Tous strauss-kahniens ?

Bonjour à toutes et à tous.


Les socialistes sont-ils tous en train de devenir strauss-kahniens ? Bien sûr que non, mais je sens tout de même le mouvement qui monte, la tendance qui s'amorce. C'est encore très timide, mais quelques signes ne trompent pas : des camarades, jusque-là indifférents à DSK, me parlent de lui avec bienveillance. Non pas qu'ils soient devenus sociaux-démocrates, mais c'est le même phénomène qu'avec Ségolène en 2006-2007 : on ne voit que lui pour battre Sarkozy, me disent-ils. Les sondages et l'influence des médias sont passés par là.

Je pourrais me réjouir de cette situation, de cette évolution nouvelle de mon parti, qui est cependant loin d'être arrivée à son terme, je pourrais revendiquer l'honneur d'avoir été le premier avec "L'Aisne avec DSK". Ce n'est pas le cas. D'abord parce qu'un militant socialiste doit se définir par rapport à des convictions, pas par rapport à une personne.

Ensuite parce que je sens trop que cette légère mais perceptible strauss-kahnisation du parti est seulement due aux circonstances : si demain Aubry était en nette situation de l'emporter, la tendance irait vers elle et délaisserait Strauss. C'est humain, me direz-vous, c'est peut-être même finement politique, mais personnellement ça ne me plaît pas.

Le plus drôle dans cette situation inédite (je suis persuadé que la politique est une source de comique involontaire), c'est que certains "amis" de DSK sont au contraire parmi les moins chauds pour qu'il se présente ! Je pense surtout à Michel Rocard, dans Le Nouvel Observateur de cette semaine. Il rappelle, contre un récent article de Jacques Julliard, que la social-démocratie reste pour lui une référence mais devient prudent quand il s'agit de la candidature présidentielle de DSK :

"Le rôle d'un social-démocrate compétent et authentiquement régulateur est plus important à la tête du FMI que dans un pays de deuxième ordre, sur ces sujets, comme la France (...) Je crois plus important de voir Strauss-Kahn gagner la bataille mal partie au FMI que de revenir en France."

Jacques Julliard, dans le même magazine, traite du sujet sous forme de boutade un peu sinistre :

"La France n'est pas totalement à l'abri d'une mésaventure à la grecque, et DSK pourrait même finir par présider aux destinées de la France sans avoir à passer par l'élection présidentielle : comme président du FMI !"

Quoi qu'il en soit, il est incontestable que Strauss incarne aujourd'hui l'espoir (mais demain, nul ne sait). En politique, au bout de l'espoir il y a le pouvoir. Et ça ne laisse jamais personne indifférent. "Le PS avec DSK" ? Ce sera peut-être, bientôt, le nouveau nom de ce blog ...


Bonne journée.