Une tempête de 10 ans.

J'ai repris ce dimanche le classement de mes archives politiques, commencé le week-end dernier. C'était alors la tempête. Aujourd'hui c'est soleil et ciel bleu, mais dans mes papiers c'est toujours la tempête ! Dix ans d'affrontements internes, je ne peux pas mieux résumer. Avec une constante, une évidence très instructive pour aujourd'hui et pour demain : c'est l'absence de leader incontesté qui mine un groupe politique, beaucoup plus finalement que les échecs politiques, qui eux aussi ont été constants pendant ses dix dernières années.

Je remarque aussi que les divisions, vives sur l'instant, perdurent longtemps après. L'impact ne se mesure vraiment que quelques années plus tard, comme une onde de choc qui met du temps avant d'épuiser tous ses effets dévastateurs, comme le souffle lointain d'une explosion atomique. L'inquiétant est là, on a le sentiment que la page n'est jamais définitivement tournée. L'hindouisme se représente le destin sous forme d'une roue qui tourne sur elle-même, dans une sorte d'éternel retour d'événements identiques.

Cette descente aux enfers qu'est pour moi la classification de mes archives (et ce n'est pas fini, la moitié m'attendent encore chez mon copain) ne génère aucune complaisance morbide ou masochiste. J'ai toujours cru qu'on guérissait du mal que par la vérité. Les baumes consolateurs, très peu pour moi ! Je ne me résous pas à une vie politique dont la normalité serait la division interne. Ça a toujours été comme ça à gauche, me disent parfois de vieux Saint-Quentinois. Mais il n'y a pas de malédiction en politique.

L'aristocratie polonaise d'autrefois, incapable de s'unir, allait chercher un roi rassembleur dans un autre pays. La tentation des socialistes saint-quentinois a toujours été celle-là : aller chercher ailleurs ce qu'on ne trouve pas chez soi. Je trouve ça malheureux, j'ai souvent critiqué cette faiblesse, mais je me dis aujourd'hui que c'est peut-être la seule façon de s'en sortir et d'espérer demain gagner. Quant à mon sort personnel, j'ai toujours pensé qu'on était peu de choses en politique, que les événements étaient supérieurs aux hommes. En la circonstance, je ne crois guère en l'intelligence ni même en la volonté. Mais je suis persuadé de ceci : il n'y a que la foi qui sauve.

En attendant, je vous laisse, je poursuis le dépouillement de mes archives.


Bon après-midi.