La conquête du balcon.

A quoi tient la politique ? Souvent à peu de choses ... Les grands discours bien sûr ont leur importance, mais les menus détails ne sont pas non plus négligeables. Surtout quand ils ont une portée symbolique. Et les symboles, ça compte beaucoup en politique ...

Prenez le conseil municipal extraordinaire d'hier à Saint-Quentin, qui a vu l'élection au poste de maire de Xavier Bertrand. L'Aisne Nouvelle s'est intéressée aux coulisses. Et c'est très intéressant. Le résultat était connu d'avance, mais il ne faut jamais s'avouer vaincu. On peut perdre aussi dans l'honneur, drapeau à la main.

Pour cela, il y avait hier après-midi, dans l'Hôtel de Ville, un point stratégique à occuper, hautement symbolique : le balcon qui surplombe la salle municipale. Les habitués savent qu'on ne peut pas y résider à plus d'une quinzaine et les malins qu'il faut arriver assez tôt pour s'en emparer. Ce jour-là, ce balcon, c'était un peu notre Bastille ou notre Palais d'Hiver.

En effet, c'est le balcon qui donne le ton, qui crée l'ambiance, très librement, les élus étant soumis à la réserve et à la discipline. Le balcon, c'est le surgissement du peuple devant la représentation municipale ! Une heure avant, les militants UMP étaient là, bien décidés à marquer leur territoire, à montrer que la maison leur appartient. Et ils ont à peu près réussi leur coup ! Seule une militante socialiste, qui en a vu d'autres et comprend le système, s'était hissée dans la place.

Pendant ce temps-là, nos camarades communistes manifestaient à l'extérieur. "Ils étaient à peine cinq", écrit L'Aisne Nouvelle. Si c'est vrai, c'est préoccupant. Mais c'est à l'intérieur qu'il fallait être, et au balcon ! J'espère que sa conquête par la droite et l'héroïque résistance de notre valeureuse militante ne sont pas une triste métaphore de notre avenir. Car pour s'emparer de la mairie, il faut déjà être capable de conquérir son balcon.


Bon après-midi.