L'Aisne avec DSK

14 mai 2011

Assistanat, cancer et caetera.

Bonsoir à toutes et à tous,


Le débat de cette semaine sur l'assistanat est particulièrement répugnant, pour plusieurs raisons :

L'assistanat, c'est quoi ? Le mot est répété en boucle, avec du dégoût plein la bouche ; on finit par le détester comme on salive, sans y réfléchir. Et pourtant, le mot d'assistance est beau et nécessaire à la vie en société : aider, secourir, protéger les plus pauvres. Autrefois, on appelait ça la charité, un très beau terme aussi, devenu également péjoratif.

C'est que les pauvres, on ne les supporte plus, dans une société devenue riche. Qui d'ailleurs ose prononcer le mot de "pauvre" ? Jadis, la pauvreté était généralisée, on n'y faisait pas attention. Aujourd'hui, les pauvres irritent ; on va jusqu'à les soupçonner de n'être pas vraiment pauvres mais fainéants, fraudeurs, profiteurs. La gauche doit tenir bon là dessus : de même qu'elle doit privilégier les classes populaires (voir billet du 12 mai), elle doit défendre les pauvres. Sinon ce n'est plus la gauche.

Et puis, au dessus des principes, il y a la vérité, que Roseline Bachelot a courageusement rappelé : un allocataire du RSA ne gagnera jamais autant ou plus qu'un smicard. Affirmer le contraire, c'est du pur mensonge ou du fantasme. Les minima sociaux ne garantissent pas une vie comparable à quelqu'un qui gagne le smic. Celui-ci vit modestement mais vit ; l'allocataire, lui, vit chichement, il survit. Disposer d'un salaire, même très bas, ouvre droit à des possibilités de crédit, d'emprunt, d'épargne, sans compter le bénéfice psychologique du travail, que ne connaîtra jamais celui qui doit se contenter d'allocations. Un boulot stable, une activité reconnue quoique mal payée, le rmiste ne demande pas mieux.

Quant à vouloir conditionner le RSA à un service à la collectivité, c'est une hérésie, une négation du droit : celui-ci est un bénéfice sous condition de situation, pas en échange d'un travail. Un droit social n'est corrélé à aucun devoir, il se justifie en soi, n'exige pas de contrepartie. Le devoir appartient à la morale, le droit à la loi : en République, on ne confond pas les deux. On a droit ou pas au RSA, point final. Mais aucune charge ne doit s'ensuivre.

Enfin, je suis horripilé par l'emploi du mot "cancer", autant que je le suis par celui d' "assistanat". Quand les deux sont associés, j'explose, et une partie de la droite a bien compris le scandale ! Ce rapprochement avec une maladie douloureuse et mortelle est du plus mauvais goût. De même l'utilisation désormais fréquente du terme "autiste" pour qualifier la classe politique. Les hommes publics, qui devraient avoir la maîtrise de leurs paroles, se rendent-ils compte du mal qu'ils font, à des milliers de personnes, en faisant de réalités douloureuses des métaphores polémiques ?


Bonne soirée.

1 Comments:

  • Je suis étonné qu'aucun commentateur n'ait relevé la proximité des propos de Wauquiez avec les phrases tristement célèbres de Pauwels : "C'est une jeunesse atteinte d'un SIDA mental. Ella a perdu ses immunités naturelles : tous les virus décomposants l'atteignent."

    C'est de la même farine, et tout aussi ignominieux.

    By Anonymous Axonnais, at 10:27 PM  

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