L'Aisne avec DSK

01 juin 2010

Dix minutes.

Bonjour à toutes et à tous.


Ça ne m'était jamais arrivé en douze ans. Certes, j'ai déjà manqué des séances du conseil municipal, parce que j'avais autre chose à faire au même moment. Mais lâcher au bout de dix minutes, non ça jamais. J'ai tout simplement éteint l'ordinateur devant lequel je suivais les débats (si on peut appeler ça des débats).

Qu'est-ce qui m'a pris ? Je ne sais pas très bien. D'habitude, je suis jusqu'au bout sans problème. J'ai tout de même deux circonstances atténuantes : j'ai pris en cours de route, après une demi-heure, et j'avais du boulot associatif et scolaire en retard. Mais je me rends bien compte que ce ne sont pas des raisons suffisantes. En même temps, je m'interroge : est-ce pour moi le commencement de la sagesse ou le début de la décadence ?

Je vous en dis quand même un peu plus : j'ai arrêté brutalement parce que j'en avais marre. De quoi ? De voir ces mêmes visages depuis douze ans, ces conseillers municipaux de la majorité qui lisent mécaniquement leur texte en trébuchant parfois sur les mots, ces conseillers municipaux de l'opposition dont les interventions sont attendues et sans effet. Et moi par dessus le marché un peu stupidement devant mon écran ! J'ai eu une sorte de révélation, celle de l'absurdité de la situation. Mais pourquoi maintenant ?

Un coup de fil dans l'après-midi m'y a sans doute préparé. C'était Ian Hamel, l'auteur de "Xavier Bertrand, les coulisses d'une ambition", qui venait aux nouvelles, après un passage à Saint-Quentin il y a quelques jours, où je n'ai pu le rencontrer. Pour lui, aucun doute, Pierre André va laisser la place à Xavier Bertrand, c'est une question de mois (le sénateur-maire, lors de sa récente conférence de presse, a annoncé qu'il ferait le point et prendrait sa décision après les vacances d'été). C'est ça aussi, dont je ne sais si c'est faux ou vrai, qui m'a légèrement abattu.

Xavier Bertrand maire de Saint-Quentin, c'est la pire perspective pour la gauche en général et pour moi en particulier. Pierre André, on peut discuter et faire des choses avec (hors politique bien sûr). Avec Bertrand, ce sera terminé. La Municipalité deviendra fortement politisée, une nouvelle génération accédera aux postes de commande, un chapitre inédit de l'histoire locale s'ouvrira, qui fera vite regretter le précédent, même quand on est de gauche, surtout quand on est de gauche.

Les conséquences sur l'opposition seront tout aussi néfastes : ayant adopté une ligne radicale de par ses alliances avec l'extrême gauche, elle ne pourra que se radicaliser encore plus quand elle devra affronter le chef de l'UMP devenu maire de Saint-Quentin. Du coup, la marge de manoeuvre des réformistes et des modérés, dont je suis, se trouvera réduite. Divisés, dispersés et minoritaires, que pourront-ils faire ?

Vous comprenez maintenant mieux pourquoi, hier soir, je ne suis resté que dix minutes à regarder et écouter le conseil municipal. S'il y a un Dieu de la Politique, je prie pour qu'il maintienne l'actuel maire à son poste jusqu'en 2 014. Après, c'est le peuple qui tranchera. Et puis, ne vous inquiétez pas : je vais quand même acheter la presse d'aujourd'hui et de demain pour savoir ce qui s'est passé hier au conseil municipal !


Bonne journée.

4 Comments:

  • Et le pire,
    c'est que cela vous arrivera de plus en plus.

    Vous etes passé de l'autre coté de la montagne,
    celui du déclin.
    Et ce déclin ira en s'accélérant chaque jour un peu plus.

    Là où vous avez craqué,
    c'est le jour où vous avez décidé de ne plus y aller,
    depuis ce moment,
    c'est fini.

    By Blogger grandourscharmant, at 3:13 PM  

  • rassure-toi, l'absurde ne mène pas forcément au renoncement

    By Anonymous Anonyme, at 6:37 PM  

  • s'il est besoin de te requinquer, d'après un sondage, DSK arriverait devant sarko au 1er tour; ça vaut ce que ça vaut, mais on peut réver.

    By Anonymous Anonyme, at 6:46 PM  

  • "...De voir ces mêmes visages depuis douze ans..."
    Hélas. Majorité, Opposition... Seulement douze années, je pensais une éternité.
    Peut-être est-ce là le véritable malaise saint-quentinois ?
    Cordialement.

    By Anonymous Louis Engival., at 5:35 PM  

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