L'Aisne avec DSK

20 décembre 2010

Vive la neige !



Bonjour à toutes et à tous.


Il neige donc encore, et toute la journée d'hier sur Saint-Quentin (en vignette, de ma fenêtre). Et tout le monde bien sûr proteste : la neige embête, fait trébucher, paralyse nos voitures, encombre nos trottoirs, fait entrer partout le froid. Le gouvernement a pris la mesure de l'angoisse blanche : il a fait appel à l'armée, a requis les blindés ! Autrefois, le danger c'était le communisme bolchévique ; aujourd'hui, c'est la Sibérie qui s'abat sur notre pays. Les blindés, c'est l'arme suprême avant la bombe atomique, qui sera peut-être un jour chargée de pulvériser en hauteur les flocons.

Mais la faute à qui ? La neige est innocente dans cette affaire ... , blanche comme neige. Les coupables, c'est nous : nous tenons tellement à notre bagnole que nous refusons de l'immobiliser quelques jours ou quelques heures, nous voulons continuer nos petites affaires et gagner des sous malgré les intempéries, nous n'acceptons pas de sacrifier notre confort et notre sécurité, nous détestons attendre, prendre notre mal en patience, nous ne savons plus nous débrouiller par nous-mêmes, nous demandons tout à la société, nous avons livré nos routes aux camions ... La neige n'y est pour rien. Elle n'est qu'un déclencheur, un révélateur de nos tares et insuffisances. Les plus bourgeois d'entre nous ne peuvent plus voir la neige en peinture mais seulement sur les pistes de ski, pendant les vacances d'hiver (et le comble de l'absurdité contemporaine, c'est quand la neige nous empêche d'aller à la neige !).

Pourtant, cette neige, nous devrions l'aimer, nous enthousiasmer quand elle apparaît, comme savent si bien le faire les enfants, qui sont heureux, joyeux à son arrivée. C'est beau, c'est pur la neige : un miracle, un émerveillement. Un Noël sans neige (ce qui est trop souvent le cas), c'est triste. Marcher dans la neige qui craque sous nos pas, c'est un ravissement. Et les batailles de boules de neige qui nous amusent tant, et les bonshommes de neige avec leur nez en carotte et leurs yeux en boulets de charbon ! Vive la neige !

Et puis, la neige est citoyenne. Mais oui ! Dans le bas de la rue Jean Jaurès où j'habite, un très vertueux concours entre voisins s'est spontanément pratiqué durant le week-end. Face à moi, Jean-Claude Grand, président de l'association Traversée qui remplit régulièrement l'auditorium de l'École Nationale de Musique ; sur ma gauche Bernard Delaire, co-fondateur de l'association Quintinus, ami personnel de Xavier Bertrand : je n'ai qu'à bien me tenir. De nous trois, c'est à celui qui aura le plus beau trottoir le plus rapidement. Les armes de ce paradoxal duel à trois : la pelle, le sel, la raclette, la binette, le balai et la ferme volonté, la vigilante attention. La lutte est sans merci parce que notre honneur est en jeu. Imaginez toute la ville se comportant ainsi ! Vivement qu'il neige encore très longtemps pour que le combat continue et que notre vertu soit mise à l'épreuve ...


Bonne et neigeuse journée.