Sous vos applaudissements.
Bonjour à toutes et à toutes.
Au mariage à Moy (voir billet du 22 août), j'ai été stupéfait à deux reprises pendant la cérémonie : le prêtre a fait applaudir les mariés juste après la consécration ; le baptême de leur enfant suivait, et rebelote, applaudissements après le rite lustral. C'est un ancien enfant de choeur qui vous parle : en plusieurs années de service, je n'ai jamais vu ça (c'était autour des années 70, ce n'est pas si vieux). A l'église, on prie, on chante, on se tait mais on n'applaudit pas (on n'est pas au cirque !).
Pourquoi je vous parle de ça, a priori peu intéressant et sans rien de politique ? Parce que ça fait partie de ces petites choses que j'aime bien remarquer et sur lesquelles réfléchir, car elles en disent long sur l'état de notre société. Si vous êtes observateurs et avez un peu de mémoire (et donc un peu d'âge), vous remarquerez que le geste d'applaudir s'est considérablement répandu dans notre société depuis une trentaine d'années.
A la télévision, c'est flagrant : dans les émissions publiques, on applaudit pour un oui ou un non. J'ai même entendu dire qu'il existait des panneaux lumineux intimant à l'assistance l'ordre de frapper dans ses mains. La moindre banalité d'un individu, la plus petite platitude, et c'est parti, on applaudit ! Vous vous souvenez peut-être aussi de l'émission de Jacques Martin "Sous vos applaudissements". On ne saurait mieux dire ...
Jadis, les applaudissements étaient rares et discrets. C'était plutôt des marques de politesse que de fausse jubilation bruyante. On n'applaudissait qu'au théâtre, quand les comédiens saluaient les spectateurs. C'est le seul endroit, pour moi, où les applaudissements sont décents. Partout ailleurs, je les trouve vulgaires, fanatiques, idolâtres. On devrait les interdire, comme on prohibe de fumer dans les lieux publics. Applaudir est même plus dangereux, c'est la santé mentale qui est menacée.
Pourquoi ? Parce qu'applaudir est toujours un acte de soumission. En politique, c'est effrayant : les discours les plus médiocres ou les plus inquiétants peuvent arracher les applaudissements d'une salle. J'ai vu souvent applaudir à n'importe quoi. En la matière, l'intelligence n'est pas requise. Elle est même contre-indiquée. Les élèves n'applaudissent pas le plus beau des cours de leur enseignant, il n'y a pas lieu. Applaudir, c'est s'aplatir.
Dans mes cafés-philo, les interventions des participants ne sont pas ponctuées par des applaudissements, ce serait déplacé. A la fin seulement, l'assistance applaudit non pas l'animateur mais elle-même, la qualité de nos échanges, le bon moment passé ensemble. Et ça ne va pas plus loin. Nous pourrions même (je préférerais) nous passer de cette exhibition.
C'est le républicain qui vous parle : aucun homme sur cette terre ne mérite qu'on l'applaudisse (hormis je l'ai dit les comédiens). Et c'est l'ancien enfant de choeur qui ajoute : même Dieu n'est pas applaudit dans les églises, alors ... Applaudir, c'est une pitrerie simiesque. C'est Cheeta dans Tarzan qui frappe bêtement dans ses mains à la moindre connerie et qui rit aussi de toutes ses dents. Applaudir, rire ainsi, ce n'est pas digne d'un être humain.
Politiquement, le message est clair, Debord et les situationnistes l'avaient depuis longtemps compris : nous sommes entrés, en tout domaine, dans la "société du spectacle". Et qui dit spectacle dit applaudissements. La politique est devenue un théâtre, ses protagonistes des comédiens. Quand on pense que le culte catholique lui-même, du moins à Moy-de-l'Aisne, est atteint par cette dégradante manie, on saisit l'ampleur du mal.
Bonne journée,
et je vous dispense
de m'applaudir.
Au mariage à Moy (voir billet du 22 août), j'ai été stupéfait à deux reprises pendant la cérémonie : le prêtre a fait applaudir les mariés juste après la consécration ; le baptême de leur enfant suivait, et rebelote, applaudissements après le rite lustral. C'est un ancien enfant de choeur qui vous parle : en plusieurs années de service, je n'ai jamais vu ça (c'était autour des années 70, ce n'est pas si vieux). A l'église, on prie, on chante, on se tait mais on n'applaudit pas (on n'est pas au cirque !).
