L'Aisne avec DSK

09 janvier 2011

L'Aisne, malheureuse et meurtrie.

Bonjour à toutes et à tous.


Ce matin, à 07h30, la première nouvelle au journal de RTL c'était les inondations dans l'Aisne, avec l'interview de mon copain Jean-Marie Serain, maire d'Origny-Sainte Benoîte, particulièrement touchée. Je le rencontre souvent dans mes activités associatives, où il vient en tant que correspondant de L'Union. Un sacré gaillard ! Ça fait tout drôle d'entendre sa voix, un dimanche matin, d'assez bonne heure, sur une chaîne nationale.

Tout a commencé vendredi après-midi, quand au lycée mon cours a été interrompu par une surveillante, demandant aux élèves du secteur Origny et Guise de rentrer chez eux. Et puis, mon amie Lise, via Facebook, m'a fait parvenir hier des photos de Guise sous les eaux. Impressionnant. Mais quelle misère pour notre département ! Après la neige qui a fortement désorganisé la vie économique, pénalisé les commerces, frappé durement les producteurs de lait, c'est l'eau qui s'en mêle et qui sévit, puis la boue qui envahit tout. Comme si la nature nous en voulait, s'acharnait sur notre territoire ! L'Aisne ne fait pas souvent parler d'elle, et quand c'est le cas, il est question de catastrophe, de malheur.

Je connais, je travaille et j'habite dans ce département depuis 17 ans. Auparavant, j'ai vécu 14 ans à Paris. Et je viens du Berry, au sud du Cher. L'Aisne, à travers laquelle je circule toute l'année, est une terre difficile, ingrate. La vie, l'Histoire, les circonstances n'ont pas été tendres avec elle. Souvent, elle arrive parmi les derniers dans toute sorte de classements. Il y a une inertie qui règne, un sentiment de fatalisme plus fort qu'ailleurs. La population, depuis trente ans, est cruellement touchée par la crise.

Parfois, je désespère moi aussi. C'est le hasard qui m'a conduit là, je suis libre, rien ne me retient, je pourrais partir comme je suis venu, un long épisode de plus dans ma vie, des bons et des mauvais souvenirs. Aller faire le beau à Paris ou dans une grande métropole, c'est plus simple quand on est prof de philo. Mais voyez-vous, je reste, je ne songe pas à quitter. Pourquoi ? Ici ou ailleurs, de toute façon, les êtres humains, les bonheurs et les problèmes sont à peu près les mêmes.

Surtout, et ma réponse va vous paraître bizarre, c'est le malheur qui me retient. Pas le mien, je n'en ai pas, je ne suis qu'un petit bourgeois (de situation, pas d'esprit), en bonne santé, qui n'a aucune raison de se plaindre. Mais le malheur de ce pays axonais, à travers ce que les médias nous en montrent ces dernières heures, à travers tout ce que cela révèle d'une situation économique, sociale et culturelle. Il y a dans ce département des défis à relever, tout un travail de redressement à faire, de conquête à entreprendre, de changement des mentalités à opérer, d'ambitions à insuffler qui donnent tout son sens à une présence, une action, un militantisme.

C'est pourquoi, chez nous, celles et ceux qui sont porteurs de projets, qui veulent que les choses changent, sont plébiscités par la population, quelles que soient leurs convictions. Les candidats qui s'apprêtent à faire campagne pour les cantonales devraient penser à ça. L'Aisne n'est pas une terre de confort et de rentes. Il faut y prouver ce qu'on a dans les tripes et de quoi on est capable. C'est sûrement plus difficile qu'ailleurs, mais c'est aussi plus utile et plus passionnant.


Bon dimanche,
courage à ceux d'Origny, Guise,
Hirson et autres.

3 Comments:

  • Vous oubliez de dire que ces territoires sinistrés sont à gauche localement depuis près de 30 ans.

    By Blogger Arthur Nouaillat, at 2:30 PM  

  • Pourquoi l'aurais-je précisé ? Ca n'a rien à voir avec la tombée de neige et la montée des eaux. Le malheur ne frappe pas les populations parce qu'elles votent à gauche ! A moins de croire en une malédiction divine, mais je n'en suis pas là. Quant au département dans sa totalité, il a eu pendant 50 ans un Conseil Général de droite, preuve d'un fort ancrage conservateur, essentiellement rural.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 4:19 PM  

  • Arthur confond la cause et la conséquence : c'est parce que la vie y est dure, que les habitants de l'Aisne votent à Gauche !
    La Droite (et même une partie de la Gauche) ne se soucie pas des terres rurales et peu peuplées : les services publics y sont peu "rentables"... et électoralement, les services rendus le sont tout aussi peu !

    By Anonymous Thierry, at 5:48 PM  

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