Un débat de civilisation.
Les polémiques autour de la taxe carbone, qui n'ont pas arrêté depuis plus d'une semaine, cachent un débat de fond dont hélas on ne parle pas ou peu. Au-delà des nuances entre Sarkozy et Fillon, Aubry et Royal, on sent bien que droite et gauche sont divisées. C'est que la question est lourde, qu'elle met en jeu un modèle de civilisation.
Pour l'instant, on nous balade avec une querelle lexicale : taxe carbone disent les uns, contribution climat-énergie disent les autres, quand les troisièmes dissertent savamment sur le distinguo entre taxe et impôt. Peu importe : le seul problème, c'est de savoir si oui ou non on veut mettre la main à la poche pour sauver la planète. Le reste est billevesées.
Je comprends qu'on soit hostile à la taxe carbone. C'est un choix politique qui peut avoir sa cohérence. Mais je ne comprends pas qu'on soit pour le principe et hostile à son application. C'est comme les 35 heures : certains sont pour la réduction du temps de travail mais contre les 35 heures. D'autres, bouffons absolus, critiquent les 35 heures mais ne veulent pas qu'on leur enlève leurs journées de RTT !
Je pourrais multiplier ce type d'exemple, conforme à notre monde moderne : dès qu'un principe général est énoncé (la taxe carbone), on trouve immédiatement un cas particulier (le rural qui doit faire 50 bornes pour aller travailler) qui est censé contredire et annuler le principe général. Mais si tout le monde raisonnait de cette façon, jamais la France n'aurait adopté dans son histoire ses plus grandes réformes !
La douloureuse vérité que révèle le débat autour de la taxe carbone, c'est que nous sommes à peu près tous conscients que le monde ne peut plus tourner rond avec la société d'hyper-consommation, mais personne ne veut toucher ou renoncer à des habitudes de vie auxquelles nous tenons beaucoup trop. Je vois trois dimensions à ce problème :
1- La société individualiste : qui est prêt à renoncer à son automobile et à la formidable liberté qu'elle représente pour adopter des transports en commun où l'on n'a pas l'initiative des horaires, où l'on est soumis à l'inévitable lourdeur des structures collectives ?
2- La société de la vitesse : qui est prêt à utiliser plus souvent la marche dans ses déplacements urbains, alors que notre société a fait de la rapidité une vertu et de l'impatience un quasi devoir ?
3- La société du confort : qui est prêt à laisser tomber le confort bourgeois qui envahit aujourd'hui nos intérieurs, y compris dans les milieux qui ne sont pas vraiment bourgeois ? Qui est prêt à jeter tous les objets, instruments, machines, techniques qui nous entourent et qui dévorent de l'énergie ?
Il faudrait initier les citoyens à la vie en commun, à la lenteur et à la simplicité. Je peux personnellement adopter ce type d'existence, mais ai-je le droit de l'imposer aux autres, à tous, ou même les inciter dans cette voie ? C'est tout le débat de civilisation autour de la taxe carbone, qui ne fait que commencer.
Bonne fin d'après-midi.
Pour l'instant, on nous balade avec une querelle lexicale : taxe carbone disent les uns, contribution climat-énergie disent les autres, quand les troisièmes dissertent savamment sur le distinguo entre taxe et impôt. Peu importe : le seul problème, c'est de savoir si oui ou non on veut mettre la main à la poche pour sauver la planète. Le reste est billevesées.
Je comprends qu'on soit hostile à la taxe carbone. C'est un choix politique qui peut avoir sa cohérence. Mais je ne comprends pas qu'on soit pour le principe et hostile à son application. C'est comme les 35 heures : certains sont pour la réduction du temps de travail mais contre les 35 heures. D'autres, bouffons absolus, critiquent les 35 heures mais ne veulent pas qu'on leur enlève leurs journées de RTT !
Je pourrais multiplier ce type d'exemple, conforme à notre monde moderne : dès qu'un principe général est énoncé (la taxe carbone), on trouve immédiatement un cas particulier (le rural qui doit faire 50 bornes pour aller travailler) qui est censé contredire et annuler le principe général. Mais si tout le monde raisonnait de cette façon, jamais la France n'aurait adopté dans son histoire ses plus grandes réformes !
La douloureuse vérité que révèle le débat autour de la taxe carbone, c'est que nous sommes à peu près tous conscients que le monde ne peut plus tourner rond avec la société d'hyper-consommation, mais personne ne veut toucher ou renoncer à des habitudes de vie auxquelles nous tenons beaucoup trop. Je vois trois dimensions à ce problème :
1- La société individualiste : qui est prêt à renoncer à son automobile et à la formidable liberté qu'elle représente pour adopter des transports en commun où l'on n'a pas l'initiative des horaires, où l'on est soumis à l'inévitable lourdeur des structures collectives ?
2- La société de la vitesse : qui est prêt à utiliser plus souvent la marche dans ses déplacements urbains, alors que notre société a fait de la rapidité une vertu et de l'impatience un quasi devoir ?