Pourquoi je vous parle de ça, a priori peu intéressant et sans rien de politique ? Parce que ça fait partie de ces petites choses que j'aime bien remarquer et sur lesquelles réfléchir, car elles en disent long sur l'état de notre société. Si vous êtes observateurs et avez un peu de mémoire (et donc un peu d'âge), vous remarquerez que le geste d'applaudir s'est considérablement répandu dans notre société depuis une trentaine d'années.
A la télévision, c'est flagrant : dans les émissions publiques, on applaudit pour un oui ou un non. J'ai même entendu dire qu'il existait des panneaux lumineux intimant à l'assistance l'ordre de frapper dans ses mains. La moindre banalité d'un individu, la plus petite platitude, et c'est parti, on applaudit ! Vous vous souvenez peut-être aussi de l'émission de Jacques Martin "Sous vos applaudissements". On ne saurait mieux dire ...
Jadis, les applaudissements étaient rares et discrets. C'était plutôt des marques de politesse que de fausse jubilation bruyante. On n'applaudissait qu'au théâtre, quand les comédiens saluaient les spectateurs. C'est le seul endroit, pour moi, où les applaudissements sont décents. Partout ailleurs, je les trouve vulgaires, fanatiques, idolâtres. On devrait les interdire, comme on prohibe de fumer dans les lieux publics. Applaudir est même plus dangereux, c'est la santé mentale qui est menacée.
Pourquoi ? Parce qu'applaudir est toujours un acte de soumission. En politique, c'est effrayant : les discours les plus médiocres ou les plus inquiétants peuvent arracher les applaudissements d'une salle. J'ai vu souvent applaudir à n'importe quoi. En la matière, l'intelligence n'est pas requise. Elle est même contre-indiquée. Les élèves n'applaudissent pas le plus beau des cours de leur enseignant, il n'y a pas lieu. Applaudir, c'est s'aplatir.
Dans mes cafés-philo, les interventions des participants ne sont pas ponctuées par des applaudissements, ce serait déplacé. A la fin seulement, l'assistance applaudit non pas l'animateur mais elle-même, la qualité de nos échanges, le bon moment passé ensemble. Et ça ne va pas plus loin. Nous pourrions même (je préférerais) nous passer de cette exhibition.
C'est le républicain qui vous parle : aucun homme sur cette terre ne mérite qu'on l'applaudisse (hormis je l'ai dit les comédiens). Et c'est l'ancien enfant de choeur qui ajoute : même Dieu n'est pas applaudit dans les églises, alors ... Applaudir, c'est une pitrerie simiesque. C'est Cheeta dans Tarzan qui frappe bêtement dans ses mains à la moindre connerie et qui rit aussi de toutes ses dents. Applaudir, rire ainsi, ce n'est pas digne d'un être humain.
Politiquement, le message est clair, Debord et les situationnistes l'avaient depuis longtemps compris : nous sommes entrés, en tout domaine, dans la "société du spectacle". Et qui dit spectacle dit applaudissements. La politique est devenue un théâtre, ses protagonistes des comédiens. Quand on pense que le culte catholique lui-même, du moins à Moy-de-l'Aisne, est atteint par cette dégradante manie, on saisit l'ampleur du mal.
Bonne journée,
et je vous dispense
de m'applaudir.
52 Comments:
historiquement l'applaudissement était la continuité active du spectateur passif plus ou moins d'une représentation artistique. l'essence de l'applaudissement était la spontanéité.....désormais applaudir est une élicitation. je dois bien avouer que je déteste applaudir car ça fait mal à mes petites mains fragiles. par contre quand j'aime je crie bravo, je siffle ou je souffle dans mon buggle. et généralement j'applaudis à la fin d'une pièce médiocre, d'un concert moyen ou à la fin d'un discours pour que le locuteur ferme sa gueule et que le supplice se termine car je suis polie. val
By Anonyme, at 12:13 PM
Pire que l'applaudissement : la "standing ovation", qui permet à tous les subordonnés de manifester fièrement leur subordination en se levant les premiers. Le ridicule, c'est quand ils ne sont que quelques-uns debout.
La vraie admiration n'est pas si démonstrative. Elle demeure dans le silence du coeur. Oui j'admire certains discours, certains individus, mais je ne me lève pas, je ne fais pas de bruit avec mes mains ou mes pieds.
