L'Aisne avec DSK

23 janvier 2011

Réflexes et réflexions réformistes.

Quand je participe à un événement, j'en reviens avec mon idée, mais j'attends toujours la lecture de la presse pour que mon avis soit complet, car un observateur extérieur, un professionnel non impliqué porte un regard souvent plus objectif. Dans l'enthousiasme d'un engagement, on perd un peu pied. Ce matin, en lisant le Courrier Picard et l'article de Nadia Nejda sur la manif d'hier après-midi devant l'Hôtel de Ville de Saint-Quentin, je constate que son ressenti est le mien : présence communiste, quasi absence des parents, faible mobilisation.

Attention : je ne blâme pas mes camarades du PCF ; il n'y a que ceux qui ne font rien qui sont critiquables et toute action, quand il s'agit d'une bonne cause, mérite d'être félicitée. Les communistes, de leur point de vue, ont eu raison de faire ce qu'ils ont fait. Le petit problème, qui n'est pas non plus un grand drame, c'est que je n'ai pas le même point de vue et que je ne suis pas le seul. Ce qui s'est passé hier illustre complètement le bien fondé de la ligne réformiste que je défends depuis trois ans et qui un jour rassemblera tous les socialistes et l'emportera à gauche :

1- Il ne faut pas mélanger politique et syndicalisme. Le mouvement en faveur de l'école publique et des classes à David-et-Maigret et Kergomard doit être mené par les parents et les enseignants, leurs associations et leurs syndicats. Les militants politiques doivent être bien sûr personnellement présents, visibles et actifs, mais en soutien seulement, pas en organisateurs ou en chefs de file.

2- De même, aucun électoralisme ne doit intervenir dans cette lutte. Aux cantonales, chacun votera selon ses convictions, en tirant les conséquences de ce qu'il voit. Mais il n'y a pas à donner des consignes de vote, même générales. Les citoyens sont assez grands pour juger eux-mêmes, d'autant qu'en leur prenant la main on risque plutôt un contre-effet. Les mouvements sociaux qui n'ont débouché politiquement sur rien, on connaît ...

3- Il faut parfaitement cibler les responsabilités et ne pas se tromper de symbole : la mairie de Saint-Quentin n'est pas fautive des fermetures de classes mais l'Etat et son actuel gouvernement. C'est pourquoi, à Laon, la manifestation s'est déroulée devant la préfecture et que nous avons été reçus par l'inspectrice d'académie, pas devant l'Hôtel de Ville et par le maire. A moins de croire que celui de Saint-Quentin ait le pouvoir de faire évoluer la situation, ce qui serait lui faire un grand honneur et lui accorder une grande importance, mais surtout focaliser sur une personne alors que c'est toute une politique qu'il faut contester et une riposte générale qu'il faut activer.

4- A défaut d'adopter une ligne réformiste, nous débouchons sur quoi ? La marginalisation et la radicalisation, qui ne profitent qu'à l'extrême gauche. Le Parti socialiste n'est pas dans cette culture ni dans cette stratégie-là. C'est un parti de gouvernement, de gestion locale, qui ne peut pas se permettre d'être à la traîne des organisations radicales. Vous imaginez Martine Aubry, Ségolène Royal ou DSK se reconnaître là-dedans ? C'est impensable !

5- Je remarque enfin que la radicalisation des uns est involontairement encouragée par l'intransigeance des autres. L'adjointe à l'enseignement et l'inspectrice de circonscription auraient dû ouvrir la réunion avec les parents à la presse. Non par principe (chacun invite après tout qui il veut quand il organise quelque chose) mais par habileté : nous vivons dans une société où tout se sait très vite. Une bonne communication consiste à tout dire afin de mieux cacher éventuellement ce qu'on veut taire (car il y aura toujours des secrets). Mais interdire l'accès d'une telle réunion aux journalistes, c'est de la dernière maladresse, puisque la presse locale saura tout mais en moins bien. Quant à convoquer les journalistes après un événement pour leur expliquer ce qu'ils doivent en penser et en écrire, c'est une réaction d'un autre âge, heureusement révolu.

6- Par principe cette fois, Olivier Tournay aurait dû avoir lui aussi accès à la salle et le droit de s'exprimer. Un élu municipal est chez lui, dans son rôle, quand une assemblée aborde une affaire qui a trait à la Ville. Et puis, Olivier est-il politiquement si redoutable qu'il faille le faire taire ? Allons, allons ... Quand on veut abattre un adversaire politique, on ne lui ferme pas la bouche, on le laisse au contraire parler. Le silence est protecteur. C'est dans la parole qu'on se dévoile et qu'on devient vulnérable (regardez comment Xavier Bertrand s'y prend quand ses élus d'opposition en Conseil municipal lui posent une question : il leur en pose une autre et les fait parler pour mieux les piéger. Ah la politique ...).


Bon après-midi.

2 Comments:

  • Mélenchon a encore fait parler de lui, ces derniers jours. Le voilà à défendre le régime cubain, l'un des pires de la planète pour la liberté de presse, et pour la liberté tout court. Mélenchon vire mal. Les Caraïbes sont certes une zone pauvre, et Cuba offre les prestations que la plupart des régimes communistes offraient à leur peuple. Cela n'en fait pas une démocratie, loin de là, et le discours que tient le leader du Parti de Gauche en dit long sur la nature de son sentiment démocratique.

    J'aurais pu comprendre que l'on renvoie dos à dos les dictatures militaires d'Amérique latine des années 70 et le régime castriste, mais certainement pas ce qu'est devenue l'Amérique du Sud aujourd'hui, zone où la démocratie s'est tout de même largement installée.

    Quatremer a bien eu raison de lui renvoyer à la face qu'à Cuba, on rêve avant tout d'économie de marché, celle-là même que vilipende le Che du P.G.

    By Anonymous Anonyme, at 8:31 PM  

  • Chez moi, quand un régime n'est pas une démocratie, c'est une dictature. J'ignorais que Mélenchon était un chercheur en sciences politiques, pour inventer un concept entre les deux, dont il ne donne d'ailleurs aucune définition politique, si ce n'est des éléments conjoncturels (embargo américain qui est un beau prétexte, mais ne masque pas le fait que Cuba peut commercer avec l'Union européenne et beaucoup d'autres pays dans le monde pour contourner cet embargo, tentatives d'attentats, "sentiment d'indépendance", etc...)

    Quant a parler de souveraineté populaire a Cuba, c'est une énorme fumisterie. Que l'on commence a organiser des ==élections libres et démocratiques== a Cuba en permettant a chacun d'avoir la même liberté d'expression que Mélenchon et ses soutiens en France, et la, on pourra discuter si Cuba est une dictature ou un pays régi par la souveraineté populaire.

    By Anonymous Anonyme, at 10:32 PM  

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