L'Aisne avec DSK

12 décembre 2010

Le PCF, quelle histoire !


Bonjour à toutes et à tous.


La salle de Verdun, à Saint-Quentin, a un côté années 60-70, un peu vieilli mais toujours là. C'était aussi hier soir son ambiance, une réunion publique comme on n'en fait plus, une fête pour célébrer les 90 ans du PCF. D'emblée, ce qui frappe, ce sont les faucilles et marteaux, en gros, en rouge, sur le devant : ici, on n'a pas peur ni honte de se proclamer communiste. C'est même une fierté. Plus que ça : une façon d'être, une raison de vivre.

Je vais vous dire : depuis quinze ans que je suis au PS, j'en ai vu pas mal, mais jamais un seul camarade pleurer à l'évocation de son Parti, de son histoire, de ses grands hommes et de ses valeurs. Mais hier soir, salle de Verdun, avec les communistes, oui. Et c'est beau, c'est émouvant de se trouver là parmi eux, de voir Jean-Luc Tournay et Georges Varennes, qui ne sont pas des coeurs d'artichaut, retenir leurs larmes, trembler dans la voix quand les anciens, vivants ou disparus, sont cités et honorés.

Et puis, le moment le plus fort, c'est bien sûr quand la salle, pas toujours attentive pendant les discours, se lève, se fige, se concentre pour chanter l'Internationale, poings brandis ou main dans la main levés, signifiant à la fois la révolte et la solidarité. On a beau être comme moi social-démocrate incurable, on a presque envie à cet instant précis, dans cette atmosphère-là, de devenir communiste. Heureusement, je me reprends vite ...

J'ai beaucoup à reprocher aux communistes saint-quentinois, mais chez eux pas de chiqué, de toc, de frime. Ce sont des durs, au bon sens du terme : leur ligne est claire, franche, désintéressée, même si évidemment je la conteste. Qu'est-ce qu'il y a de pire en politique ? L'opportunisme, l'électoralisme, la quête des places, des honneurs, des indemnités. Quoi de plus méprisable que celles et ceux qui changent d'opinion et parfois de parti au gré de leurs intérêts personnels ? Si j'aime (oui j'ose ce mot) Jean-Luc, Corinne et leurs camarades, c'est qu'ils sont totalement étrangers à ça. Mais après, tout nous sépare ...

Le discours de Jean-Luc a été, au sens précis du terme, fabuleux : entendre prononcer les noms de Cachin, Duclos, Thorez a quelque chose de magique. Vous vous souvenez de "Ma France" chantée par Ferrat ? Eh bien c'est un peu ça. On se sent quasiment en dehors du temps à force de voyager dans l'Histoire. Les communistes ont ceci que les socialistes, trop préoccupés par le pouvoir (mais il le faut aussi), n'ont pas : une mémoire.

L'exposition des photos de la section est impressionnante : le car pour Moscou dans les années 50, Jean-Luc Tournay gamin puis fringant séducteur de 24 ans, les luttes sociales permanentes, la rue jamais abandonnée ... Je vais écrire quelque chose de terrible, auquel je ne veux pourtant pas croire : le pouvoir oblige quelque part à se renier. Les communistes saint-quentinois, pour le meilleur et pour le pire, sont restés fidèles à eux-mêmes, dans leurs convictions et leurs amitiés. Même leur sens de la famille, qui n'est pas trop mon truc, force au respect : il exprime la solidarité, la transmission des valeurs, ce n'est pas une vulgaire retape pour gonfler les effectifs d'une section.

J'ai écouté attentivement le vétéran Roger Marié, j'ai observé la relève (pas mal de jeunes dans la salle), j'ai discuté avec un coco sympa venu exprès de Seine-et-Marne, appartenant à la sensibilité de Corinne et Jean-Luc, qu'on peut appeler communistes orthodoxes si l'on veut. J'ai compris que leur préoccupation, c'était l'identité du PCF, leur refus de le voir se diluer dans un Front de Gauche qui sacrifie, à leurs yeux, les fondamentaux.

Pour eux, Mélenchon n'est qu'un social-démocrate de plus, un politicien habile, un révolutionnaire déguisé. Savez-vous pourquoi les communistes saint-quentinois m'aiment bien alors que je suis si loin, si différent de ce qu'ils sont ? Parce qu'ils savent que je ne triche pas, que je ne joue pas à ce que je ne suis pas, que je suis comme eux constant et clair dans ma ligne politique.

Du discours de Jean-Luc, nous n'avons pas su quels seraient leurs candidats aux élections cantonales. Trop tôt. Ce sera en janvier. Comme si l'essentiel n'était pas là, comme si leur ambition était bien supérieure au simple sort d'un conseiller général. Mais quoi ? La révolution, l'émancipation ? "C'est la lutte finale, groupons-nous et demain, l'Internationale sera le genre humain". Je crois que c'est ce refrain qui explique tout, qui a le dernier mot.


Bonne journée, camarades.

3 Comments:

  • Je crois que c'est ce refrain qui explique tout, qui a le dernier mot.

    qui explique quoi ???

    Et si c'est si prometeur pourquoi il n'y a plus que CASTRO comme communiste ??

    Nous sommes dubitatifs ???

    By Anonymous Anonyme, at 8:19 PM  

  • Qui explique que les communistes sont encore là, gardent toute leur énergie, militent envers et contre tout.

    Vous êtes dubitatifs ? Moi aussi puisque je suis strauss-kahnien et pas communiste révolutionnaire. Ca ne m'empêche pas de les saluer, de reconnaître leur mérite, même si je n'adhère pas à leur idéologie.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:37 PM  

  • Mais l'effondrement du communisme n' enlève rien à la valeur de certains militants ou élus ... Daniel LE MEUR fut sans doute une des figures les plus traditionnelles et les plus éclatantes ... Mais il y eu de trop nombreux égarés comme le couple MONTAND et bien d'autres hélas ... L’histoire des pays communistes n’ est pas dans les faits , l’ histoire de la liberté et de la démocratie ….

    By Anonymous Anonyme, at 9:33 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home