By Emmanuel Mousset, at 12:29 PM
C'est un peu bêta votre truc sur applaudir. On croirait écouter le sermon d'un pasteur mormon. Pourquoi ça vous dérange l'enthousiasme, l'amour partagé ? Au théâtre ou à l'opéra, dans les concerts de jazz où le public est souvent exigeant, le public applaudit quand il est heureux et il siffle quand le spectacle lui déplait. Dans les églises je ne trouve pas ça choquant pour un mariage : c'est une fête. Quand la foi était grande, il y avait de la vie dans les églises qui étaient un refuge pour les pauvres, les pélerins, les vagabonds, les mendiants, les animaux même par temps troublé. La fraternité des assemblées chrétiennes vous effraie ? C'est pourtant souvent moins convenu, plus spontané, plus inattendu que dans les meetings politiques ou les congrès. C'est pas à confondre avec la "claque" obligatoire et surveillée des congrès stalinien ou de la télé poubelle. Relisez un peu Rabelais de grace et arrêtez de gémir sur ce qui vit et se réjouit.
By Claude, at 12:52 PM
L'applaudissement-spontané ou dirigé-est devenu un reflexe dans toute manifestation publique. Les émissions de radio ou télé sont souvent gâchées pas ces singeries qui occultent la parole des intervenants (on ne perd sans doute pas grand chose!)Et l'on voit les participants en position préparatoire, les mains ouvertes prêtes à frapper pour n'importe quoi. Alors là, je zappe vite fait car j'en ai ma claque!
By Bravo, at 1:01 PM
Foin de mauvaise humeur, n'oubliez pas de venir vous esbaudir et applaudir le comédien Jacques Bonnaffé qui, le 19 septembre, viendra faire une lecture sur le thème "L'utopie peut-elle casser des briques" (Godin, Fourier, Rabelais, Thomas More ..et d'autres) à l'abbaye de Bohéries (près Guise)
Pour en savoir plus cliquez sur le lien :
http://www.terascia.com/manifestations-thierache-avesnois.php#boheries
By Thyl Ullenspiegel, at 1:02 PM
Vous ça se voit que vous n'êtes pas du coin,
que vous n'êtes pas très sociable et que vous ne sortez pas beaucoup.
On applaudit toujours dans les mariages,
combien de fois à la mairie mais aussi à l'église ai-je entendu
"Vous pouvez applaudir les mariés".
Peut-etre qu'au fin fond du Berry,
ça ne se fait pas,
mais ici ça se pratique.
Et contrairement à ce que vous racontez,
on n'a jamais aussi peu applaudit.
Comme vous regardez trop la télévision,
pour vous n'existe que ce qui se passe dans à la télé.
Et comme visiblement, vous ne regardez que des émissions débilitantes où on fait la claque,
votre univers se résume à ce que vous connaissez,
c'est à dire pas grand chose.
Si vous sortiez plus souvent pour voir comment les choses se passent,
aux spectacles, aux sports,
dans les manifestations publiques,
vous en sauriez des choses.
Car ce n'est certainement pas seul dans votre bureau une biere à la main que vous découvrirez quel est la place des applaudissements dans la société.
Hélas pour vous,
tout ce que vous n'avez pas fait,
il y a 10, 20a,
il est trop tard pour le faire.
Applaudir,
c'est exprimer un enthousiasme,
faire preuve de sentiment
et dans notre société,
ce genre d'extériorisation est de plus en plus rare.
C'est comme pour le rire,
on s'amuse et on rit de moins en moins.
D'où le succes croissant des comiques et autres amuseurs publics.
Vous aviez raison quand vous souteniez que prendre des vacances et partir ce n'était pas pour vous.
Vous etes encore pire qu'avant de partir.
By grandourscharmant, at 2:06 PM
Une derniere chose quand meme,
bien que l'applaudissement recule à peu pres partout.
Il y a quand meme des endroits où ils progressent,
sur les practices de golf pendant les tournois,
apres les défaites électorales présidentielles dans le camp des battus,
dans les avions apres un atterrissage réussit.
Et on m'a meme raconté qu'il y avait eu des applaudissements pendant un tournoi de bridge,
mais l'information est à vérifier.
L'applaudissement est la marque de l'enthousiasme des classes populaires,
chez les classes moyennes et supérieures,
c'est plus rare.
On est trop bien et trop guindé pour se donner ainsi en spectacle.
By grandourscharmant, at 2:13 PM
Avec vos imbécilités,
j'oublie ce que j'étais venu vous dire.
Cécile Duflot candidate aux régionales en Ile-de-France.
Mélenchon n'a qu'à bien se tenir.
By grandourscharmant, at 2:33 PM
Vous aurez corrigé de vous meme,
c'est de l'ancien bras droit du milliardaire François Pinault auquel je voulais faire référence,
Jean-Paul Huchon,
pas à l'ancien dirigeant de l'OCI
dont on se demande bien ce qu'il viendrait faire dans cette galere.
