Adieu Paillot.

J'ai appris ce soir la disparition de Bernard Paillot. S'il y a un homme qu'on n'imaginait pas mourir, c'était bien lui. Il était tellement actif, il avait tellement de souffle qu'on a du mal à croire qu'il ait rendu le dernier. C'était un camarade, puisqu'il était de gauche. Mais d'une gauche qui m'était étrangère : ouvriériste, protestataire, laïcarde. La social-démocratie, c'était vraiment pas son truc ! Je pense que notre alliance saint-quentinoise avec l'extrême gauche n'a pas dû le gêner.

Car il était de la mouvance radicale. Ancien conseiller régional, communiste je crois, ancien conseiller municipal de gauchy, non réélu au dernier scrutin, son action politique, aussi tonitruante soit-elle, avait des limites. Sa critique permanente du maire de Gauchy, les reproches qu'il adressait constamment aux socialistes ne m'étaient évidemment pas agréables. Il évoluait entre l'aile gauche du PS et le PCF, trouvant tout le monde trop mou à son goût. Il a dû, il me semble, flirter un temps avec les chevènementistes. Si j'avais à le définir le plus objectivement et le plus précisément, je dirais que c'était un républicain à l'ancienne mode, partisan de la Sociale. Je ne crois pas qu'il aurait refusé cette étiquette.

J'aurais pu ce soir me borner à un silence respectueux, ne pas évoquer sur ce blog la mémoire de Bernard Paillot, mon camarade mais mon dissemblable. C'est parce que, contre toute attente, nous avions des points communs, plus humains que politiques. D'abord je pense qu'il m'aimait bien, et moi je le trouvais sympa. Quand je suis arrivé à Saint-Quentin et que je suis rapidement devenu secrétaire de section (c'est la particularité locale : on vient de nulle part et on grimpe très vite ; je ne suis pas sûr que ce soit une vertu collective), il m'a invité à quelques banquets qu'il organisait à Gauchy, sachant pourtant que j'étais un socialiste très modéré. Ces derniers années, on se voyait moins.

Et puis, c'était un militant formidable, toujours en train de défendre une cause, le faisant avec énergie, enthousiasme, n'y comptant pas son temps. Enfin, passionné de politique, il n'a jamais, pour ce que j'en sais, manoeuvré, reculé, renoncé pour obtenir une place. Cette grande gueule ne courtisait personne, ne vivait jamais dans l'ombre de quelqu'un. Regardez bien autour de vous dans le milieu politique : des comme ça, il n'y en a pas beaucoup. C'était aussi un responsable associatif et syndical infatiguable.

Ses obsèques auront lieu lundi prochain, à 10h30, en l'église de Gauchy.


Adieu Paillot,
salut camarade.