L'Aisne avec DSK

19 janvier 2011

60 ans d'échecs.

Bonjour à toutes et à tous.


J'ai connu une époque (les années 70) où l'on me répondait, quand je demandais à quelqu'un ayant des convictions d'extrême droite ou d'extrême gauche pourquoi il ne votait pas pour ces formations : parce que c'est inutile, parce que ça ne sert à rien. Il est vrai que la politique n'a de sens que pour autant qu'on occupe le pouvoir. Sinon, c'est de la simple opposition, du pur témoignage.

A propos de l'extrême droite, dont on parle beaucoup ces derniers temps, c'est flagrant : Le Pen a passé son temps à échouer, à tel point que c'en est spectaculaire, qu'on se demande bien pourquoi certains continuent à voter pour un homme ou un parti qui, outre leur malfaisance, ne servent strictement à rien. Retour sur 60 ans d'échecs :

Années 50 : Le Pen est un jeune député du mouvement Poujade. Cette vague protestataire ne débouchera sur rien. Pas plus que sa défense de l'Algérie française. C'est le gaullisme qui triomphera à la fin de la décennie.

Années 60 : à la tête des comités Tixier-Vignancourt, Le Pen ne parvient pas à faire fructifier le score de la présidentielle de 1965. Ce n'est pas l'extrême droite mais l'extrême gauche qui est au rendez-vous de l'Histoire, en Mai 1968.

Années 70 : Le Pen comprend qu'il vaut mieux en politique se mettre à son compte en créant le Front National. Sauf qu'il se ramasse à la présidentielle de 1974 (0,7%) et ne parvient même pas à se présenter à celle de 1981.

Années 80 : c'est la percée électorale du FN, de Dreux à la présidentielle de 1988. Mais ce ne sont, paradoxalement, que des échecs victorieux, une notoriété dans la marginalité, qui ne débouchent sur aucune prise ou exercice du pouvoir.

Années 90 : Le Pen continue sur sa lancée, accumule les scandales, ne gère rien, ne trouve aucun allié, fait de gros scores mais ne gagne jamais. Les plus lucides, les plus soucieux de pouvoir le quittent à la fin de la décennie, Mégret en tête, qui ne réussit pas mieux à crédibiliser l'extrême droite.

Années 2000 : la présence au second tour de la présidentielle de 2002 aurait dû faire du FN un parti d'alternance, de gouvernement. Il n'en a rien été (heureusement !). Le Pen ne sait faire que de la politique, diriger un parti mais pas un pays. Au bout de 60 ans d'échecs, il est significatif qu'il passe le relais à sa fille, comme s'il espérait qu'elle réussisse là où il a constamment raté.

On ne peut même pas dire que la réussite de Le Pen est d'avoir influencé la vie publique. Il n'a cessé de faire l'unanimité contre lui, d'être instrumentalisé par la gauche ou la droite, de faire figure de repoussoir. Ces thèmes de prédilection, quand ils ont parfois surgi dans le débat politique, auraient de toute façon été exploités sans lui et ne lui doivent pas grand-chose. Le Pen n'a réussi à se faire élire qu'en tête de liste, automatiquement, mais jamais sur son nom en propre. Il n'a même pas assumé le mandat de conseiller municipal. Le Pen, c'est le fantôme de Montretout et le fantasme d'un nombre anormalement élevé de votes inutiles.


Bonne journée.

8 Comments:

  • Bon je me dévoue je vais m'immoler sur la place de st quentin pour protester contre la montée du FN Marine présidente jamais§
    Manu quelqu'un se fait passer pour moi sur le site de quintinus et dit des choses pas gentilles au sujet de DSK, tu vois qui je veux dire!

    By Anonymous Faty, at 6:06 PM  

  • il a réussi quand même à toujours faire progresser sa popularité et à encrer ses idées dans notre société.
    Il a réussi à toucher une partie d'un électorat populaire normalement acquis à la gauche.
    Son triomphe restera d'avoir réussi à éjecter le ps du second tour des présidentiels, ce n'est pas rien.
    Le FN est bien établie dans le paysage politique, je trouve que pour un looser c'est quand même un beau parcours.
    N'oubliez pas que pour lui la réussite doit être avant tout médiatique, il préfére être un agitateur qu'un sénateur.
    son égo se satisfait de sa popularité et moins des résultats d une élection.

    By Anonymous Anonyme, at 6:29 PM  

  • Faty,

    Laisse pisser le mérinos, tout ça n'a aucune importance.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:00 PM  

  • Malgré leurs échecs en valeur absolue, les extrêmes ont quand même une grande influence.(Le Pen a souvent enquiquiné la droite!)Quant à l'extrême gauche, par les parts de suffrages qu'elle récolte, elle affaiblit la gauche réformiste et a largement contribué à l'évincer en 2002 au seul profit de la droite et s'apprête à récidiver en 2012!

    By Anonymous Lormont, at 10:11 AM  

  • " Quant à l'extrême gauche, par les parts de suffrages qu'elle récolte, elle affaiblit la gauche réformiste et a largement contribué à l'évincer en 2002 au seul profit de la droite et s'apprête à récidiver en 2012 "

    Et c'est tant mieux! Mieux vaut une droite bien dure (car au moins avec elle, on sait à qui on a affaire, on sait qu'on devra se battre contre elle) plutôt qu'une gauche molle, autoproclamée, qui une fois élue fait une politique de droite et fait le terreau de l'ascension des le pen et d'autres putréfiés d'extrême-droite.

    Le clivage aujourd'hui n'est plus l'opposition droite-gauche, mais l'opposition capitaliste-anticapitaliste.

    By Anonymous Anonyme, at 1:48 PM  

  • La politique du pire est la pire des politiques.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:50 PM  

  • Tu n'as pas totalement tort mais je pense que tu sous-estimes son arrivée au second tour. Je te rappelle qu'on est dans la Vème République et qu'elle tend à être bipartiste, à partir de là, amener un Parti d'extrême-droite au second tour est quand même assez extraordinaire.

    Qu'il soit haï, c'est un peu le lot de toute l'extrême-droite, et encore plus en France à cause de son gauchisme latent. Il a quand même su fédérer pas mal de mouvances d'extrême-droite au sein du FN et les garder unies très longtemps. Le départ de Mégret est un moindre mal et, aujourd'hui, il rentre dans le rang.

    Par contre, sur la critique qu'il ne puisse pas diriger un pays, je pense que tu as raison et ils l'ont compris, c'est pourquoi Marine parle beaucoup plus des questions économiques et sociales sans se borner aux seules questions d'immigration. Elle se constitue un vrai programme de présidentiable et non de simple opposant. C'est peut-être ce qui va rebuter les purs frontistes mais ils vont gagner en crédibilité je pense. On verra.

    Que se serait-il passé s'il y avait un peu plus de proportionnelles ? L'extrême-droite serait normalement beaucoup plus présente à l'Assemblée et son influence aurait été bien plus grande.

    Il ne faut pas oublier ça, la Vème République ne laisse de place qu'à deux Partis, le reste se bat pour les miettes.

    By Anonymous Anonyme, at 12:24 PM  

  • J'admets avoir exagérément forcé sur le côté échec. Sans doute pour exorciser en quelque sorte le mal ...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:40 PM  

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