By grandourscharmant, at 2:37 PM
pour moi les seuls applaudissements constructifs que j'ai fait c'est quand mes fils ont fait caca la 1ére fois dans leur pot . indépendance pour moi et pour eux. val
By Anonyme, at 2:39 PM
pour GOC : pas de quoi vous filez une érection . ça va être artillerie lourde contre la résistance.
mais fondamentalement, il n'a pas besoin de bien se tenir Mélenchon; il lui suffit de se tenir. VAL
By Anonyme, at 3:01 PM
vendredi à st quentin il y avait une fête populaire : bbq géant , concerts des centres sociaux et visionnage du film hancock. enfin à st q accès gratuit à la culture . et je n'ai vu que XB, personne de gauche . est ce à dire que la culture populaire est trop vulgaire pour les planqués de gauche!!!!! val
By Anonyme, at 3:41 PM
hancock c'est de la culture !!!
Culture de blogbusters made in TF1
ça finissait pas trop tard,
t'as pu voir secret story ou tu l'avais enregistré.
By Anonyme, at 3:56 PM
Val,
t'es une vrai cinéphile.
Des qu'un truc est gratuit,
ciné, concert,...
Tu prends ton pied.
Du pain et des jeux,
c'est tout ce que t'a besoin.
By Anonyme, at 4:03 PM
eh oui voici venu le temps des otaries( mais si,vous savez bien: les petites bêtes qui actionnent leurs nageoires dans les cirques); on en est même à ce somment de bêtise de voir des candidats s'applaudir même quand ils perdent: faut être con quand même non?
By MF, at 4:36 PM
La grande question du moment c'est quand même "est-ce que le niveau monte?" (le niveau de la mer, le niveau de l'intelligence collective, le niveau de la connerie acceptable, le niveau des élèves en sortie du système éducatif..etc). A vous lire les uns et les autres on se dit : peut-être bien que ça monte, mais il y a quand même de sacrés trous d'air (comme disent les aéronautes).
J'espère que la montée du niveau de la mer va vous apprendre à courir et à applaudir autre chose que vos querelles d'egos.
By Thyl Ullenspiegel, at 4:42 PM
MF,
il y a 2 écoles,
l'anglo-saxonne et la latine.
Dans le modele anglo-saxon,
on est supporter,
à la vie, à la mort,
quelque soit ce que peut faire celui qu'on soutient,
ce sera bien,
l'inconvénient, ça conduit au hooliganisme.
L'autre modele,
le latin,
on fait de ceux qu'on soutient des dieux quand il gagne,
ils ont alors toutes les qualités.
On les traite plus bas que terre et on ne leur trouve plus que des défauts quand ils perdent
l'inconvénient, ça conduit au hooliganisme.
Conclusion,
il n'y a que des cons sur la planete.
By grandourscharmant, at 5:24 PM
Pour Thyl,
tres intéressante remarque sur la montée du niveau de la mer.
Il n'y en a qu'un ici qui pose le problème en terme d'égo.
Un groupe avance toujours à la vitesse des plus lents.
Si j'aime ce site,
c'est parce qu'on passe son temps à m'y expliquer que je suis tres con et que je ne comprends rien à rien.
C'est assez agreable car en-dehors de cet espace virtuel,
c'est tout le contraire,
on ne fait que me demander d'etre plus con,
il parait que ce serait plus agreable et plus vivable.
Le jour où la mer va monter,
certains auront déjà anticipé le probleme et seront hors de danger.
Les autres finiront noyés, incapable de réagir,
se demandant comment cela a bien pu leur arriver.
By grandourscharmant, at 5:35 PM
Val,
J'étais à la projection de "Hancock", XB puis Blériot ont parlé en tant qu'élus, c'est leur job. Les gens de gauche étaient là, sauf qu'ils ne s'expriment pas puisqu'ils n'ont pas été élus. C'est aussi simple que ça. Il ne faut rien en conclure de négatif contre la gauche locale.
By Emmanuel Mousset, at 7:27 PM
A Claude (12.52) :
Dans ces applaudissements, je n'ai rien senti de chaleureux, de vivant, de fraternel ou de populaire, mais seulement une concession à la mode, à l'air du temps. C'était au contraire très narcissique : les époux et le bébé rayonnaient de plaisir (le bébé, peut-être pas, mais ses parents pour lui, c'est sûr). Bref, nous étions très loin de Dieu et de la spiritualité (c'est quand même pour eux qu'on va à l'église, non ?).
