM  

  • Claude,

    Vive la social-démocratie japonaise, qui ne s'est pas faite hara kiri, si je te suis bien !

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:05 PM  

  • Contrairement à toi avec ce blog.

    By Anonymous Anonyme, at 8:29 AM  

  • Je ne vois pas mes tripes sortir de mon ventre.

    A rebours de votre propos, ce blog a considérablement augmenté ma notoriété et renforcé ma présence politique. J'en connais qui en rêveraient.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:37 AM  

  • Le PS est une vaste liturgie avec grand-messes assorties. Emmanuel est son enfant de choeur.
    tapez emmanuel.info, c'est rigolo !

    By Anonymous Anonyme, at 12:32 PM  

  • Enfant de choeur seulement ? Vous me rabaissez, je ne suis plus un enfant. Prêtre ou évêque, là ça commence à devenir intéressant.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 2:14 PM  

  • Emmanuel l'a dit,
    ce blog a renforcé SA notoriété et SA présence politique.

    Cela sert ses intérêts personnels et sa cause,
    pas forcément ceux du parti.

    By Blogger grandourscharmant, at 3:14 PM  

  • Ma cause est celle du socialisme, mes intérêts se confondent avec ceux de mon Parti.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 4:25 PM  

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