3- La société du confort : qui est prêt à laisser tomber le confort bourgeois qui envahit aujourd'hui nos intérieurs, y compris dans les milieux qui ne sont pas vraiment bourgeois ? Qui est prêt à jeter tous les objets, instruments, machines, techniques qui nous entourent et qui dévorent de l'énergie ?
Il faudrait initier les citoyens à la vie en commun, à la lenteur et à la simplicité. Je peux personnellement adopter ce type d'existence, mais ai-je le droit de l'imposer aux autres, à tous, ou même les inciter dans cette voie ? C'est tout le débat de civilisation autour de la taxe carbone, qui ne fait que commencer.
Bonne fin d'après-midi.
19 Comments:
d'accord avec toi sur le fond mais il ne faut pas demander qui veut ou qui peut? Il faut l'imposer c'est la seule possibilité pour la survie de l'espèce humaine et des autres d'ailleurs. Il est trop tard pour initier l'homme à ces changements de comportements, la race humaine aura disparu avant qu'une réelle prise de conscience ne soit d'actualité!
Mais aucun homme d'Etat, aucun politique ne fera cette imposition. Trop d'égoisme, trop d'invidualisme vont tuer notre société!
En tout cas, personnellement, je me sens prêt pour marcher plus souvent et renoncer au peu de confort que j'ai!
MD
By md, at 6:28 PM
Ridicule !
La loi TEPA était pour le pouvoir d'achat ... des riches !
pour les héritages, c'était pour l'ouvrier qui a acquis durement sa petite maison !
etc ...
tout le monde a isolé sa maison, a changé ses ampoules pour des " basse consommation " fabriquées en Chine, merci pour le CO2 dû au transport !
pas de taxe carbone quand on a pas le choix, offrir le choix et taxer après, ce qui est fait pour les voitures, grosses ou petites pollueuses, on a le choix.
By Anonyme, at 6:56 PM
Michel,
Oui il faut imposer. Mais je ne partage pas ton pessimisme sur le devenir de l'humanité. Car à quoi bon alors faire de la politique ?
By Emmanuel Mousset, at 7:01 PM
Au dernier anonyme :
En politique, il faut agir tout de suite, pas différer l'application d'une mesure quand elle est juste. Après ? Mais il n'y a pas d'après. Après, nous serons tous morts. C'est maintenant qui compte. On ne fait pas de politique avec des "si" et des situations idéales.
By Emmanuel Mousset, at 7:04 PM
Une chose qui reste floue et qui est pourtant bien importante pour la taxe carbone, c'est de savoir si elle va pouvoir s'appliquer aux produits manufacturés ou agricoles du commerce international. Est-ce qu'une traçabilité carbone est possible pour l'ensemble des biens échangés ? Ça me paraît bien difficile tant que ça n'est qu'un impôt national. Pourtant nul autre impôt n'a autant de justifications à devenir le principe d'une fiscalité mondiale puisqu'il vise la survie de notre petite planète.
Si c'était une taxation universelle sur la terre, ça aurait l'avantage de taxer lourdement les produits qui incorporent une chaîne logistique très lourde, très longue, très complexe (un yaourt dont le pot est fabriqué en Roumanie, les colorants et les arômes en Allemagne, le lait en France, le capuchon au Canada..etc) et d'inciter les industriels à relocaliser les sites de production près des consommateurs.
Donc il y a du boulot sur la planche pour les internationalistes de se battre pour que ça devienne un impôt mondial. Et pourquoi justement ça ne servirait pas à financer des Nations Unies devenues une vraie institution démocratique ?
La taxe carbone met en évidence à quel point les problèmes de la planète n'ont plus de solutions strictement nationale et à quel point il est urgent pour la planète de se doter d'institutions plus représentatives pour gérer les régulations dont dépend la survie de l'humanité, comme la mise sur la touche des rapaces du court terme (la finance).
By Claude, at 8:05 PM
Bonne remarque, mais n'attendons pas non plus la révolution mondiale pour réformer certaines choses dans notre pays.
By Emmanuel Mousset, at 8:21 PM
Dans l'ordre d'idée de ce qui précède un front à ouvrir pour tous les internationalistes qui ont des préoccupations écologiques serait d'exiger d'en finir avec l'exonération de TIPP et semble-t-il aussi de tva, dont bénéficient les carburants de l'aviation commerciale comme ceux du fret maritime (tax free). C'est une absurdité et une iniquité assez monstrueuse que le pékin qui n'importe où sur la planète prend sa bagnole pour aller au boulot acquite ces taxes alors que les vols commerciaux et le commerce international en sont exonérés. C'est typiquement un domaine où les solutions nationales sont impuissantes et où il est urgent de réglementer à l'échelle planétaire
By Claude, at 8:26 PM
Emmanuel : qui a parlé de révolution mondiale ? On pourrait commencer, dans notre jardin, à pousser sérieusement pour que le Parti Socialiste Ruropéen et l'Internationale Socialiste, cessent d'être des trucs bidons. Un mérite des verts, c'est qu'ils sont plus réellement interantionalistes que nous. Chacun sent bien que leurs réflexions, leurs forums, leurs propositions, ont d'emblée pour cadre de référence la planète.