Il se trouve que je serai samedi à nouveau de mariage, à Guise, église St Pierre. Applaudissements ou pas ? Je vous dirai ...
By Emmanuel Mousset, at 7:34 PM
Le regretté RP Maurice Lelong op, originaire d'un petit village au Nord de Saint-Quentin (Estrées, prédicateur souvent facétieux, auteur d'une homélie sur le Maroilles qui est une pièce d'anthologie, (une des bien rares et précieuses personnes qui m'ont permis d'échapper à la guerre d'Algérie) se demandait souvent pourquoi les chrétiens (par extension on pourrait dire les militants) avaient tant de mal avec l'humour et le rire. Il n'avait pas de réponse bien claire mais il aimait rappeler que le Christ, à Cana, n'avait pas barguigné à multiplier le vin pour les convives d'une noce menacée de tristesse. Rabelais aussi s'est beaucoup posé cette question et il signalait les "murmures" (derrière les hauts murs de certaines abbayes) comme responsables de cette désolation. Par murmures il voulait dire la crispation des pensées secrètes, des complots, des rumeurs, des jalousies d'un monde qui croupit dans les macérations qui sentent le renfermé. La vigne était le lieu de son repos et de sa joie. A Bohéries le lieu dit où étaient les vignes de l'abbaye s'appelle toujours, sur le cadastre moderne, "le paradis". Les moines qui ont créé ce toponyme n'étaient sans doute pas indifférents à l'utopie de Thélème.
Je me demande parfois si tu n'es pas un peu trop cérébral pour vivre pleinement la fraternité humaine. Légèrement pompette peut aider à la compréhension de la chose, ça lève beaucoup d'inhibitions. Les Châteauneuf du Pape, comme les Chinon qu'affectionnait Rabelais sont hautement recommandables. Le délice et la puissance de leurs arômes évitent la tentation du coma éthylique qui est bien désastreux car en guise de fraternisation et d'applaudissements, on tombe alors généralement dans la sentimentalité la plus bêtasse, voire la plus meurtrière.
By Claude, at 8:22 PM
Je viens de relire ta chronique "Martine Aubry post-matérialiste" et finalement ça m'aide à comprendre ta crispation sur les applaudissements à l'Eglise. Ta réflexion sur Martine c'est qu'au fond le courant catho de gauche, "moraliste", est utile au parti, particulièrement s'il fait dans le genre chiant. C'est même la condition pour qu'il puisse servir de marche-pieds à DSK qui en libertin post-moderne se pose là et bien là, et va raffler la mise. D'où ton désarroi quand dans un mariage catholique tu vois le public rire et applaudir. Ils ne sont pas dans le rôle que tu leur as assigné. Çs me rappelle une histoire du RP Lelong (excuse moi j'ai les mêmes lectures que Claude). Ethnologue dans sa jeunesse il a beaucoup écrit sur l'Afrique coloniale et il rapporte ceci. Beaucoup de missionnaires disaient que la philosophie générale des administrateurs coloniaux et des militaires en poste en Afrique (parmi lesquels dit-il, pas mal de francs-maçons) disaient "la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat ne s'applique pas aux colonies". En clair le sabre et les bouffeurs de curé, comme en 14, avaient besoin du goupillon pour assurer la tranquilité publique. Donc tout allait bien, disaient ces missionnaires et le RP Lelong, quand les missionnaires acceptaient le rôle de supplétifs de l'administration coloniale. Mais ces gens là, ajoute-t-il, détestaient se faire doubler sur leur gauche. Et quand les missions étaient soupçonnées de refiler aux indigènes des idées dérangeantes pour l'ordre colonial (liberté, égalité, fraternité, respect mutuel, autonomie, indépendance), ça se gâtait vite. Pas mal de missionnaires ont payé de leur vie ces écarts. J'espère Martine assez avertie de ces choses pour ne pas se faire avoir. Ça serait assez joli une troika Aubry, Eva Joly, Dany ???
By Thyl Ullenspiegel, at 10:41 PM
Apres le dernier commentaire de Martine sur les réunionds du jour du président.
réunion inutile,
toutes les réunions au ps sont utiles ?
Ne doit-on se réunir que quand on sait que la réunion sera utile ?
Comment savoir que la réunion sera inutile avant qu'elle se soit tenue et ainsi pouvoir l'annuler avant de la tenir ?
