L'Aisne avec DSK

01 avril 2010

SFIO ou PSU.

Bonsoir à toutes et à tous.


Le 3 avril, il y aura 50 ans que naissait le PSU. De l'histoire ancienne ? Non, une expérience encore parlante aujourd'hui. A vrai dire, le PSU, sa pensée, sa culture, sont encore vivants. Au fait, c'était quoi, le PSU ? En 1960, un parti qui se réclamait du socialisme mais qui ne se reconnaissait pas dans la SFIO d'alors, qui voulait donc RÉNOVER. Ça ne vous rappelle rien ? A l'époque, les meilleurs, Mendès par exemple, adhéraient au tout nouveau PSU, promis à un bel avenir. Mitterrand voulait lui aussi mais a été refusé : trop représentatif de la vieille gauche honnie !

Pendant toutes les années 60, le PSU va produire ce qui était neuf, frais, moderne dans la gauche française, anticipant et prolongeant Mai 68, se posant en alternative à la SFIO. Ainsi, le PSU va privilégier le débat d'idées là où la SFIO ne se préoccupe que de la conquête du pouvoir. A la phraséologie radicale de Guy Mollet contredite par sa gouvernance opportuniste, Michel Rocard, une des figures du PSU, va défendre l'utopie réaliste, le parler vrai, bref une nouvelle culture politique qui ajustait le discours et la pratique.

Le PSU aurait pu, aurait dû supplanter la SFIO et dominer la gauche. Pourquoi finalement, au cours des années 70, s'est-il marginalisé, jusqu'à disparaître dans les années 80 ? Parce que la SFIO, l'adversaire, s'est effacée d'elle-même au profit du Parti socialiste d'Epinay créé par François Mitterrand, qui a occupé la place, lancé l'Union de la Gauche avec le PCF et le Programme commun (à quoi le PSU n'adhérait pas). Alors, ce courant novateur, moderniste, n'avait d'autre choix que de rejoindre le nouveau PS, en 1974, lors des Assises du Socialisme.

L'alliance avec un Parti communiste encore largement stalinien, la signature d'un Programme commun largement irréalisable, tout cela aura certes permis de conquérir le pouvoir en 1981, mais au prix de terribles déceptions, fruit d'ambiguïtés fondamentales encore entretenues aujourd'hui. Car le PS d'Epinay, c'est par bien des côtés la SFIO maintenue, avec sa culture d'appareil, à la fois protestataire et opportuniste, nourrie par les prétentions intellectuelles du CERES de Chevènement, dont les dérives idéologiques se sont manifestées très tôt, dès les débuts des années 60, et se sont par la suite confirmées.

Pour la petite histoire, parmi les multiples tendances du PSU, deux ont tenté un moment de se rapprocher, les poperénistes venus du PCF et un groupe lambertiste (l'épisode est minime mais révélateur, il est à ma connaissance véridique, mais n'étant pas un spécialiste du PSU ni témoin direct de cette période, je suis preneur de tout confirmation ... ou infirmation). En tout cas, un demi-siècle plus tard, il y a des convergences, des complicités, des proximités idéologiques qui nous font comprendre bien des choses de la micro-histoire, même si elles nous apparaissent au départ surprenantes et incompréhensibles.

Je ne sais pas ce qu'aurait été l'histoire de la gauche si le PSU l'avait emporté au début des années 70. Mais son destin, à coup sûr, aurait été différent et, à mes yeux, meilleur. Sa revanche, c'est d'avoir sans cesse alimenté la gauche de ses idées, en commençant par l'autogestion, c'est d'avoir eu au bout du compte raison dans ses analyses et ses prévisions. C'est cela qui doit continuer à nous inspirer et que nous fêterons à Paris les 10 et 11 avril prochains. Car aujourd'hui comme hier, de la simple section jusqu'à la direction nationale, c'est pour le Parti socialiste la même question qui éternellement se pose : SFIO ou PSU ?


Bonne soirée.

2 Comments:

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    et JULES CESAR il était SFIO ; ou PSU , quel courant continu ou alternatif ...

    *

    POILLADE et REPOILLADE ..

    *

    By Anonymous Anonyme, at 10:28 PM  

  • Je pense que le commentaire d"anonyme" ne mérite pas trop de réflexions. Sans doute cette personne estime que le monde n'existe qu'à partir d'elle, et que ce qui la précède est digne d'être conchié.

    Mais, camarade, je voudrais pointer une source d'ambiguïté lorsque tu parle de "tendance lambertiste" au PSU. Il ne faudrait pas confondre le militant paysan Bernard Lambert, du PSU, avec Pierre Boussel, dit Pierre Lambert, petit chef d'une fraction trotskyste.
    Cette précision est apportée par un indécrottable PSU, dont j'ai fait partie jusqu'à 1967, il y a déjà, ... trop de temps.
    Amicalement

    By Blogger Unknown, at 9:12 PM  

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