L'Aisne avec DSK

16 janvier 2011

Le candidat s'appelle ...

Bonjour à toutes et à tous.


Surprenant article dans L'Aisne Nouvelle de ce week-end. On pourrait presque croire à une blague, mais nous ne sommes pas le 1er avril. C'est du sérieux, puisque le journal l'annonce en toute première page : "Cantonales : "Coluche" s'invite à Saint-Quentin". A l'intérieur, un long article d'Aurélien Walti, avec une grande photo, prévient qu'un "candidat mystère", "imprévu et incongru", va bientôt se dévoiler sur le canton-nord de Saint-Quentin, dans le style de Coluche en 1981.

Eh bé ! De qui peut-il bien s'agir ? Comme le célèbre comique, ce "canular" a un goût de sérieux, puisque l'individu se dit "déçu de la politique" et entend aborder "certains problèmes locaux et nationaux" en proposant un programme et en distribuant des tracts. Bref, du militantisme classique ! Est-ce parce que la campagne ne démarre pas du feu de Dieu que cette vocation simili-politique se fait jour ?

Je préviens tout de suite les mauvais esprits : ce n'est pas moi ! J'aurais certes voulu être candidat, j'ai un petit goût pour la provocation, j'ai à dénoncer et à proposer moi aussi, mais non, ce n'est pas mon genre. Si j'ai été sorti par la porte, ce n'est pas pour entrer par la fenêtre, et jamais de ma vie je ne me suis présenté en dehors de mon Parti. Quant à vouloir me venger, c'est une attitude assez fréquente en politique, mais si c'était chez moi le cas, je prendrais plutôt modèle sur Monte-Cristo que sur Michel Colucci. Et puis, il n'y a qu'un rôle que je sais jouer, qui me va comme un gant et dont je ne me lasse pas : moi.

Puisque j'ai au moins l'intime certitude que ce n'est pas moi, qui alors ? Avant de proposer quelques noms qui me sont venus à l'esprit, il faut repérer quelques indices dans le corps de l'article. D'abord, c'est un homme, même si la photo assombrie laisse deviner une femme (mais c'est normal : le "trublion local" s'amuse à brouiller les pistes). Car c'est toujours au masculin ("le candidat", "il") que le personnage s'exprime ou est décrit.

Ensuite, il est probablement issu du monde du spectacle (théâtre, divertissement). C'est un homme de scène, dans une activité publique. J'ai noté cette phrase : "Déguisement, travestissement et détournement d'identité sont à redouter". Durant sa campagne, il organisera non pas des réunions mais des "mini-spectacles". Cette expression m'a mis la puce à l'oreille : c'est quelqu'un qui a quelque chose à montrer.

Quel est son objectif ? "Faire parler de moi", "c'est un coup de pub". Voilà qui est clair. Le quidam a besoin de promotion, personnelle mais sans doute aussi professionnelle, dans un métier où il aurait besoin de se faire connaître. C'est d'ailleurs pourquoi il déclare dès maintenant ne pas vouloir aller jusqu'au bout (ce qui n'était pas le cas de Coluche en 1981, qui avait tout fait, même une grève de la faim, pour se maintenir en lice).

Enfin, je ne pense pas que ce candidat "coluchisé" soit un anonyme mais plutôt une personne qui fait déjà un peu parler d'elle dans la presse et la vie locale. Pour se lancer ainsi, il faut avoir le pied à l'étrier. Il y a aussi cette phrase assez révélatrice : "On m'a dit que ce n'était pas une bonne idée, qu'il fallait mieux que je reste discret à l'occasion de ces élections. Une raison de plus que je ne ferme pas ma gueule !" C'est donc quelqu'un qui évolue dans un milieu au fait de la chose politique mais qui n'hésite pas à braver les conseils d'amis. S'il doit rester "discret", c'est qu'il n'est pas complètement inconnu sur la scène locale.