Le président ne peut rien,
dans ces cas là,
plutot que de briguer le poste,
la gauche ne devrait pas plutot demander sa suppression.
S'il ne sert à rien et n'a pas de pouvoir,
on fera des économies en supprimant le poste.
Et comme j'ai un peu de mémoire,
je n'ai pas oublié la campagne socialiste de défense des libertés publiques qui seraient menacées.
Comment un président sans pouvoir peut à la fois menacer les libertés publiques et dans le meme temps ne pas avoir le pouvoir pour imposer ses volontés.
D'apres ce qu'elle dénonce dans cette histoire,
le président serait le faible.
Pourquoi la 1ere secrétaire du PS attaque les faibles et ne dit rien contre ceux qu'elle estime etre les puissants.
By grandourscharmant, at 11:01 PM
A Claude et Thyl :
Vous vous donnez le beau rôle et vous m'attribuez le mauvais. Pourquoi pas, mais je vous rappelle que les applaudissements m'ont choqué pour des raisons toute différentes de celles que vous avancez. J'y vois non pas une manifestation de fraternité mais de narcissisme très contemporaine. Encore une fois, une église n'est pas un cirque (mais voilà ce que les bons bourgeois en ont fait).
By Emmanuel Mousset, at 11:23 PM
ce qui est particulièrement inquiétant c'est la réaction des foules quand un animateur ou autre chauffeur de salle les sollicite: on dirait des moutons répondant sans réfléchir à tout demande, et je t'applaudis et je te balance et je te trépigne et je t'allume un briquet ( et j'en passe); j'ai quelquefois l'impression de revoir Nuremberg et le "show Hitler";vraiment désolant ( ça vaut aussi bien dans les spectacles que dans les manifestations politiques; j'écrivais " moutons", De Gaulle parlait de veaux)
By MF, at 7:19 AM
MF,
sur cette question,
le dernier roman de Jean Teulé
"Mangez-le si vous le voulez"
est assez éloquent.
La foule a sa propre intelligence
et quand elle est lancée,
elle est incontrôlable car dépourvue de toute raison.
By grandourscharmant, at 7:39 AM
Pas de bons et mauvais rôles à distribuer. Juste un diagnostic différent sur nos petites et grandes églises, ce qui s'y trame. Non les bons bourgeois n'ont pas transformé les églises en cirque, ils les ont privatisées, désormais elles sont presque toutes fermées en dehors des offices au mépris complet des préceptes évangéliques et de ce pour quoi les générations précédentes les ont édifiées.
Il y a une grande différence entre les foules sentimentales que chante Alain Souchon, les phalanges fascistes soudées par la haine et les foules fraternelles et joyeuses ou terrassées par le chagrin, la colère ou la pitié. Relis un peu Edgar Morin et n'aies pas peur de la complexité.
Et puis trinquons et applaudissons à la victoire prochaine d'une gauche qui ferait une bonne synthèse de ses complexités dans le respect mutuel (je rêve) !!
By Claude, at 8:43 AM
Le pire étant quand même les applaudissements pour le pilote d'un avion lorsqu'il réussit son aterrissage!!!
By Sylvain, at 9:57 AM
Claude,
si on ferme les églises,
c'est d'abord parce qu'on manque de pretres et de vocations.
Mais aussi parce que le propriétaire du lieu, les municipalités le décident.
Par peur des dégradations et par refus d'assumer les frais de sécurisation du lieu,
on trouve plus simple de fermer les églises.
C'est un triste exemple de la façon dont l'état gere son patrimoine immobilier,
mais ne se donne pas les moyens d'en optimiser la gestion.
Sur Egdar Morin
dont la sensibilité le porte à gauche,
il a expliqué lors de la derniere campagne présidentielle qu'il avait été voir la direction du PS pour lui présenter ses travaux.
On n'a pas jugé utile de s'y intéresser.
A droite, son travail sur la pensée complexe fait référence.
By grandourscharmant, at 10:30 AM
Grand Ours : pour les églises, elles ont été construites dans un temps où l'insécurité, sous toutes ses formes, incommensurablement plus élevée qu'aujourd'hui. Ça donne la mesure de l'époque où chacun est mis en demeure d'avoir peur de son ombre. Je suis originaire d'un département, la Haute-Marne, dont je connais des dizaines d'églises qui contiennent des trésors inestimables et qui sont aujourd'hui ouvertes la journée : les villages, sans ostentation, veillent sur elles.
Le niveau de délinquance et de déchristianisation est pourtant assez comparable à l'Aisne. Du point de vue de la dépense publique c'est un département plutôt plus pauvre et moins densément peuplé.