Nous (enfin toi surtout ces temps ci), nous aimons la béatitude consensuelle des commémorations patriotiques (thème que tu as brillamment développé récemment).
By Claude, at 8:38 PM
Les Verts sont rarement au pouvoir, ou alors comme supplétifs. C'est plus facile pour eux d'être internationalistes dans les idées. Les socialistes, confrontés à des responsabilités nationales, ont plus de mal. Mais beaucoup d'efforts ont été faits.
By Emmanuel Mousset, at 8:56 PM
Bien étrange cette autojustification que le pouvoir, même si on fait beaucoup d'efforts, même si on se donne beaucoup de mal, c'est au final qu'on ne peut pas faire grand chose, trop de responsabilités lourdes, le lamento habituel. Et puis l'idée que les alliés sont forcèment des supplétifs. Finalement ça correspond assez à ce que j'entends au comptoir sur les politiques "ils ne servent à rien, c'est plus eux qui gouvernent"... les conneries habituelles. Qu'est-ce que ça donnerait une campagne électorale où le candidat dirait ce que tu dis "je vous demande de voter pour moi mais vous devez savoir que le pouvoir c'est une grosse fatigue et très usant,qu'on ne peut pas grand chose, surtout qu'en plus faut se coltiner des alliés indociles qui ne marchent pas toujours au pas bien qu'on les ait prévenus qu'ils n'étaient que des supplétifs".
Alors cette usure, cette grosse fatigue du pouvoir (pourtant curieusement tant désiré), est-ce que ça serait pas plutôt le symptôme qu'on ne pose pas les diagnostics et les priorités au bon niveau ?
Si le fait d'être des supplétifs donne la liberté des idées, comme tu le dis, alors faudrait peut-être inverser les rôles quelque temps ???
Ton argumentaire risque de donner des idées aux électeurs...
By Claude, at 10:14 PM
Les électeurs sont libres de leurs idées et moi des miennes.
By Emmanuel Mousset, at 9:00 AM
vous avez le droit d'avoir vos idées, même si elles sont d'un autre temps, le contraire se saurait et vous seriez le calife.
Facile pour certains d'approuver un impôt qui frappera le citoyen de base à 15 euros la tonne de CO2, puis dans les années à venir à 25 puis 50, puis .... facile d'être pour qu'on habite à 2 pas de son travail, quand on a un petit logement, quand on n'a pas d'enfant, ....
carburant ( gas-oil, essence, fuel sont déjà taxés à 80 %, sauf pour les plus gros pollueurs de la planète !
By Anonyme, at 9:33 AM
J'ai une grande maison, un chat et je circule dans tout le département. Facile d'ouvrir la bouche quand c'est pour dire n'importe quoi ! Fermez-là, vous éviterez de polluer l'air avec vos mensonges, en attendant une prochaine taxe sur la connerie.
By Emmanuel Mousset, at 9:56 AM
Emmanuel tu devrais pas injurier l'anonyme commee tu le fais là. Ça rappelle un peu le "tire toi pauvre con" de tu sais qui. Les arguments de l'anonyme méritent une discussion sereine. Ceci dit je n'ai pas vocation a devenir ton conseiller en communication.
By Claude, at 10:51 AM
As-tu remarqué que l'anonyme s'est lancé le premier dans des attaques personnelles ? Il a donc reçu ce qu'il mérite. C'est la loi de ce blog : on reçoit ce qu'on y apporte. La riposte est certes un peu au-delà de l'attaque, mais c'est de la bonne stratégie militaire. Pour dissuader ce drôle ou cette drôlesse, il faut que je lui tape sur le museau un peu plus fort que lui-même ne l'a fait. Généralement, après ça, il ne revient pas. J'ai quand même bientôt trois ans de pratique sur ce blog.
By Emmanuel Mousset, at 11:55 AM
non , non ce qu'il faut pour sauver la planète, c'est : jack bauer!!!!
VAL
By Anonyme, at 3:35 PM
Ou Batman.
By Emmanuel Mousset, at 5:02 PM
Quand on a aucun argument, on fait appel à l'insulte.
Pour ce qui est de la taxe sur la connerie, elle vous obligerait à travailler jour et nuit pour vous en acquiter !
les Sy-Quntinois peuvent être heureux d'avoir échappé à votre candidature aux municipales !
By Anonyme, at 10:26 AM
Soyez honoré que je vous insulte. Je pouvais vous écraser de mon mépris, vous dissoudre dans le néant de mon indifférence. Je me demande même si je ne suis pas trop bon avec vous en prenant la peine de vous répondre et donc de vous faire exister.
Je suis heureux d'apprendre que Saint-Quentin a échappé à la catastrophe qu'aurait été ma candidature. Aurais-je un tel pouvoir, serais-je si important que ça pour représenter une telle menace ? Bientôt vous allez soutenir qu'avec moi la planète a frôlé la fin du monde ! Vous me prêtez trop de puissance, je ne suis ni Dieu ni Diable. Mais vous, vous êtes bien bête ...
By Emmanuel Mousset, at 6:42 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home