A partir de là, je vois deux profils se dessiner, mais qui ne correspondent pas exactement aux critères que je viens d'énoncer : un candidat de type anar, provoc, genre ultra gauche surréaliste, qui veut mettre le brin (Coluche, c'était un peu ça) ; mais je ne vois personne à Saint-Quentin qui réponde à ce personnage (à Laon, nous aurions Lestrat, qui s'en rapproche un peu).

Ou bien, au contraire, un sous-marin de la droite pour emmerder Lavrilleux, l'ultime Joker de XB contre celui-ci, qui vaut bien le Joker de Batman. Car pourquoi notre "candidat mystère" choisit-il le canton-nord et pas le canton-centre ? Pourquoi cette précision de se "rendre dans les mairies du canton" ? Ce n'est ni banal, ni innocent. En politique, il faut se demander qui est gêné pour savoir à qui on a affaire. En même temps, la droite locale n'a pas intérêt à torpiller son propre candidat, même en lui plantant une fléchette dans le pied.

Avec toutes ces supputations et incertitudes, peut-on se risquer à quelques noms ? Qui ne risque rien n'a rien, surtout en politique. Risquons. Jean Tribouilloy serait un bon client. Il est le fondateur à Saint-Quentin de la rigolothérapie : faire "marrer les gens", c'est son truc. Quant au déguisement, c'est aussi sa marotte : ne l'a-t-on pas vu un jour venir à son QG des Champs-Elysées en vêtements de femme ? "Le candidat est une candidate", c'était aussi dans un sketch de Coluche. Oui, je vois bien Tribouilloy nous offrir une séance de rigolothérapie à l'échelle d'un canton.

Mais pourquoi pas le conteur picard Jean-Pierre Semblat, chroniqueur dans L'Aisne Nouvelle, qui ferait un excellent Coluche barbu et vieilli ? Lui aussi se déguise, mais en habits traditionnels, lui aussi se montre en spectacle. Sa voix tonitruante serait du plus bel effet. Et il a pour lui de s'être déjà présenté, mais oui, aux élections cantonales, dans un registre plus classique. A moins que ce ne soit un autre humoriste de la même veine picardisante, Jean-Louis Tétart, bien introduit dans le milieu associatif saint-quentinois, figure de la Foire au Boudin, actif dans le quartier Saint-Jean dont une partie est rattachée au canton-nord, ceci expliquant cela ?

Je pense également à Jean-Pierre Leblanc, à la tête de la troupe de théâtre "Le Manteau d'Arlequin", qui sillonne les villages avec ses comédiens. Mais je ne le vois pas trop non plus délivrer un message politique, y compris sous l'angle humoristique. Daniel Wargnier, qui a toujours le mot pour rire, connu comme le loup blanc et précédemment candidat, a du Coluche en lui, mais à la différence de Leblanc, il est trop politique (représentant de Génération Ecologie) pour monter un tel canular. S'il est éventuellement drôle, c'est plutôt involontairement.

Jean-Paul Lesot pourrait coller à la demande. Il est facétieux et rêve peut-être d'autre chose que de Monsieur Micro. Sa popularité peut l'inspirer. De là à faire le pas, la marge est grande, très grande. Autre hypothèse, la plus surprenante, mais au point où nous en sommes : Sébastien Cauet, ancien élève à Henri-Martin, un "Coluche" d'aujourd'hui en matière d'animation télévisée, mais il n'a pas besoin du canton-nord pour se faire connaître ...

>Bon dimanche,
cherchez bien
vous aussi.

4 Comments:

  • Cette candidature comporte un risque énorme dont seuls quelques initiés peuvent en mesurer les conséquences à terme .... Même nationale .. Tout cela est loin d'être innocent ...

    By Anonymous Anonyme, at 7:03 PM  

  • Vous exagérez.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:23 PM  

  • Qui vivra verra,ou vous en savez plus et ça vous amuse .. ou vous ne mesurez pas vraiment les effets des tsunamis politiques , cad d'événements incontrôlables et désordonnés !!!

    By Anonymous Anonyme, at 7:50 PM  

  • Je ne sais rien mais il est vrai que je m'amuse beaucoup. Cette candidature est d'ailleurs faite pour ça.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:15 PM  

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