Quant aux intellectuels et la gauche, je suis bien placé pour savoir ce qu'il en est. Le PC n'aimait les intellectuels qu'étroitement asservis, le PS est un parti d'élus qui n'ont le plus souvent de respect que pour la roublardise électoraliste, les verts actuellement sont moins allergiques aux débats d'idée. Mais c'est ma famille et comme je ne suis pas masochiste je me bat pour que ça change.
By Claude, at 11:04 AM
Monsieur l'Ours,
Je serais tenté personnellement d'inverser votre proposition : c'est parce qu'on ferme les églises qu'il n'y a plus de prêtres et de vocations.
C'est un peu comme au PS, tellement bien vérouillé (cumul des mandats, hiérarchie occulte ou explicite, fraternité aux oubliettes) que les nouveaux adhérents prennent souvent très vite leurs jambes à leur cou.
By Thyl Ullenspiegel, at 11:26 AM
Thyl,
ce n'était pas ma proposition,
mais un triste constat.
Que les églises ou les partis politiques puissent etre des lieux fermés est une hérésie pour moi.
L'ouverture a des inconvénients,
mais bien plus d'avantages.
By grandourscharmant, at 12:42 PM
Claude,
qui a une grande responsabilité dans cette défiance vis-à-vis d'autrui,
si ce n'est justement la gauche qui ne cesse de diaboliser tout et tous.
Surtout les siens quand ça l'arrange.
C'est votre famille,
vous savez comment les choses s'y passent.
By grandourscharmant, at 1:19 PM
Je trinque avec Claude mais ma religion m'interdit d'applaudir ...
By Emmanuel Mousset, at 3:01 PM
Avez vous remarqué à quel point l'Ours manie à la perfection la dialectique Sarkozienne:
Quand il expose ses idées c'est simplement, comme des évidences alors que quand les autres expriment les leurs simplement, c'est en fait (de son point de vue)beaucoup moins simple qu'il n'y parait!!
By Lightbulb, at 3:13 PM
je ne suis pas croyant..alors ce qui se passe dans les églises,synagogues, temples, mosquées..et autres m'indiffère complètement ( et de quel droit m'en mêlerais-je n'étant pas partie prenante ?) sauf si ça venait à porter atteinte à ma propre liberté
By MF, at 4:30 PM
Allez, venez tous vous esbaudir le samedi 19 septembre avec le comédien Jacques Bonnaffé qui lira des textes sur le thème "L'utopie peut-elle casser des briques?" (Rabelais, Thomas More, Fourier, Jean-Baptiste André Godin...etc) et levez vos verres à la santé de tous ceux qui auront l'audace de nouvelles utopies pacifiques (le genre Pol-Pot n'est pas le bienvenu). Pour en savoir plus cliquez sur mon nom. C'est gratuit et les applaudissements seront facultatifs !
By Claude, at 5:09 PM
Et pendant qu'Emmanuel va à la messe à Moy se demander s'il est décent ou non d'applaudir dans une église, le canal de la Sambre à l'Oise s'enfonce dans la deshérence, la ruine prochaine dans l'indifférence des habitants du Vermandois (très peu de signatures de Saint-Quentin dans la pétition pour sa sauvegarde. Pourtant le beau canal de Saint-Quentin est dépendant de ce canal et la ruine du premier pourrait provoquer la ruine du second. En effet un paradoxe de l’abandon du canal de l’Oise à la Sambre par VNF c’est qu’à l’endroit même où VNF ne répare pas le pont canal (à Vadencourt), elle vient chercher l’eau pour alimenter le canal de Saint-Quentin toujours en service. En effet une des difficultés qu’eurent à affronter les ingénieurs lors de la construction de ce canal fut la pénurie d’eau dans la zone de partage des eaux entre le bassin de la Somme et celui de l’Escaut. Ils construisirent un ouvrage, toujours en activité, qui fit l’admiration des contemporains (on était alors sous le premier empire). Il s’agit de la rigole qui vient capter l’eau de l’Oise et du Noirrieu à Vadencourt pour aller alimenter le canal de Saint-Quentin. A Vadencourt cette rigole passe en siphon sous le canal de la Sambre à l’Oise et part ensuite en souterrain vers le canal de Saint-Quentin. Si VNF s’obstine à ne pas entretenir le canal de la Sambre à l’Oise, l’alimentation en eau du canal de Saint-Quentin pourrait être elle aussi menancée car l’effondrement des berges bien prévisible, ruinera également la rigole. Les élus de la Thiérache d’Aumale (remercions les pour leur pugnacité) seraient bien inspirés de faire valoir cette solidarté de fait aux élus du Vermandois et de Saint-Quentin. L’indifférence à ce qui se passe chez ses voisins quand on garde son propre canal n’est pas forcèment un bon calcul. VNF qui se préoccupe peu de réguler la population en croissance rapide des ragondins se dit peut-être que ces ragondins finiront par régler le problème de la régulation de l’étiage entre différents bassins. En effet ils sont champions en réalisation d’ouvrages souterrains, et ils ne coûtent pas cher à nourrir !!
Si vous voulez en savoir plus, cliquez sur mon nom et vous trouverez le chemin de ce canal et, je l'espère, de votre participation à cette lutte.
By Thyl Ullenspiegel, at 7:03 PM
Cher Thyl,
L'un n'exclut pas l'autre. On peut méditer sur l'extension des applaudissements dans la société française et s'intéresser au devenir du canal, dossier que je connais mal, mais mon ignorance est corrigée par le lien.
By Emmanuel Mousset, at 7:24 PM
Pourtant les problèmes de vases communiquants c'est plus facile à comprendre que l'ontologie et la métaphysique des applaudissements
By Thyl Ullenspiegel, at 7:26 PM
Merci pour l'information Thyl,
quel est la position du député de la circonscription, du conseiller général du canton et du conseil régional sur cette question de canal ?
A quand une manif devant le siege de VNF à Béthune ?
By grandourscharmant, at 8:04 PM
Les politiciens sont des pitres, c'est normal de les applaudir, ils font des efforts pour faire rire, il faut les encourager pour progresser dans leur pitrerie. Parfois, il faut applaudir de véritables prouesses, par exemple comment Sarko débauche la gauche et les fait travailler pour lui, voilà de la haute voltige sans filet? Par contre, inutile d'applaudir les débauchés : est-ce qu'on applaudit les (f)utilités au théâtre ?
By Anonyme, at 8:36 PM
A Thyl :
Pui, mais comme tout un chacun, je m'intéresse à ce qui m'intéresse, et donc je le comprends. Beaucoup moins le reste. C'est humain.
By Emmanuel Mousset, at 10:32 PM
A l'anonyme de 8.36 :
Totalement en désaccord avec vous. En qualifiant les politiques de "pitres", c'est de la graine de fascisme que vous semez. C'est inacceptable !
By Emmanuel Mousset, at 10:34 PM
Emmanuel, le stal a parlé,
l'anonyme est fasciste,
fin du débat,
potence érigé devant la gare,
des qu'on chope,
l'anonyme, on l'y pend.
C'est ce qu'on appelle faire avancer le débat.
On aurait aussi pu demander à l'anonyme,
que devrait etre les politiques ?
Des chefs, des tyrans, des assistantes sociales, des psycholohues ?
Imaginons qu'ils soient des pitres,
c'est donc que les partis et les électeurs ont choisi des pitres,
pourquoi les ont-ils choisi ?
By grandourscharmant, at 11:35 AM
Je ne sais pas si l'anonyme est fasciste, je ne porte pas d'accusation gratuite. Mais je sais que ses propos contre la classe politique sont le terreau d'où surgit bien souvent le fascisme.
By Emmanuel Mousset, at 11:40 AM
Et vous pensez qu'on combat le fascisme,
en excluant, en rejetant et en stigmatisant.
Beau programme, fasciste à mettre en oeuvre.
Tous ceux que j'ai connu socialiste et qui viennent m'expliquer maintenant que Le Pen,
c'est ça dont la France a besoin.
Que dois-je faire leur dire qu'ils sont des cons et ne plus leur adresser la parole ?
By grandourscharmant, at 3:25 PM
Vous devez surtout leur dire qu'ils ont cessé d'être socialistes et que c'est une honte.
By Emmanuel Mousset, at 5:51 PM
Et vous proposez quoi,
des autodafé ?
Je suis pour la liberté de culte.
By grandourscharmant, at 10:09 PM
Je parle de honte, je ne parle pas d'autodafé.
By Emmanuel Mousset, at 11:08 AM
Il n'y a aucune atteinte à l'honneur ou à la dignité de quitter le PS.
Dosiere, Bockel, Besson, Kouchner démontre très bien qu'on peut être socialiste en dehors du PS.
By grandourscharmant, at 2:31 PM
Oui, à condition de ne pas faire copain-copain avec la droite.
By Emmanuel Mousset, at 7:09 PM
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